Le HRW dénonce et réclame la cessation des expulsions ”sommaires et massives” de Subsahariens.

Le HRW dénonce et réclame la cessation des expulsions ”sommaires et massives” de Subsahariens.

Dans un long communiqué daté de Beyrouth, HRW épingle en fait les autorités algériennes, accusées d »’expulsions massives et sommaires de subsahariens. »  »Une expulsion massive et sommaire des migrants, y compris des hommes et des femmes qui ont pu fuir la persécution ou qui ont travaillé pendant des années en Algérie, violerait leurs droits », estime Sarah Leah Whitson, directrice de Human Rights Watch pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord.

Sarah Whitson souligne également que  »le droit d’un pays de contrôler ses frontières ne peut être un argument pour le non-droit », estimant que les subsahariens  »transportés par la force à Tamanrasset, dans le sud de l’Algérie, sont des réfugiés et des demandeurs d’asile enregistrés, ainsi que des migrants qui ont vécu et travaillé pendant des années en Algérie ». HRW, qui parle de 1400 arrestations de migrants subsahariens et leur reconduite aux frontières, a appelé les autorités algériennes à cesser les  »expulsions sommaires » de subsahariens.  »Les autorités algériennes ont, depuis le 1er décembre 2016, arrêté plus de 1.400 subsahariens et expulsé beaucoup de personnes au Niger », explique dans son communiqué HRW. Elle a précisé que  »les forces de sécurité ont arrêté les migrants dans et autour d’Alger, la capitale, et les ont transportés à 1.900 kilomètres au sud, jusqu’à un camp à Tamanrasset, d’où certains ont été transportés au Niger. »

Silence du gouvernement

 »Le gouvernement algérien n’a rien dit officiellement sur l’opération » et  »l’ambassade (d’Algérie, NDLR) à Washington, n’a donné aucune explication » aux médias. HRW poursuit par ailleurs dans son communiqué que  »des convois de migrants expulsés ont été vus dans la ville d’Arlit, dans le nord du Niger, et plus tard dans la ville d’Agadez, plus au sud », sans pouvoirs confirmer ces témoignages. HRW, qui a indiqué que  » »l’Algérie, en tant que partie à la Convention de 1951 sur les réfugiés, ne peut renvoyer par la force tout réfugié, demandeur d’asile ou tout autre étranger reconnu à un endroit où il risque d’être persécuté, torturé ou soumis à des traitements inhumains et dégradants. »

Bref, HRW rappelle à l’Algérie ses devoirs internationaux envers les réfugiés et demandeurs d’asile, d’autant qu’elle a épinglé, au passage, le président de la CNCPPDH, Rachid Ksentini, pour ses propos contre les subsahariens le 5 décembre dernier.  »Farouk Ksentini, le chef de la Commission nationale consultative pour la promotion et la protection des droits de l’homme, une institution d’Etat qui relève de la présidence, cité par le quotidien algérien Assawt Al Akhar (The other voice) le 5 décembre, a accusé les migrants de  » maladies, y compris le sida. Ces maladies sont monnaie courante dans ces communautés », accuse l’ONG internationale.

Ksentini épinglé

HRW rapporte une autre déclaration de Ksentini, qui a dit que  »la présence de migrants et de réfugiés dans plusieurs régions du pays peut poser de nombreux problèmes aux algériens’’, et ‘’les migrants n’ont pas d’avenir en Algérie ». Farouk Ksentini a notamment déclaré, pendant les arrestations des subsahariens, au quotidien  »Essawt Al Akher » que  »nous sommes exposés au risque de la propagation du Sida ainsi que d’autres maladies sexuellement transmissibles à cause de la présence de ces migrants  ». Il ajoute :  »Je pense qu’ils sont responsables de la propagation de ces maladies en Algérie  », avant de déclarer que  »les migrants africains n’ont pas d’avenir ici en Algérie. »

D’autre part, HRW, sur la base de reportages de la presse algérienne et un communiqué de la Ligue algérienne de défense des droits de l’Homme (LADDH), décrit dans le détail les arrestations, les lieux de ces arrestations, et le placement des subsahariens dans un camp de jeunes à Zéralda, le témoignage de certains subsahariens, et leur acheminement vers Tamanrasset, et l’expulsion de certains d’entre eux vers le Niger. HRW rapporte enfin que les autorités algériennes ne se sont pas inquiétées lors de ces expulsions de  »la situation des subsahariens ou leur statut de réfugiés, pour fournir des informations sur leurs droits ou pour leur permettre de contacter le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés ou les représentants consulaires de leur pays d’origine. »

Selon des recoupements de la presse algérienne, ces arrestations de subsahariens seraient la conséquence d’affrontements fin novembre entre certains d’entre eux et des habitants des quartiers de Dely Ibrahim, à Alger. Les arrestations de migrants subsahariens avaient été menées quelques jours avant le Forum africain d’investissements et d’Affaires. La LADHH, qui avait dénoncé ces arrestations, avait estimé dans un communiqué le nombre de subsahariens arrêtés et reconduits vers Tamanrasset à 1400 personnes, hommes, femmes et enfants, dont certains sont  »des demandeurs d’asile et réfugiés ».