Assassinat de Matoub Lounès le 25 juin 1998: 19 ans après, toujours la quête de vérité

Assassinat de Matoub Lounès le 25 juin 1998:  19 ans après, toujours la quête de vérité

25 juin 1998 – 25 juin 2017. Dix-neuf années se sont écoulées depuis l’assassinat du chanteur kabyle et chantre de l’amazighité, Matoub Lounès, par un groupe d’individus armés à Thala Bounane, sur la route de Beni Douala, mais la vérité sur cette affaire, qui constitue une des plus grosses taches noires dans les annales de la justice algérienne, demeure toujours inconnue.

Avant-hier encore, et même hier, nombreux étaient ses fans qui, bien que cette date commémorative du 25 juin ait coïncidé cette année avec l’Aïd El-Fitr, ont choisi tout naturellement d’effectuer l’habituel pèlerinage sur la tombe du rebelle, au village Taourirt Moussa, que de rester chez eux pour célébrer en famille cette fête religieuse. Rien, ni la canicule qui a sévi durant la journée du dimanche ni même l’absence du programme de célébration, habituellement concocté par la fondation portant le nom du chanteur, n’a empêché ces nombreux inconditionnels d’effectuer ce déplacement. Nombreux également ceux n’ayant pas pu se rendre sur les lieux, ont écumé les réseaux sociaux pour être de l’hommage et témoigner leur fidélité au combat de Lounès.

Pour les uns et les autres, il s’agit là d’un “devoir de mémoire” envers celui dont le nom est à jamais inscrit en lettres d’or sur la liste des défenseurs des nobles causes, et qui constitue incontestablement l’un des plus importants repères du combat identitaire amazigh et un symbole de la lutte contre l’idéologie islamiste et son bras armé qui ne jure que par le retour au Moyen-Âge. À travers toute cette mobilisation réelle et virtuelle, il s’agit également pour eux, et c’est là le plus important à leurs yeux, de poursuivre surtout la quête de la vérité sur l’assassinat de ce valeureux martyr de la démocratie à qui justice n’est toujours pas rendue. Qui n’a d’ailleurs même pas eu droit à un procès.

Ce qui a été longtemps présenté par la justice comme étant l’affaire Matoub a fini par connaître une tournure tragi-comique en 2012 lorsque, par glissement sémantique, l’affaire Matoub s’est transformée en affaire Medjnoun et Chenoui. Pendant leur 12 longues années de détention, ces deux derniers ont été présentés comme étant les véritables assassins de Lounès avant d’être libérés en 2012 au terme d’un procès que la famille Matoub et ces milliers de fans n’ont pas hésité à qualifier de “parodie de procès”.

À l’époque, une seule interrogation revenait sur toutes les langues : si Medjnoun et Chenoui ont assassiné Matoub, pourquoi donc les libérer au bout de 12 ans seulement ; et s’ils ne sont pas les assassins, pourquoi donc les garder en prison durant 12 années ? Pour le commun des mortels, la vérité sur cet ignoble et lâche assassinat, qui a donné lieu à une vague de colère sans précédent, ne relève pas d’un quelconque génie.

“Hassan Hattab, le chef terroriste de l’époque en Kabylie, a revendiqué l’assassinat, et jusqu’à preuve du contraire, ce même chef terroriste n’est pas mort, donc, la vérité peut connaître son début avec son audition par la justice”, ne cesse-t-on pas de répéter partout. C’est fort probablement dans cet esprit que la veuve Nadia Matoub a déposé plainte en juin 2016 contre Hassan Hattab pour “assassinat et tentative d’assassinat” sur son mari, sur elle et sur ses deux sœurs.