«A mon âge, je me cache encore pour fumer» : huis clos dans une Algérie 100 % féminine ****

«A mon âge, je me cache encore pour fumer» : huis clos dans une Algérie 100 % féminine ****

Rayhana a adapté au cinéma sa pièce féministe. L’auteure et comédiene algérienne a dû tourner en Grèce, par crainte des représailles.

Il y a sept ans, sa pièce avait failli lui coûter la vie. A la sortie d’une représentation de «A mon âge, je me cache encore pour fumer», des extrémistes avaient aspergé Rayhana d’essence et lui avaient jeté une cigarette au visage, heureusement sans la blesser. Loin de renoncer, la Franco-Algérienne a continué à proposer son spectacle : un huis clos dans un hammam d’Alger, en 1995, où des femmes parlent de leur corps, de sexualité, de religion et d’intégrisme. Elle l’a adapté en un film profondément féministe, qui sort ce mercredi.

«C’est la productrice Michèle Ray-Gavras, qui a vu la pièce avec son mari, le réalisateur Costa-Gavras, qui m’a convaincue d’en faire un film», raconte Rayhana. Elle déniche en Grèce un hammam où poser sa caméra. «Tourner à Alger aurait mis en danger les comédiennes», regrette Rayhana. La réalisatrice a donc surtout recruté des actrices algériennes installées en France (dont Biyouna) et l’Israélo-Palestinienne Hiam Abbas.

Pas question de se taire

L’équipe technique est aussi 100 % féminine. «Je voulais que les comédiennes se lâchent complètement», justifie la réalisatrice, qui a tourné en arabe — alors que la pièce était jouée en français. Sur le fond, le propos n’a pas changé. «Il n’y a plus de bombes en Algérie, mais les droits des femmes y reculent toujours…» souligne Rayhana. L’artiste craint-elle pour sa sécurité ? «Bien sûr», répond-elle. Mais, à 52 ans, il n’était pas question pour elle de se «museler».