Industrie automobile : L’Algérie projette de produire 500.000 véhicules en 2020.

Industrie automobile : L’Algérie projette de produire 500.000 véhicules en 2020.

Selon les professionnels du secteur,  pour entamer une industrie automobile, il est primordial de passer par plusieurs étapes importantes avant de mettre au point une production en bonne et due forme qui permette d’avoir une véritable industrie basée sur un tissu semi-industriel solide.

La phase SKD (Semi Knocked Down) est une étape importante dans la création d’une industrie automobile en Algérie.  « Une phase sur laquelle  les concessionnaires ne doivent pas compter très longtemps puisque le taux d’intégration à cette phase  est toujours en deçà des attentes locales recommandées », a affirmé l’expert industriel et ex-PDG de la Société nationale de véhicules industriels (SNVI), M. Mokhtar Chahboub.

En effet, comme l’estimera Mokhtar Chahboub, l’assemblage de tous types de véhicules en SKD coûtera un peu plus cher comparativement au montage avec le régime CBU  (Complete Built-up Unit). Autrement dit, « un produit importé totalement monté ».  Selon lui, toutes les études montrent que le SKD revient plus cher que l’importation, mais cette phase est importante dans la phase de démarrage. « En général, la phase SKD a une durée de vie limitée », a-t-il expliqué, tout en souhaitant que les investisseurs algériens ayant déjà lancé un projet ne tergiversent point et se lancent rapidement dans la phase CKD, à moindre coût que la SKD.

Pour l’invité de la webradio RadioM et de Canal Algérie, aujourd’hui l’Algérie est en train de mettre sur pied des bases solides de l’industrie automobile et le développement de la fabrication de la pièce de rechange, que certains acteurs du monde de l’automobile ont volontairement adoptés et cela est dû au facteur déclenchant qu’est « la volonté politique forte qui s’est manifestée au cours des dernières années de faire de la filière automobile une priorité ».

Cette volonté, s’est notamment traduite, explique-t-il, au même support médiatique, par la définition d’un cadre juridique dans lequel l’agrément donné aux concessionnaires automobiles installés en Algérie est conditionné par la mise en œuvre d’une activité industrielle.

Pour  l’expert,  « c’est  bien beau de commencer une industrie pour se lancer », néanmoins il précisera  que pour mettre en place une véritable et forte industrie, il est préférable de persuader les constructeurs à s’investir davantage, « à l’image de ce qui se fait actuellement au Maroc, où ceux-ci tendent à se faire accompagner par leurs équipementiers qui constitueront eux-mêmes en Algérie leurs réseaux de sous-traitants».

L’ex-patron de la SNVI indiquera que l’objectif d’atteindre une production annuelle de 500.000 véhicules d’ici la fin de la décennie « n’est pas impossible et est à la portée de notre industrie » et rappellera, à l’occasion, qu’ « un pays comme l’Iran produit actuellement 1,5 million de véhicules par an ».

Evoquant notamment les chiffres communiqués récemment par la direction de Renault Algérie Production qui mentionnent un « taux d’intégration de 30 % au bout de 2 années d’activité de l’usine de Oued Tlelat », l’expert industriel expliquera que « tout dépend de la définition qu’on retient pour le taux d’intégration. La nôtre retenait la notion d’intégration de la production à l’intérieur de l’usine. Les chiffres donnés par Renault ces dernières semaines se basent sur une définition économique plus large qui intègre les services, les assurances, etc. ».

Pour Mokhtar Chahboub, l’Algérie dispose d’industriels qui peuvent participer à ce processus d’intégration dans l’industrie automobile « pour peu que les partenaires étrangers les assistent et contribuent loyalement aux mises à niveau nécessaires ». Un travail préliminaire avait identifié dans ce domaine « une liste d’une soixantaine d’entreprises algériennes qui étaient susceptibles de participer au processus d’intégration dans l’usine de Oued Tlelat.

En attendant la concrétisation de ce programme, l’on a appris en ce début de semaine que  trois constructeurs japonais sont intéressés par l’implantation d’usines de fabrication de véhicules et camions en Algérie, et deux d’entre eux ont déjà entrepris les démarches pour la concrétisation de leurs projets. En effet, « les groupes Nissan et Suzuki  ont des projets d’usines de montage de véhicules en Algérie et n’attendent que le feu vert des autorités algériennes pour les concrétiser », a annoncé l’ambassadeur du Japon, M. Fujiwara.

Espérant la concrétisation de ces projets « très prochainement », l’ambassadeur a également révélé que le constructeur nippon Toyota est également intéressé par la réalisation d’une usine de montage en Algérie,  à travers sa filiale Hino Motors, spécialisée dans la construction des camions et des bus.

 Baisse des quotas aux  concessionnaires en 2017

Les quotas d’importations automobiles attribués par le ministère de l’Industrie et des Mines seront revus sensiblement à la baisse durant l’année 2017 et cela pour freiner davantage les importations du secteur automobile qui n’était pas, il n’y a longtemps, l’un des plus grands importateurs, puisque la facture d’importation des véhicules a dépassé en 2015  les 3,14 milliards de dollars (265.523 véhicules importés) contre 5,7 milliards de dollars (417.913 unités) en 2014.

Cette annonce en direction des concessionnaires automobiles agréés a été faite mercredi, par le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, lors de l’inauguration de la 25e Foire de la production algérienne (FPA) qui a ouvert ses portes à 420 exposants nationaux composés de 135 entreprises publiques et plus de 280 sociétés privées.

Accompagné de plusieurs membres de son gouvernement, Abdelmalek Sellal, qui avait déjà signifié aux acteurs de l’automobile en Algérie lors de l’une de ses sorties à la wilaya de Tiaret que s’ils ne proposaient point un projet industriel ou semi-industriel, ils n’ouvraient pas droit aux quotas d’importation, leur a fait savoir que les concessionnaires ne pourront pas espérer importer des milliers et des milliers de nouveaux véhicules. Selon une source très au fait du dossier automobile, les quotas d’importations automobiles seront attribués au courant du mois de mai prochain.

A contrario, les concessionnaires qui seront avantagés sont ceux qui apporteront de la valeur ajoutée à l’économie nationale à travers la réalisation de site industriel dédié à la production automobile, à la création de l’emploi et l’exportation, plus particulièrement vers les pays africains.

S’arrêtant au niveau du stand de Renault Algérie Production (RAP), M. Sellal a demandé aux responsables de la société « Renault Algérie » de doubler leur production et de diversifier les modèles produits au niveau de l’usine d’Oran, et ce, pour satisfaire la demande nationale, dans la mesure où l’on prévoit la réduction du quota d’importation des véhicules neufs au cours des prochaines années. Il insistera sur l’importance de produire de nouveaux modèles pour satisfaire la demande nationale mais aussi de proposer plus de choix à la clientèle algérienne.

Les responsables de « Renault Algérie » ont indiqué que la production atteindra, en 2017, 60.000 unités, précisant que des nouveaux modèles sont à l’étude, et un troisième modèle sortira de l’usine d’Oued Tlelat à Oran en 2017. Il est utile de souligner que ces derniers mois la demande sur les produits Renault « made in bladi » est de plus en plus grandissante, particulièrement avec la formule crédit à la consommation.  Renault Algérie produit actuellement deux modèles : la Renault Symbol et la Dacia Sandero.