Le pr chems-eddine chitour, invité de la radio nationale, “Mettre fin au gaspillage sauvera le pays”

Le pr chems-eddine chitour, invité de la radio nationale, “Mettre fin au gaspillage sauvera le pays”

Carburant-Naftal.jpg«Le temps est arrivé de payer les choses à leur prix réel»

Le Pr Chitour qui préconise la mise en place d’un nouveau modèle énergétique rappelle que le premier gisement du pays est l’économie d’énergie. «On gagne 20% d’énergie rien qu’avec des petits actes écocitoyens et c’est 10 milliards de dollars annuels.»

Sauvez l’Algérie serait très simple, selon le Pr Chems-Eddine Chitour! En effet, invité de la rédaction de la Chaîne III de la Radio algérienne, le directeur du laboratoire de valorisation des hydrocarbures à l’Ecole polytechnique d’Alger estime que mettre fin aux gaspillages qui sévissent dans le pays aidera l’Algérie à faire face à la crise. «Il faut mener une lutte sans merci contre l’énorme gaspillage observé dans différents secteurs, et particulièrement en ce qui concerne l’énergie et l’eau», a fait savoir d’un ton des plus optimistes, le professeur émérite. «Il faut aller vers le développement durable en commençant par la mise en place d’un modèle énergétique», préconise-t-il. «Celui-ci doit se baser sur le premier gisement de l’Algérie qui est l’économie énergétique. On gagne 20% d’énergie rien qu’avec des petits actes écocitoyens. C’est 10 milliards de dollars annuels», rétorque-t-il. Mettant en avant quelques chiffres, il signale par exemple, que la non-fermeture d’un robinet occasionne la perte de 40.000 litres d’eau/jour. «Nous consommons 1,5 million de tonnes de plastique chaque année qui demandent à être recyclées», ajoute-t-il en rappelant que nos décharges étaient un vrai trésor. Le Pr Chitour recommande également la révision de la politique intensive de subventions. «Il faut aller vers une politique de subventions ciblées. Ce n’est pas normal que ces subventions profitent aux riches de la même façon que pour les pauvres», s’étonne-t-il. «Pis encore, en ce qui concerne le carburant que les citoyens achètent huit fois moins cher que son prix réel, il est passé illégalement vers les pays voisins», poursuit-il avec colère. «L’énergie a un coût, l’eau a un coût, et il en est de même de tout ce que nous importons. Le temps est arrivé de payer les choses à leur prix réel», insiste-t-il. Le Pr Chitour rappelle également le «drame» des embouteillages qui «pompent» le budget de l’Etat au même titre que celui des citoyens.

«Alger compte 2 millions de véhicules dont 1/4 est en circulation permanente, une heure d’embouteillage entraîne une perte en carburant d’une valeur de 500.000 dollars, rien que dans la capitale», souligne-t-il.

«Ceci faute de n’avoir pas développé les transports en commun. Le métro et le tram que nous avons lancés sont intra-muros, alors que les embouteillages sont provoqués par les gens qui viennent hors de la capitale», estime-t-il en appelant également à une révision de notre politique des transports. Le gaspillage, M.Chitour en fait également mention en ce qui concerne les ressources humaines: «Nous avons un gisement de connaissances et de savoir qui peut encore donner et qui a été admis à la retraite, ou bien marginalisé.»

Pointant du doigt ce phénomène, il considère qu’il est urgent d’y mettre un terme sinon, prévient-il, «dans trois années nous serons à sec».

Entre autres propositions dans le combat à mener pour réussir la sortie de crise, il appelle à un élan impliquant l’ensemble des Algériens, «qui doivent tous se sentir concernés», la jeunesse en particulier, à laquelle, dit-il, il faut expliquer les enjeux «du vivre ensemble».

Le Pr Chitour met par ailleurs en garde contre les menaces que fait peser une conjoncture internationale «très perturbante», dont ont eu à pâtir des pays tels que le Soudan démembré de près de la moitié de son territoire, ou de la Libye et du Yémen présentement confrontés au chaos. Néanmoins, le Pr Chitour considère que la nation algérienne possède les atouts propres à la faire sortir de la crise. «Il faut rassembler les Algériens autour d’une «utopie», qui définira qu’est-ce qu’être Algérien au XXIe siècle?», a-t-il conclu plein d’espoir…