Projection à l’IFA «ALGER, LA MECQUE DES RÉVOLUTIONNAIRES»: L’âge d’or de la diplomatie algérienne

Projection à l’IFA «ALGER, LA MECQUE DES RÉVOLUTIONNAIRES»: L’âge d’or de la diplomatie algérienne

«L’Algérie reste un acteur majeur sur la scène internationale, un partenaire d’exception avec lequel nous n’avons cessé de développer des relations stratégiques et de coopération…», dira Bernard Emié.

Après avoir été projeté le 31 janvier dernier à la Cité de l’immigration à Paris, «Alger, la Mecque des révolutionnaires» (1962-1974), un documentaire réalisé par Mohamed Ben Slama, a fait l’objet d’une avant-première à l’Institut français d’ Alger, lundi dernier en présence de son auteur et réalisateur, Stanislas Demidjuk, témoin de cette époque, l’ambassadeur de France à Alger Bernard Emié, mais aussi de nombreux diplomates et autres représentants, notamment du ministère de la Communication.

Devant une salle archicomble ayant laissé une partie du public dehors car n’ayant pas pu assister à cette projection, ce film a suscité un vif intérêt parmi l’assistance algéroise et pour cause, ce documentaire de 52mn avait pour rôle de «retracer l’âge d’or de la diplomatie algérienne dans les années 1960 et 1970». Prenant la parole en préambule, Bernard Emié, l’ambassadeur de France en Algérie dira que ce documentaire aborde une «page très passionnante de l’histoire de l’Algérie», faisant remarquer qu’«au lendemain de son indépendance, l’Algérie a occupé une place très particulière dans les années 1960 et 1970 sur la scène politique internationale. De 1965 à 1970 la plupart des révolutionnaires du monde entier et autres figures du Tiers-Monde et des pays non-alignés font le voyage à Alger.

Ils y séjournent, tiennent des conférences et des meetings, s’y réfugient aussi». Il citera ainsi la fameuse phrase du leader indépendantiste de Guinée-Bissao Amilcar Cabral que l’on entend aussi dans le film: «Les musulmans vont en pèlerinage à La Mecque, les chrétiens au Vatican et les mouvements de Libération nationale à Alger.»

En effet, dans ce documentaire comme le soulignera Bernard Emié: «Le soutien d’Alger est dès lors très large, politique, diplomatique, logistique, stratégique, financé.» Soulignant cette grande «période foisonnante» il citera le nom des grands acteurs de cette période dont Ben Bella, Boumediene, et son ministre des Affaires étrangères qui n’était autre que le président Bouteflika, mais aussi tant d’autres de ces figures historiques pour «lesquelles Alger était la fois une référence, une protection, parfois un refuge et un havre de paix pour leur famille et souvent une source d’inspiration, notamment dans le cas de la lutte pour les indépendances dans le continent africain parmi d’autres». Aussi allons-nous retrouver en effet, tout à tour, Nelson Mandela, Fidel Castro, Che Guevara, Amilcar Cabral, Eldridge Cleaver, Yasser Arafat et d’autres.

Avant de céder la place à la projection du film, l’ambassadeur de France saluera, «l’influence de l’Algérie sur la scène diplomatique internationale qui continue aujourd’hui» et de relever: «Cette Algérie qui se veut exportatrice de stabilité, (…) cette Algérie reste un acteur majeur sur la scène internationale et je le dis dans l’Institut français qui est un institut de rayonnement de notre diplomatie extérieure et qui, au terme du mandat du président français Hollande, l’Algérie est un partenaire d’exception avec lequel nous n’avons cessé de développer des relations stratégiques et de coopération, des relations de lutte conjointes contre le terrorisme, des relations d’amitié et de confiance»…

Très intéressant comme documentaire, ce film lève le voile effectivement sur une période charnière de l’Algérie qui, au lendemain de l’indépendance s’est montrée bien radicale envers l’impérialisme, prenant une position ferme afin d’aider tous les pays colonisés ou sous dictature.

De Ben Bella qui affirmera «sa solidarité pour une unité africaine» jusqu’à Boumediene qui, après le putsch, poursuivra ces luttes et cette politique, soutenu qu’il était par son ministre des Affaires étrangères qui siégera à l’ONU, à savoir Abdelaziz Bouteflika jusqu’ aux fameux «terroristes» dont Carlos que l’Algérie abritera au nom de la solidarité humaniste et tant d’autres pays et de figures politiques dans le monde. Avec de belles images d’archives, nous découvrirons pour la première fois Ahmed Ben Bella aux côtés du président John Fitzgerald Kennedy ou encore Yasser Arafat, sans oublier Nelson Mandela qui, à sa sortie de prison en 1990 remerciera chaleureusement l’Algérie pour son soutien indéfectible.

Le réalisateur ne pouvait faire l’impasse sur le mouvement des Black Panters et le fameux festival panafricain qui égayera les rues de la capitale avec des femmes africaines arborant leur détermination, torses nus ou montrant encore le siège de l’OLP à Alger-Centre. Entre des images en noir et blanc et d’autres en couleurs, le documentaire alternant entre liesse ou évolution sociale avec les images revendicatives des hommes politiques, c’est une capitale forte de ses convictions, malgré les difficultés socio-économiques que ce documentaire saura dévoiler, nonobstant une politique «très radicale» de l’Algérie de l’époque envers la Chine et l’Urss au sujet du Vietnam. Film fort et puissant, redorant de la plus belle des façons le blason de l’Algérie post-indépendance, ce documentaire nous rappelle de bons souvenirs de notre histoire en effet, dont il ne faudra pas oublier.

Mieux, encore, des images dont il faudra se remémorer et en être fier encore, images pour aller de l’avant et surtout continuer les combats et ne jamais baisser les bras…. Soutenu par des archives filmées et iconographiques retrouvées en Grande-Bretagne, aux Etats-Unis, en Allemagne, en Serbie, à Cuba et au Portugal, ce film est en effet un bon document à voir par les jeunes générations mais pas que..