Lutte antiterroriste, La stratégie a-t-elle changé ?

Lutte antiterroriste, La stratégie a-t-elle changé ?

terroristes_775687158.jpgLa lutte antiterroriste connaît un regain d’intensité depuis l’enlèvement et l’exécution sauvage du ressortissant français Hervé Gourdel par un groupe terroriste ayant prêté allégeance à l’organisation de l’Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL).

Accompagnées d’une médiatisation adéquate, les opérations militaires menées ces derniers jours et celles toujours en cours témoignent d’un front intérieur encore loin d’être totalement sécurisé. En Kabylie, dans le massif imposant et escarpé du Djurdjura, lieu du rapt du randonneur français, l’armée s’est déployée en masse.

On évoque une mobilisation de 1 500 soldats pour mener la traque à la cellule locale de l’EIIL, dirigée par le sinistre Abdelmalek Gouri. La progression des hommes en vert engagés dans cette traque s’est soldée, pour l’instant, par la découverte d’un campement terroriste. Un campement qui aurait été évacué à la hâte par Abdelmalek Gouri et ses acolytes, en témoignent les objets retrouvés sur place.

En même temps que cette grande offensive militaire dans le massif du Djurdjura, d’autres opérations sont menées par l’ANP un peu partout dans ce périmètre géographique qui regroupe les trois wilayas du Centre, Tizi- Ouzou, Bouira et Boumerdès. La plus spectaculaire de ces opérations est celle qui a permis l’élimination de 8 terroristes au total à Lakhdaria, dans la wilaya de Bouira.

L’opération est toujours en cours. Autant que le ratissage qui a lieu dans le massif du Djurdjura, l’opération antiterroriste de Lakhdaria est largement médiatisée. Une médiatisation qui fait ressentir une réorientation de l’effort militaire antiterroriste vers le front intérieur que le discours autour de la réconciliation nationale présentait comme grandement sécurisé, voire totalement apaisé.

La promotion de la réconciliation nationale et le leitmotiv de «la paix revenue» ne pouvaient s’accommoder du feu des canonnières sans souffrir la contradiction. Dès lors que le discours officiel devait vanter la réussite de l’option réconciliatrice, imaginée dès 1999 comme substitut au tout sécuritaire, l’engagement militaire sur le terrain devait apparaître considérablement réduit. Cet état de fait a presque réussi à créer l’illusion de maquis grandement dégarni. En même temps que cette illusion, la dégradation de la situation aux frontières, suite aux guerres que connurent le Mali et la Libye et le basculement de la Tunisie dans l’insécurité, fournit suffisamment de contenus pour alimenter la rubrique sécurité.

L’urgence apparaissait, en effet, dans la sécurisation diligente des frontières. Et pour ces digues sécuritaires sur les larges bandeaux des frontières, il était nécessaire de mobiliser un surcroît de soldats, d’autant que ce qui y est appréhendé est plus important que celui que présentaient les poches terroristes restant encore dans les maquis intérieurs. Or, la réconciliation nationale, plutôt que de prémunir contre la résurgence de la menace terroriste, n’a fait que baisser la vigilance générale, laquelle s’est accompagnée du rétrécissement du renseignement. Conséquences : des maquis terroristes se sont régénérés à l’ombre de la réconciliation nationale et des diverses amnisties qu’elle a générées.

L’on découvre avec Jund Al Khalifah la cellule locale de l’EIIL, que des terroristes amnistiés dans le cadre de la réconciliation nationale ont repris le maquis en compagnie de nouvelles recrues. Le chef de Jund Al Khalifah, Abdelmalek Gouri, a fait partie des terroristes qui ont repris le maquis après avoir bénéficié de la clémence. Natif de Si-Mustapha, il a repris les armes immédiatement après sa sortie de prison en 2000, après avoir purgé une peine de 3 ans pour activités terroristes.

S. A. I.

BOUIRA-TIARET: Deux opérations antiterroristes liées

Un véritable coup de maître vient d’être réussi par les services de sécurité à Bouira. Les services de sécurité, qui ont mené l’opération de bout en bout, ont réussi, sur la base d’informations recueillies auprès d’un terroriste capturé vers la fin de la semaine dernière à Tiaret – ce qui explique la synchronisation des deux opérations —, à venir à bout d’un groupe terroriste évalué à huit éléments qui activait dans la région de Lakhdaria, à 50 kilomètres au nord-ouest de Bouira, et dans lequel figurent l’émir de la phalange Al Farouk, un certain Alouane Noureddine, et un chef de groupe, identifié comme étant un certain Ferhat Abdenour.

Cette opération, qui a permis l’élimination de ce groupe, s’est déroulée en deux temps, avec la mise hors d’état de nuire, dans un premier temps, de trois terroristes et la récupération de leurs armes, deux kalachnikovs et un Seminov, au lieudit Douar-Amir, situé aux frontières entre les communes de Lakhdaria, Maâla et Zbarbar.

Le lendemain, après que les mêmes éléments des services de sécurité eurent traqué le restant du groupe évalué à quatre éléments, auquel s’est vraisemblablement joint un cinquième qui était jusque-là un soutien au groupe et non listé comme terroriste, a eu lieu une autre opération aux environs de 16 heures, sur les monts d’El-Mokrani, aux frontières entre les communes de Zbarbar et El-Mokrani, à 60 kilomètres au nord-ouest de Bouira. Parmi les cinq terroristes abattus et sur lesquels étaient récupérés deux kalachnikovs, un pistolet automatique, deux éléments faisaient partie du réseau de soutien.

En outre, dans ce groupe figurait un certain Ferhat Abdenour, considéré comme étant le chef de ce groupe appartenant à la phalange Al Farouk et qui activait dans ce vaste périmètre dans la région de Zbarbar et s’étendant sur les communes de Lakhdaria, Maâla, Guerrouma et Zbarbar, jusqu’à El-Mokrani, relevant de la daïra de Souk-Lekhmis, au sud de Lakhdaria et au nord d’Aïn Bessem.

H. M.