Cinéma / Venise : Kamel EL Basha et Lyna Khoudri font rugir la Mostra

Cinéma / Venise : Kamel EL Basha et Lyna Khoudri font rugir la Mostra

Clap de fin pour la 74e édition de la Mostra de Venise, prometteuse avec son lot de cinéastes confirmés et de découvertes. Au final, mission accomplie !

Le jury présidé par la comédienne américaine Annette Bening a déjoué les pronostics de certains médias érigés en lobbyistes affichés, avec un palmarès équilibré qui ne sera pas contesté. « Nous nous sommes beaucoup écoutés, nous avons parlé. Je suis particulièrement reconnaissante d’être ici pour célébrer le meilleur du cinéma à travers le monde. Cette compétition confirme que le cinéma a une habilité magique pour donner de la lumière pour comprendre l’obscurité. Il permet de garder à l’esprit des images magnifiques», a-t-elle déclaré avant de dévoiler la liste des heureux gagnants.

Guillermo del Toro ou l’ode à la différence

Le Lion d’Or est revenu au Mexicain Guillermo del Toro pour « The Shape of water », une fable fantastique et une ode à la différence, à partir d’une relation entre une employée muette et une étrange créature amphibienne, née d’une expérience dans le laboratoire où elle travaille. «Si vous restez pur et fidèle à votre croyance, à ce que vous croyez vraiment, – dans mon cas aux monstres -, vous pouvez faire tout ce que vous voulez», a déclaré le réalisateur mexicain en recevant son prestigieux prix.

Le scénariste et réalisateur anglais Martin Mc Donagh, qui s’était fait remarquer il y a quelques années avec une comédie noire, « In Bruges », avec Colin Farrell, a conquis la critique internationale et les spectateurs (meilleure note de la presse et du public dans la revue Ciak) avec son nouveau film, « Three billboards outside Ebbing, Missouri ».

(Trois panneaux publicitaires à l’entrée d’Ebbing dans le Missouri). Une femme, Mildred Hayes, dont la fille a été violée et assassinée plusieurs mois plus tôt décide de louer les trois panneaux publicitaires pour y écrire en lettres géantes un message personnel : « Déjà sept mois que ma fille est morte, qu’est-ce que vous foutez, Shérif Willoughby ? » Martin Mc Donagh trace le portrait d’une petite ville de l’Amérique profonde avec un humour noir absolument ravageur. Il a obtenu à juste titre le Prix du meilleur scénario.

La belle victoire du comédien palestinien Kamel El Basha

On est heureux que « L’Insulte » du Libanais Ziad Doueiri soit récompensé avec la Coupe Volpi du meilleur acteur à Kamel El Basha.

Dans ce drame qui se déroule à Beyrouth, une insulte, suite à une maladresse involontaire et qui conduira un chrétien libanais (Adel Karam) et un réfugié palestinien (Kamel El Basha) à un affrontement qui tourne au conflit politique.

Une belle victoire pour ce comédien palestinien qui a déjà une grande carrière au théâtre dans les territoires palestiniens : «Chacun des acteurs libanais qui a joué dans le film mérite ce prix. Je suis fier de ce projet et je n’aurais pas été ici aujourd’hui sans le soutien du peuple palestinien pendant 30 ans et de Ziad Doueiri qui m’a proposé de jouer dans ce film remarquable ».

Ziad Doueiri a annoncé que « L’Insulte », représentera le Liban dans la course à l’Oscar 2018 du Meilleur film étranger.

Quant à la Coupe Volpi de la meilleure actrice, elle est finalement revenue à Charlotte Rampling pour son rôle dans « Hannah » du réalisateur italien Andrea Pallaoro. Un film émouvant qui raconte l’histoire d’une femme qui perd pied lorsque son mari est emprisonné.

Prix Spécial du Jury à Warwick Thornton pour « Sweet Country ». Le cinéaste australien avait obtenu la Caméra d’or à Cannes en 2009 avec le superbe « Samson & Delilah » sur deux adolescents aborigènes.

Inspiré de faits réels, « Sweet Country » est un drame qui se déroule, en 1929, dans l’aride territoire du Nord australien. Un vétéran de guerre s’incruste chez un propriétaire terrien, charitable et progressiste. En l’absence de celui-ci, l’indésirable fait sa loi, violente le bouvier aborigène et sa femme, qu’il traite comme des esclaves. Mais un drame survient qui pousse le couple aborigène à s’enfuir… Traité sur le mode du western, dans des paysages d’une beauté sauvage, il dénonce la perversion de la domination blanche sur le peuple aborigène.

Grand prix du jury pour la cause palestinienne

«Foxtrot» de Samuel Maoz, drame qui raconte le quotidien fait de brimades et d’injustices à l’encontre des Palestiniens, a obtenu le Grand prix du jury. Le cinéaste israélien avait déjà obtenu un Lion d’or à la Mostra en 2009 pour « Lebanon ». Cette distinction a fait sortir de ses gonds la tristement célèbre (pour ses propos haineux) ministre de la Culture de Tel-Aviv, qui l’a accusé de consolider son combat au sein du mouvement BDS, qui prône le boycott culturel et économique d’Israël.

Quant au jeune réalisateur français Xavier Legrand et pour son premier film, il a été doublement récompensé : Prix de la Première œuvre et Lion d’argent de la meilleure mise en scène pour « Jusqu’à la garde ». Un drame qui raconte le divorce de Myriam (Léa Drucker) et Antoine (Denis Ménochet).

La mère demande la garde exclusive de son jeune fils, accusant à mots couverts, le père de violences. Mais la juge opte pour une garde alternée. Quant à l’enfant, il va tout faire pour empêcher ses parents de se croiser. Avant d’assister à une montée de tension, le cinéaste brouille habilement les pistes et on s’interroge longtemps sur le fait de savoir qui ment, qui manipule qui.

Xavier Legrand est revenu sur scène, incapable de retenir son émotion. En larmes, il a remercié le jury de la Mostra qui l’a deux fois récompensé pour ce drame sur des femmes battues. S’expliquant sur le choix d’un sujet aussi délicat pour un premier long-métrage, il a précisé qu’il ne pouvait pas attendre face à l’urgence des violences faites aux femmes.