L’artiste Zahir Abdeladim est décédé cette semaine à Paris : Un ancien élément de la troupe Debza s’en va

L’artiste Zahir Abdeladim est décédé cette semaine à Paris : Un ancien élément de la troupe Debza s’en va

Il a été l’un des éléments les plus actifs de la légendaire troupe (musicale) Debza, dont les chansons engagées avaient accompagné notamment le mouvement berbère et le soulèvement populaire du 5 Octobre 1988. Issu du village Irouflen dans la commune de Tinebdar, perché sur les hauteurs de Sidi-Aïch (Béjaïa), Zahir Abdeladim s’est distingué particulièrement durant la période charnière allant de 1988 à 1990.

Il est alors étudiant en pharmacie à la faculté d’Alger, lorsqu’il a mis son grand talent de guitariste et de musicien compositeur au service de la troupe. À travers ses arrangements, l’artiste a marqué de son empreinte notamment l’album intitulé Chkoun fina messoul (qui de nous est responsable). Cet album étoffé de chansonnettes engagées, d’un style original, mêlant le chaâbi, le folklorique et le moderne, est toujours d’actualité. Après deux années pleines d’art, sinon d’activisme, Zahir a été rappelé par le devoir de poursuivre ses études à l’étranger, après l’obtention de sa licence en pharmacie. Il quitte ainsi le pays, exactement en 1992, pour s’installer définitivement en France où il obtient, quelques années plus tard, son doctorat avant d’intégrer la vie active.

Sa guitare lui avait même servi de moyen de financement, en partie, de ses premières années d’études. Si sa silhouette plutôt frêle n’avait jamais constitué, pour lui, un obstacle pour continuer à bercer, des années durant, rues et bistrots de la capitale des artistes, Paris, elle s’avérera tout de même vulnérable face à la maladie. Cette maladie dite “orpheline” qui le terrasse depuis quelques années, avant d’y succomber, en ce mois d’octobre, à l’âge de 51 ans. Hasard du calendrier, le départ de Zahir coïncide bizarrement avec le prix Nobel décerné, pour la première fois de l’histoire, à un monument de la chanson américaine, en l’occurrence le légendaire Bob Dylan. Créée par un groupe d’étudiants à la fois doués et engagés, la troupe Debza s’est lancée d’abord dans le théâtre accompagné de chant dit “théâtre katébien”, en référence au célèbre écrivain Kateb Yacine qui a accompagné la troupe quasiment le long de son parcours.

Djamel Zenati, Bounab Abdelatif dit Titif, Salim Bensbira ou encore Meziane Ourad, alors tous étudiants, figurent parmi les membres fondateurs de la troupe. Ce dernier, qui se convertira plus tard en journaliste (Meziane Ourad), a été “le trait d’union” entre la troupe et Kateb Yacine. Debza qui se convertit en troupe musicale, a été, progressivement, porté par plusieurs générations d’étudiants qui convergeaient vers un seul et unique idéal se résumant à “la libération du pays du joug du pouvoir dictatorial, le recouvrement des libertés et l’instauration d’un État de droit”. Tamazight et l’arabe algérien figurent parmi les revendications phare de cette troupe portant à ce jour l’âme de Kateb Yacine. Grâce à l’engagement de quelques-uns de ses éléments “rescapés”, à l’instar de son animateur de toujours, l’inévitable Hemiane Merzouk, le percussionniste Rachid Talbi, le guitariste Rachid Djelouli, Tétif Salim Bensbira dit Saïd Amazigh, pour ne citer que ceux-là, Debza subsiste encore, en dépit du terrain encore jonché de nombreux obstacles. La disparition de Zahir, même s’il avait quitté le groupe depuis près de trente ans, constitue tout de même un énième coup dur pour Debza.