Une association de Nanterre interpelle l’état français “La République doit reconnaître les crimes commis en Mai 1945”

Une association de Nanterre interpelle l’état français  “La République doit reconnaître les crimes commis en Mai 1945”

d-la-republique-doit-reconnaitre-les-crimes-commis-en-mai-1945-11195.jpg“Pour que cesse l’oubli.” C’est le titre d’une pétition, initiée dernièrement par l’association culturelle Les Oranges à Nanterre, en France, et mise en ligne sur le site de Pétitions citoyennes d’Avaaz, pour “la reconnaissance” des massacres du 8 Mai 1945, en Algérie. Ce jour-là, alors que le monde occidental célébrait la victoire des alliés sur le nazisme, un massacre à grande échelle a été perpétré par la France coloniale, à l’encontre des manifestants pacifiques non seulement à Sétif, mais aussi à Guelma, Biskra, Batna, Kherrata et Jijel.

Le bilan de cette page noire du colonialisme fait état de 45 000 morts, ainsi que de dizaines de milliers de personnes arrêtées, torturées et exécutées sommairement. Dans sa pétition, l’association Les Oranges rappelle que les manifestations pacifiques du 8 Mai 1945 avaient pour but d’“exiger la libération du dirigeant nationaliste Messali Hadj”, fondateur du Parti du peuple algérien (PPA), arrêté et interné au Sud avant d’être transféré au Gabon.

Ces rassemblements avaient aussi servi à “défendre ‘l’Algérie libre’ pour laquelle ils (les Algériens, ndlr) ont conçu un nouveau drapeau, symbole de leur lutte pour le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes et pour l’indépendance”. Autre précision apportée par l’association : l’armée française et de nombreuses milices coloniales, “composées de civils d’origine européenne”, vont s’acharner sur les Algériens et, pendant plusieurs semaines, “faire régner la terreur pour rétablir l’ordre colonial et défendre l’Algérie française”. En termes plus clairs, les forces coloniales n’étaient pas disposées du tout à reconnaître le sacrifice des Algériens, morts dans la lutte contre le fascisme, et encore moins à respecter les dispositions de la Charte de San Francisco qui, peu auparavant, avait proclamé publiquement le droit des peuples à leur autodétermination.

Faut-il s’étonner de l’attitude de la France coloniale, après connaissance (tardive) des révélations de l’ancien consul général britannique à Alger, John Eric Maclean Carvell, “l’implication des forces navales” et “les mouvements de l’aviation française” à l’époque, en vue de commettre les massacres à huis clos ? En tout cas, pour l’association Les Oranges, soucieuse de l’écriture de “l’histoire de l’immigration” oubliée par l’histoire officielle française, il est “inacceptable” que depuis 70 ans, “ces crimes de guerre et ces crimes contre l’humanité, commis par l’État et ceux qui le servaient, ne (soient) pas reconnus”.

Une telle situation “ajoute à ces massacres l’outrage aux victimes, à leurs descendants et à leurs proches”, souligne-t-elle. Tout en dénonçant “cette injustice, longtemps soutenue par l’occultation des faits et un silence complice des autorités françaises”, elle demande la création d’“un lieu du souvenir”, à la mémoire de toutes les victimes assassinées en mai 1945, de même que l’ouverture de “toutes les archives relatives à ces terribles événements”, et “la reconnaissance” par la République française “des crimes commis”, à l’époque.

Il faut savoir que Les Oranges est une association créée en janvier 2004. Pour ses fondateurs, l’histoire a “des conséquences lourdes, aujourd’hui, en termes de visibilité politique, pour les jeunes Français issus de l’immigration coloniale et dans la compréhension de leur mémoire spoliée”. Aussi, elle mène un travail de mémoire sous “des formes très diverses”.

H. A