Résidence Méditalents à Alger: Scénario et synopsis entre écriture et apprentissage

Résidence Méditalents à Alger: Scénario et synopsis entre écriture et apprentissage

Dar Abdellatif a accueilli du 15 au 21 juillet derniers, 12 jeunes réalisateurs et cinéastes dans le cadre des ateliers d’écriture et ce, dans la section long et court métrage.

Il s’agit en fait de la sixième année ayant vu défiler en son sein de nombreux réalisateurs, dont certains ont fini par réaliser leurs films, notamment Karim Moussaoui qui s’est distingué par Les jours d’avant, un scénario né et peaufiné dans le cadre de ces ateliers. Aussi, l’association Meditalents qui n’a de cesse d’accompagner les porteurs de projets, a poursuivi cet été encore sa mission, après une première session ayant eu lieu en Egypte. La prochaine, nous dira le premier responsable de cette association, Dider Boujard, se tiendra en novembre à Marseille: «L’atelier de cette année a été très intéressant dans la mesure où on avait des gens qui préparaient des projets de long métrage et d’autres de court métrage. S’agissant du long métrage, nous avons deux participantes algériennes. Côté court métrage, les sujets des participants algériens traitaient des problématiques de la jeunesse algérienne. C’est vraiment intéressant qu’il y ait des échanges et un travail entre les uns et les autres. Que chacun profite des intervenants. Pour l’atelier long métrage, on avait déjà commencé au Caire. L’Egyptien n’a pas pu venir à cause d’un problème de visa. Les pays participants sont l’ Algérie, le Maroc, l’Egypte, la Jordanie, l’Italie et la France. L’Egyptien qui a déposé un mois à l’avance son dossier n’a pas eu de réponse, alors que les Egyptiens avaient accueilli les Algériens. Il n’a pu venir donc, faute de visa. On continue à suivre ces réalisateurs. On lit les nouvelles versions de leurs scénarii jusqu’à ce qu’ils trouvent un producteur. Après, c’est le producteur qui les prend en charge.» Notons qu’ ils sont trois formateurs ou consultants à accompagner les porteurs de projets dans la section long métrage. Il s’agit des professionnels du 7e art. On peut citer la réalisatrice et scénariste, Magali Negroni, ainsi que la productrice Marinella Banfi et enfin, le réalisateur et comédien Lyès Salem, qui a pris le train en marche. Pour le côté court métrage, c’est la scénariste et réalisatrice Meriem Hamidet qui s’y est collée. Pour la réalisatrice et scénariste Magali Negroni: «Il y a vraiment un échange entre l’auteur et le consultant. Selon ses besoins. C’est vraiment du sur-mesure. Je suis Franco-Italienne. Je vais rapporter des éléments scénaristiques qui parfois peuvent parler de ma culture, mais par ailleurs, si nous prenons un scénario égyptien, il y a plein de choses que je ne connais pas.Je vais écouter. Me renseigner. Qu’est-ce qu’on peut faire en Egypte, dans la situation actuelle et est-ce que le personnage peut dire ça et agir comme ça. On tâtonne, on avance doucement.» Pour Marinella Banfi, ayant à son actif déjà 18 productions au compteur:

«Il s’agit d’un atelier de premier film et j’adore les premiers films. Car on tend à construire une histoire réelle qui donne un désir de cinéma. Cela n’exclut pas qu’on travaille les personnages, la construction dramatique, pourtant une des choses absurdes, c’est qu’on travaille pendant des mois sur l’écrit pour finir par l’image, ce qui est complètement un autre langage. Et comme ce sont des jeunes gens qui n’ont pas cette connaissance, leur faire passer cette connaissance en leur expliquant ce que cela veut dire en termes d’image, où sont les pièges? C’est vraiment passionnant!». Pour les trois intervenants, établir une confiance avec l’auteur est primordial, tout en assurant un suivi systématique avec les auteurs après le passage de chaque consultant. Qu’en est-il encore une fois, si l’Autre n’est pas de la même culture que l’auteur? Y aura-t-il dénaturation du scénario ou pas? Lyès Salem est formel: «Il n’y a pas un regard maghrébin et un regard occidental ou oriental… Une écriture d’un scénario, ça reste une écriture d’un scénario. Une structure de scénario, ça reste une structure de scénario. Là-dessus, il n’y a ni oriental ni occidental ni même maghrébin. Il y a des règles de scénario d’écriture auxquelles on doit obéir…» et d’ajouter: «Il y a des règles scénaristiques qui n’ont rien à voir avec la culture.

Ensuite, nous sommes des consultants, on critique de façon constructive, on met le doigt sur les choses qui nous paraissent fragiles, on dit quand ça nous touche ou pas, après il y a la personne qui est le porteur de projet qui est la locomotive numéro un du scénario, c’est elle. Tout le reste, la chair du film, c’est à elle de l’apporter, ce n’est pas à nous. C’est au scénariste, futur réalisateur de défendre son scénario.

Si devant nous, il n’y arrive pas, devant un producteur, ou un acteur comment cela va-t-il se passer? A lui de savoir ce qu’il veut faire. Il est au marché avec nous, où on nous propose des choses, c’est à lui de prendre ou pas ce qu’on lui propose. L’éventuelle dénaturation qu’il va rencontrer sur son scénario, il va l’avoir sur toute la chaîne…». Notons que les différents scénarii que les consultants ont eu à revoir ou interroger sont à différents niveaux d’avancement, apprend-on. «Ce qui n’est pas grave chacun a son rythme. Le processus peut être long», fera remarquer Lyes Salem. Qui sait? Peut-être, verrons-nous dans quelques années un de ces futurs scénarii de long métrage sur grand écran? wait and see.

Car si Merzak Allouache, lui, écrit en quatre mois comme le soulignera à juste titre Lyes Salem, certains comme Kubrik mettent dix ans pour faire un film. Il n’y a pas de règle. Et Magali de souligner effectivement: «Seule l’implication personnelle et l’entêtement payent.»