Les algériens et le ramadhan, “Attention, je jeûne!”

Les algériens et le ramadhan, “Attention, je jeûne!”

70bbde6b14f91bb1d9d7cedc00c932f7_L.jpgLe mois de Ramadhan est un mois spécial pour les Algériens

Dans les marchés, les bus, sur la voie publique, au sein de la cellule familiale, il n’existe pas d’espace où le «défaut» des Algériens ne s’exprime pas.

On attribue volontiers à des Algériens quelques défauts «collectifs» qui les feraient distinguer par les autres peuples de la planète. Le sang chaud, l’énervement en font partie. Et quand vient le mois sacré du Ramadhan, ce sont les Algériens eux-même qui se rendent compte de «l’étendue des dégâts».

Dans les marchés, les bus, sur la voie publique, au sein de la cellule familiale, bref, il n’existe pas d’espace où le «défaut» des Algériens ne s’exprime pas. Le Ramadhan est-il donc le révélateur de l’âme algérienne ou en fait-on un peu trop? les sociologues ont leur propre lecture du phénomène de l’énervement des jeûneurs pendant le mois sacré. Ce ne peut être un trait de caractère particulier à la société, mais l’environnement social, politique, les pressions administratives et autres circonstances de la vie quotidienne conditionnement le comportement social des individus.

Soumis aux mêmes conditions, les Algériens développeraient donc les mêmes réactions? Suffirait-il de quelques décisions «courageuses» des hautes autorités pour lutter contre la bureaucratie ou encore améliorer les transports en commun pour que l’Algérien change de comportement? La réponse pourrait être positive à voir l’attitude de nos compatriotes dans des pays socialement mieux organisés. «Lorsqu’un individu connaît sa place et sa mission dans la société, il se conforme aux règles», estiment de nombreux citoyens qui n’en finissent pas de pester contre les marchés et les stationnements anarchiques.

Seulement voilà, il arrive assez souvent que des étrangers trouvent les Algériens un tantinet nerveux sur les bords avec quelque cran en plus sur l’échelle de l’énervement durant le mois sacré.

Bien que la sociobiologie ne soit pas une science exacte, l’on ne peut démentir les spécialistes du domaine, pour la simple raison qu’en 53 ans d’indépendance, le pays fonctionne presque au même rythme spécifiquement durant le mois de Ramadhan.

L’Algérien pourrait donc être un individu comme un autre soumis à des pressions qu’on ne trouverait pas ailleurs. Mais alors, pourquoi spécialement durant le mois sacré que ce «défaut» prend une telle ampleur. L’explication est peut être scientifique.

Les propos d’un neurologue sont édifiants à ce sujet. Ce n’est pas tant la faim qui ronge les méninges des Algériens, mais le sevrage de certains produits d’accoutumance qu’impose le jeûne

En effet, selon les neurologues qui pratiquent une science exacte, l’addiction à la nicotine et à la caféine est le principal fautif et explique, dans une large mesure, certaines attitudes durant le mois sacré. C’est donc une histoire de chimie et de biologie.

Sauf que cela ne justifie pas, aux yeux de la religion, qu’un individu puisse perdre son sang-froid pour un oui ou pour un non. Les imams qui pourraient accepter les explications des sociologues et des neurologues, estiment que l’âme humaine doit être capable de se surpasser et c’est justement à cet effet que le Ramadhan a été imposé aux musulmans du monde. C’est d’abord, un exercice spirituel qui doit transcender les aspects sociaux et physiologiques.

En attendant que les imams puissent convaincre leur monde, ce sont les patrons d’entreprises qui sont confrontés à la dure réalité du Ramadhan.

Un patron qui voit sa productivité chuter à vue d’oeil avec à la clé de l’électricité dans l’air durant toute la journée, n’est pas un chef d’entreprise heureux. Il ne cherche pas à s’expliquer le phénomène, il le subit tout simplement. Enfin, l’humeur des Algériens pendant le Ramadhan est un véritable sujet d’étude.

C’est pour cela que nous lui consacrons tout un dossier avec à la clé, les points de vue d’un imam, d’un sociologue, d’un neurologue et d’un chef d’entreprise. Et pour faire complet, notre reporter est allé voir ce qu’en pensent les citoyens eux-mêmes.