Cancer du poumon : de nouvelles thérapies prometteuses

Cancer du poumon : de nouvelles thérapies prometteuses

Le cancer du poumon fait partie des cancers les plus fréquents et les plus mortels dans le monde. En 2020, il a été à l’origine de 1,8 million de décès. Le principal facteur de risque du cancer des poumons, bien au-delà des facteurs environnementaux (pollution de l’air, tabagisme passif, et prédispositions génétiques), est le tabac ; et la hausse du tabagisme chez les jeunes augmente l’incidence de ce cancer.

La multiplication du nombre de tomographies pendant la pandémie du covid-19 a également contribué à l’explosion des cas diagnostiqués. Heureusement, de nouvelles méthodes de traitement voient le jour…

Avec les récents progrès technologiques et médicaux qui permettent une meilleure reconnaissance des cellules tumorales, le cancer du poumon n’est plus un type de cancer difficile à traiter. Cet article évoque les derniers développements en matière de traitement du cancer du poumon que mentionne le professeur NECDET ÜSKENT, oncologue au centre médical Anadolu et coordinateur des sciences oncologiques, et le professeur Hale Basak Caglar, radio-oncologue et chef du département de radio-oncologie.

Quid des cellules cancéreuses « dormantes » ?

En tirant parti des mécanismes évolutifs, les cellules cancéreuses peuvent échapper à la chimiothérapie qui cible les cellules proliférantes. Pour ce faire, elles ont la capacité de se diviser lentement, voire à entrer en « dormance tumorale » pour, plus tard, muter en développant des cellules résistantes aux médicaments et recommencent à se diviser. C’est ce mécanisme qui est derrière la réapparition de tumeur qui avait initialement une taille réduite avec une réponse positive à la chimiothérapie.

Pour survivre, les cellules cancéreuses dormantes consomment leurs propres composants ou leurs propres protéines, ce phénomène est appelé l’autophagie. Mais à l’aide de nouveaux médicaments qui bloquent ce mécanisme, il est désormais possible de détruire ces cellules dormantes.

Immunothérapie, les lymphocytes T (warrior cells) savent reconnaître l’ennemi !

L’immunothérapie, qui consiste à diriger le système immunitaire vers les cellules tumorales, est l’une des principales approches étudiées depuis de nombreuses années.

Pour contourner les défenses immunitaires, les cellules cancéreuses, ne différant pas des autres cellules, exploitent le mécanisme appelé « point de contrôle » qui empêche les lymphocytes T d’attaquer les cellules saines du corps. Cependant, avec les études scientifiques menées depuis 2011, il est maintenant possible pour les cellules T d’éviter le point de contrôle pour attaquer les cellules cancéreuses. Sept médicaments d’immunothérapie, appelés « inhibiteurs de point de contrôle », sont utilisés avec succès dans de nombreux types de cancer, en particulier celui du poumon.

Thérapie cellulaire adoptive (ACT, adoptive cell therapy)

Il s’agit d’une thérapie basée sur le placement de matériaux génétiques dans les lymphocytes T et leur restitution au patient après avoir été reproduits en laboratoire afin d’augmenter la reconnaissance des cellules cancéreuses par les cellules immunitaires.

Grâce à cette méthode, connue sous le nom de thérapie cellulaire CAR T-cell, des résultats probants ont été obtenus dans le traitement des lymphomes résistants et des leucémies ; des essais ont également été entamés pour le cancer du poumon. Ces cellules T, contenant des récepteurs antigéniques chimériques (CAR), sont capables de reconnaître et de détruire l’antigène spécifique de la tumeur.

La thérapie cellulaire TIL est un autre type de traitement. Les TIL sont des lymphocytes collectés autour des cellules cancéreuses. Ces cellules sont isolées puis activées, en laboratoire, pour reconnaître la tumeur ; elles peuvent ensuite être restituées au patient.

Vaccins contre le cancer à ARN messager

S’il existe un antigène reconnaissable spécifique à un type de cancer à la surface de la cellule cancéreuse, il est possible d’activer le système immunitaire contre cet antigène. Les vaccins développés contre les antigènes NeuGmc et EGFR trouvés à la surface des cellules dans les cancers du poumon représentent des traitements utilisés comme thérapie d’entretien pour des cas dont la charge tumorale a été réduite par la chimiothérapie.

Par ailleurs, des études de phase 1 et de phase 2 de divers vaccins peptidiques et vaccins à ARN messager sont en cours.

Des médicaments intelligents pour les mutations spécifiques aux tumeurs

Les modifications génétiques, qui sont la cible du traitement, sont observées dans le type de cancers du poumon, en particulier les « adénocarcinomes ». Ces modifications, variant de 1 % à 35 %, selon le type de mutations génétiques, peuvent être bloquées avec des médicaments sous forme de comprimés oraux.

Ainsi, la taille de la tumeur se réduit à mesure que la cible génétique qui active la tumeur est éliminée. Alors que le nombre de médicaments intelligents dirigés uniquement vers des cibles génétiques telles que l’EGFR, l’ALK et le ROS-1 augmente, de nouvelles cibles sont désormais déterminées. Chez les patients présentant des mutations spéciales, avec ces médicaments, la tumeur est contrôlée, même à des stades avancés, et leur espérance de vie est prolongée.

Comme expliqué lors du dernier Congrès mondial sur le cancer, les taux de survie au cancer du poumon augmentent avec les progrès des thérapies. Par exemple, le taux de survie au stade 3, qui était de 2 ans, est passé aujourd’hui à 5 ans minimum.

À la place de l’intervention chirurgicale, la radiothérapie ciblée

La radiothérapie représente un élément important du traitement multidisciplinaire du cancer. Pour le cas du cancer du poumon, la radiothérapie intervient à presque tous les stades de la maladie. On a recours depuis de nombreuses années à la radiochirurgie chez les malades atteints d’une tumeur de stade 1 qui ne peuvent être opérés pour des raisons médicales ou dans les cas où une intervention chirurgicale n’est pas souhaitée.

Il existe des études qui répondent à la question : « l’opération est-elle une option dans les tumeurs de stade 1 ou la radiochirurgie peut obtenir des résultats similaires ? ». Lorsque les résultats de ces études seront publiés, la chirurgie et la radiochirurgie seront proposées aux patients, avant la médication, comme des traitements équivalents.

Si la tumeur a été retirée avec succès, aucune radiothérapie supplémentaire n’est nécessaire pour les patients opérés. Dans le cas des tumeurs de (stade localement avancé), la radiothérapie, comme traitement local, est recommandée en association avec la chimiothérapie. La radiothérapie est également la principale option de traitement local des métastases.

Outre l’expérience de l’équipe spécialisée, les appareils employés jouent sans doute un grand rôle dans la réussite de la radiochirurgie. Les outils d’irradiation sensibles, tels que CyberKnife, sont utilisés avec succès dans la radiochirurgie aujourd’hui. L’emploi de dispositifs de contrôle respiratoire est également primordial, en particulier dans le cancer du poumon. En raison du mouvement des poumons lors de la respiration, l’irradiation des tumeurs devient difficile. Au moyen de la nouvelle génération des appareils de contrôle respiratoire, les positions des tissus tumoraux qui changent pendant la respiration sont calculées et l’irradiation peut être effectuée au bon endroit au bon moment.

Le Professeur Hale Basak Caglar déclare : « En radiothérapie, il est très essentiel de maintenir la qualité de vie. Pour cette raison, il est nécessaire de commencer le traitement, de l’administrer et de le terminer le plus rapidement possible, comme il est important de protéger au mieux le patient des effets secondaires. »

Pour plus d’information, veuillez contacter l’adresse email suivante : mea@anadolusaglik.org