Tandis que la pénurie du médicament perdure: Les pharmaciens dénoncent le diktat des importateurs

Tandis que la pénurie du médicament perdure: Les pharmaciens dénoncent le diktat des importateurs

medicaments-pharma.jpgLa pénurie des médicaments perdure. Sur une liste de 280 médicaments non disponibles, 150 sont indispensables. La situation a été souvent dénoncée par les malades mais également par les pharmaciens d’officines qui affirment à chaque fois ne disposer d’aucun élément de réponse. En face, le département de Djamel Ould Abbès, en niant l’existence d’une quelconque crise, semble incapable de remettre de l’ordre dans un marché, tant névralgique, puisque il y va de la survie de milliers de patients. Où se situe donc la faille ?

Selon, Messaoud Belambri, président du Syndicat national des pharmaciens d’officines (Snapo) la réponse est claire. « Il y a plusieurs raisons à cette déstabilisation du marché.

Certaines sociétés d’importation ne respectent pas leurs engagements par rapport aux cahiers de charges et aux programmes de distribution », a-t-il déploré hier sur les antennes de la Chaîne III de la Radio nationale. Et ce n’est pas tout. À ses dires, il existe également des problèmes au niveau de la production. «Des producteurs n’ont pas respecté leurs engagements aussi en matière de remplacement des produits importés.

S’ajoute à cela des difficultés dans la distribution », a-t-il souligné. L’autre raison évoqué par l’Invité de la rédaction de la Chaîne III réside aussi en l’existence de cas de dilution de stocks puisque, a-t-il noté, le réseau officinel «a explosé ces trois dernières années sachant que le nombre d’officines qui était jusque là de 3 000, avoisine les 9 000 de nos jours».

Suite à quoi, des distributeurs détiennent un monopole et une véritable exclusivité, mais qui ne peuvent pas assurer la distribution à travers le territoire national, citant dans ce cadre, des laboratoires étrangers ayant accordé l’exclusivité à une ou deux sociétés d’importation algériennes pour des médicaments indispensables. «Cependant, ces produits ne sont pas du tout importés. Et s’ils le sont, ils sont retenus ou distribués selon une pratique discriminatoire par rapport aux officines », a-t-il fait remarquer.

D’autre part, évaluant le marché du médicament à 1,6 milliard d’euros, selon, le président de Snapo, le gouvernement a fait machine arrière après avoir autorisé les producteurs à assurer directement la livraison des médicaments aux pharmacies, ce qui a, a-t-il enchaîné, renforcé le pouvoir de certains lobbies de l’importation qui dominent les marchés des médicaments qui exercent un véritable diktat au vu eu au su de tout le monde sans trop s’y inquiéter. Il n’est plus question, selon lui, d’accepter que la loi financière dirige ce marché.

Proposant la création d’un regroupement des pharmacies pour contribuer à la régulation du marché et au respect des règles déontologiques, Messaoud Belambri a rappelé la notion de la santé publique de l’activité, car à ses dires, « il faut prioriser l’accessibilité au médicament dans toutes les régions ».

Il est aussi question, selon l’invité de la Radio nationale, de garantir la part des petites pharmacies qui constituent 80 à 90 % des officines existantes. Enfin, Le président du Snapo a estimé qu’il y a urgence à prendre des mesures concrètes pour en finir avec la situation de pénurie.

« Il faut créer un comité ad hoc et associer toutes les parties concernées par le marché du médicament et la distribution pour trouver les solutions, que cela se fasse sous la tutelle du ministère de la Santé », a-t-il dit. Il a rappelé que son syndicat a déjà fait des propositions et interpellé les autorités par écrit et par voie de presse.

À ses yeux, la production pharmaceutique nationale peut être la solution de demain. « Maintenant, il faut prendre des mesures urgentes. Nous sommes les premiers à faire face à la détresse des malades », a-t-il ajouté. Et ‘attirer l’attention du département de la santé quant à la révision des marges bénéficiaires des officines, ainsi que la production du générique, qui seront au centre des débats avec le ministère de la Santé prochainement.

Farid Houali