Le film de la discorde

Le film de la discorde

large-فيلم-الوهراني-المسيء-لثورة-التحرير-يشارك-في-مهرجان-إسرائيلي-615cf.jpgLe long métrage « El wahrani » suscite une nouvelle fois la polémique en Algérie. Rebuté par ceux qui voyaient dans le scénario une atteinte aux moujahidine durant la guerre de libération, le film, une coproduction franco-algérienne, se retrouve sur la liste des participants au festival d’Ashdod, dans les territoires palestiniens occupés.

L’AARC, coproductrice du film, crie au scandale et se désolidarise tout en imputant le hold-up à Dharamsala, le détenteur majoritaire des droits sur le film. Si l’AARC s’est sentie poignardée dans le dos, le réalisateur, Lyès Salem, se dit quant à lui fier de voir son film faire l’affiche d’un festival taxé de sioniste par ses détracteurs.

L’Agence algérienne pour le rayonnement culturel a « condamné vigoureusement » la participation du film « El Wahrani » de Lyes Salem au festival cinématographique d’Ashdod dans les territoires palestiniens occupés.

« Nous exprimons notre mécontentement et nous condamnons vigoureusement la démarche entreprise et cette participation qui va à l’encontre de la position politique de l’Algérie » a affirmé l’agence dans un communiqué.

« Conscient que la société de production Dharamsala, qui est soumise au droit français, dispose de la part majoritaire dans le financement du film, nous déplorons l’attitude du producteur qui n’a pas respecté les usages professionnels et nous tenir informer et nous consulter et ceci afin d’éviter tous dérapages ou actions qui nuisent à l’image de cinéma algérien et à notre culture nationale. », lit-on dans le texte.

Pour l’AARC, « le producteur Dharamsala endosse et assume toute la responsabilité de cette participation », soulignant qu’une demande officielle lui a été transmise pour retirer le film du festival. La participation du film El Wahrani à ce festival n’a pas manqué non plus de provoquer un tôlé d’indignation sur la toile.

Le festival méditerranéen d’Ashdod consacré aussi bien à la musique qu’au cinéma organisé sur les territoires occupés est destiné à recueillir des fonds pour soutenir l’Etat israélien. Selon la page facebook d’une « campagne de boycott des soutiens de l’Etat d’Israël » ces fonds seraient exploités pour « mater » le peuple palestinien au vu de la qualité de l’entité économique israélienne qui sponsorise l’événement.

En ce qui concerne le réalisateur Lyes Salem qui a exprimé sa « satisfaction » de participer à ce festival, comme il a été rapporté par certaines sources médiatiques lui attribuant les propos via sa page facebook, il doit donner des explications à l’opinion publique nationale. Sa réaction a suscité une vive indignation sur les réseaux sociaux y compris de citoyens étrangers qui soutiennent la cause palestinienne.

Pour rappel plusieurs Algériens dont des sportifs de haut niveau avaient refusé auparavant de se rendre sur les territoires occupés pour y participer à des compétitions internationales. On se rappelle le cas de l’international Matmour alors joueur au Borussia M’Gladbach. Matmour avait alors sollicité son club pour ne pas se rendre dans ce pays lors d’un stage tenu par le club allemand sur les territoires occupés.

Ou encore le cas du jeune Saayoud alors sociétaire d’un club roumain qui avait refusé de jouer le match retour des éliminatoires de la coupe de l’UEFA qui devait se tenir entre son club et une formation israélienne.

Par ailleurs parmi les Algériens ayant choisi de briser « ce boycott » il serait utile de rappeler le cas de l’écrivain Boualem Salsal qui n’a pas manqué en 2012 après une virée israélienne de déclarer « Je suis allé à Jérusalem… et j’en suis revenu riche et heureux », dans une longue lettre publiée après son retour.

Enfin, et pour le rappeler, le film El Wahrani de Lyes Salem est une coproduction en 2012 entre Dharamsala (France) qui détient 76% des parts du film et l’Agence algérienne pour le rayonnement culturel (AARC) et Laith Media qui détiennent respectivement 22% et 2% des parts du film.