Plus de 100 familles au Val d’Hydra (El-Biar) refusent leur relogement, De la villa au F3 !

Plus de 100 familles au Val d’Hydra (El-Biar) refusent leur relogement, De la villa au F3 !

n-RELOGEMENT-large570.jpgSi des milliers de familles attendent, à Alger, leur relogement depuis des années, d’autres refusent, catégoriquement, de quitter leur bidonville au Val d’Hydra (El-Biar), quitte à mourir, selon leurs dires.

Quelques jours après son lancement, l’opération de délocalisation de près de 400 familles, habitant les bidonvilles de Val d’Hydra à El- Biar, se poursuit dans un climat de tentions, et le risque de débordement qui peut survenir à tout moment. Hier matin, la forte présence des services de sécurité, et des éléments de la Protection civile pour encadrer cette opération, très contestée, renseigne sur la sensibilité de la situation qui peut dégénérer à toute heure.

Des slogans sont brandis juste à l’entrée de ce quartier, situé en face du ministère de l’Énergie, et sur lesquels on peut lire : «Nous refusons catégoriquement de quitter nos maisons »; «les commerçants exigent la présence du Premier ministre et le wali», ainsi que d’autres expressions rejetant cette opération imposée, notamment, aux commerçants. Tandis que des familles, en nombre dépassant une centaine, heureuses de quitter l’habitat précaire et découvrir la vie des bâtiments, plient leurs bagages, d’autres, estimées à plus de 20, tiennent à rester dans le bidonville.

Les larmes aux yeux, et incertains de leur sort, après la démolition du quartier, des dizaines de pères de famille, qui déclarent se retrouver sans abris, dénoncent des irrégularités, et le manque de transparence dans cette opération. Ils se retrouvent contraints de quitter leurs demeures, alors qu’ils n’ont pas bénéficié de logement.

À chacun son histoire : certains, dont la famille dépasse 10 personnes, refusent de s’entasser dans des F3. D’autres, mariés et pères de famille, préfèrent rester dans le bidonville que de joindre leurs parents dans des appartements exigus. «Nous sommes déterminés à occuper nos maisons, quitte à mourir, et tant que les autorités ne s’engagent à nous reloger dans de meilleures conditions, à savoir un appartement pour chaque père de famille», déclare un homme, d’un certain âge, rencontré, hier, sur le site. Comme lui, d’autres exigent la présence du wali pour constater, de visu, leur situation, et engager de nouvelles procédures pour le relogement.

Il faut dire que, depuis le début de cette opération, les habitants de ce quartier, sans électricité, vivent isolés du monde et souffrent le martyre, avec risque d’être encore privés de l’eau, dans les jours à venir. Ils ne comprennent pas pourquoi a-t-on procédé à couper l’électricité à toutes les familles, alors que le relogement ne se fait pas en une seule journée. Toutfois, malgré le climat de tension qui règne dans ce quartier, et le risque de débordement, les habitants soulignent l’apport des agents de la police qui veillent, dans la quiétude, à leur sécurité et le bon déroulement de l’opération.

87 COMMERÇANTS EXIGENT LA PRÉSENCE DU PREMIER MINISTRE

Pas moins que 87 familles exploitant, selon eux, des locaux commerciaux, depuis plus de 40 ans, et n’ayant pas formulé de demande de relogement, sont appelés, aujourd’hui, à quitter leurs commerces et habitations pour joindre des appartements F3. Généralement aisées, elles ont construit, sans actes de propriété, des villas au bord de la route sur des terrains appartenant au ministère des Waqfs. Aujourd’hui, ils refusent de quitter «leurs» biens pour s’installer dans des appartements moins confortables.

«Ils veulent nous évacuer pour l’extension de la route, alors que nous exerçons, depuis 40 ans, nos activités avec des registres du commerce et des autorisations délivrées par le ministère des Affaires religieuses et des Waqfs», déclare un commerçant rencontré sur le lieu. Une autre femme, les larmes aux yeux, nous prie de visiter sa résidence construite sur un local commercial. «Regardez, on reloge ceux qui ne sont pas dans le besoin. Je n’ai formulé aucune demande de relogement, mais après cette histoire d’élargissement de la route, on nous oblige de quitte nos biens», lâche-t-elle.

Le cas de cette femme n’est pas, en fait, le seul à évoquer dans ce quartier, mais pas moins de 87 familles, dont le commerce est leur source de vie, refusent de quitter leurs habitations construites pourtant illicitement, sur des terrains appartenant aux Wakfs. Ces commerçants ne croient pas en effet aux promesses des autorités de wilaya de leur octroyer des locaux commerciaux au niveau du nouveau site de Kheraïcia. Ils veulent des solutions concrètes et des dédommagements de la même valeur que celle de leurs commerces.

UN BLESSÉ ET DES INTERROGATIONS

L’opération de déménagement de plus de 100 familles dans le bidonville de Val d’Hydra se poursuit dans un climat tendu, et le risque de déclenchement des émeutes que les habitants refusent à ce moment. Certains pères de famille ont quitté le quartier à contre coeur. D’autres refusent, catégoriquement, d’être relogés dans des endroits moins confortables.

C’est pourquoi la chute d’un homme, grièvement blessé au niveau de la tête, du toit d’un taudis, a ouvert la voix à plusieurs commentaires parmi les habitants. Certains parlent d’un accident, tandis que d’autres évoquent une tentative de suicide, en sachant qu’il conteste, lui aussi, les conditions de relogement. Il a été aussitôt transféré à l’hôpital par les éléments de la Protection civile. La police qui n’était pas loin du lieu de l’accident, s’est rendue sur le lieu pour enquêter sur les vraies circonstances de l’incident.

Salim Nasri