Lutte contre la corruption dans les milieux de la magistrature, La guerre de Louh continue

Lutte contre la corruption dans les milieux de la magistrature, La guerre de Louh continue

corruption__cameroun.jpgLe ministre de la Justice, garde des Sceaux

Sans faire dans la chasse aux sorcières, Tayeb Louh semble mener sa mission de nettoyage de la magistrature avec détermination et méthode.

Plusieurs magistrats comparaîtront devant le conseil de discipline du Conseil supérieur de la magistrature qui devra siéger au courant du mois de juin prochain. Près de 13 dossiers seront soumis à cette instance, dont nombre d’entre eux ont un rapport direct avec la corruption.

Les magistrats en question ont commis des actes répréhensibles, à l’image de deux d’entre eux soupçonnés d’avoir injustement libéré un homme d’affaires poursuivi pour fraude fiscale.

Les autres fonctionnaires déférés devant la commission de discipline sont concernés par des fautes en rapport avec leur statut, le cas d’un magistrat qui a «omis» d’ajouter les biens de son épouse et de ses enfants dans sa déclaration de patrimoine en témoigne. Bien que les 13 magistrats ont parfaitement le droit de se défendre devant leurs pairs, membres de la commission de discipline, la seule décision de les y présenter relève d’une volonté claire de combattre le fléau de la corruption dans le milieux de la justice.

En effet, il y a lieu de constater que la «guerre» que mène le ministre de la Justice contre la corruption dans le corps des magistrats est véritablement suivie d’effet, au sens où aucune circonstance atténuante n’est accordée aux juges corrompus.

Tout en évitant de faire dans la chasse aux sorcières, Tayeb Louh semble mener sa mission de nettoyage de la magistrature avec détermination et méthode, sans prendre le moindre risque d’entacher la justice ou de créer un effet de panique au sein de la famille de la magistrature. Il faut reconnaître, en effet, que le travail qui est accompli par le ministère sur ce dossier précisément ne trouve aucune résistance d’aucun centre de décision ou cercle politique. C’est dire que le ministre de la Justice a réussi à intégrer la lutte contre la corruption dans son département en tant qu’action naturelle qui relève des prérogatives de la tutelle, loin de toute lecture clanique ou politicienne.

Quoi qu’on dise sur le niveau de développement de la justice en Algérie et de sa crédibilité auprès des citoyens, l’effort de promouvoir l’honnêteté et le professionnalisme est reconnu de tous, au sens où l’on ne voit pas de «vagues» au sein d’un des corps composant la famille de la justice algérienne.

L’ensemble des fonctionnaires semble avoir bien saisi qu’il n’y a aucun intérêt, ni pour la profession, ni pour le pays, de prendre fait et cause pour les juges suspectés de corruption. De fait, quelle que soit l’influence d’un magistrat, pris la main dans le sac, ce dernier se retrouve généralement tout seul face à la commission de discipline, sans autre recours que de se défendre, s’il se sent injustement accusé.

Le seul fait d’avoir évité la chasse aux sorcières et de n’avoir pas inscrit la lutte contre la corruption dans le cadre de campagnes ponctuelles, mais inscrites dans la durée et totalement intégrées dans le fonctionnement du ministère, constitue en soi une grande victoire pour Tayeb Louh.