L’Algérie veut faire revivre son cinéma

L’Algérie veut faire revivre son cinéma

A general view of the Algerian National People's Congress (NPC) in Algiers October 21, 2010. Prime Minister Ahmed Ouyahia appears before parliament to account for his government's performance for the the first time in years amid a trend toward economic nationalism in a country that is still dependent on oil and gas. REUTERS/Louafi Larbi (ALGERIA - Tags: POLITICS BUSINESS ENERGY)Des salles délabrées, un faible niveau de production et un exode massif des spectateurs ; le Ministère algérien de la Culture espère répondre à cette situation alarmante en déposant un nouveau projet de loi sur le bureau de l’assemblée nationale, le lundi 22 novembre.

Ce projet de loi appelle à la rénovation de 300 cinémas, avec une taxe d’un pour cent sur les recettes publicitaires. Cette somme sera allouée au Fonds d’aide à la production cinématographique (FDATIC) et accordera des exemptions fiscales aux investisseurs algériens et étrangers désireux de s’impliquer dans des projets de films.

L’effondrement de l’industrie cinématographique algérienne a essentiellement touché les salles. Il y avait 473 salles au moment de l’indépendance du pays, mais une loi datant de 1967 en a transféré la propriété aux collectivités locales. La plupart sont aujourd’hui fermées ou ont été transformés en restaurants ou en salles de villages.

Outre la restauration des salles, cette loi adopte le principe de l’aide de l’Etat aux sociétés locales de production, de distribution, de projection et de diffusion. Le gouvernement contribuera également au financement de la formation des professions liées au cinéma et offrira des mesures d’incitation aux stagiaires, a précisé le ministre de la Culture Khalida Toumi.

L’annonce de cette réforme a fait revivre les espoirs des réalisateurs et des producteurs algériens. Le réalisateur Lamine Merbah estime que le but de ce projet de loi n’est pas de réglementer l’activité cinématographique, mais de promouvoir le cinéma comme un vecteur de l’identité, de la culture et de l’histoire algériennes.

« Un film participe à l’information mais également à l’éducation, raison pour laquelle il devra être pris en charge par l’Etat », commente-t-il, insistant sur le fait que le gouvernement ouvre la porte aux investisseurs en accordant des incitations comme des exemptions fiscales sur l’importation des moyens de production cinématographique.

Mais il faudra peut-être plus qu’une nouvelle loi pour faire revivre l’industrie du film en Algérie, a mis en garde Boualem Ziani, de Sora Productions.

« C’est un secteur qui est à l’agonie. Le volume de production est très faible par rapport à l’importance du pays et aux potentialités qu’il recèle », a-t-il précisé.

Selon le producteur et réalisateur Bachir Derrais, il est grand temps que les autorités aident un secteur qui a été négligé pendant plus de vingt ans.

« L’inexistence d’un marché du cinéma, de chaînes de télévision, la disparition progressive des salles, le piratage DVD… tout cela fait qu’une loi est indispensable pour mettre de l’ordre dans ce capharnaüm », a-t-il expliqué à Magharebia.

Mais tous ne partagent pas son optimisme. Certains députés ont lancé un vif débat sur ce qu’ils considèrent comme un programme dissimulé derrière ce projet de loi. Athmane Mazouz, député du Rassemblement pour la Culture et le Démocratie (RCD), a déclaré dans une intervention au parlement que l’objectif principal de cette loi est de renforcer la mainmise du Ministère de la Culture sur ce secteur, et non de faciliter une véritable renaissance de l’industie cinématographique en Algérie.

« A la lecture du projet, on n’entrevoit aucune volonté réelle d’aider à l’émergence d’un cinéma national, dynamique et compétitif », affirme-t-il.

Le Ministère de la Culture affirme quant à lui que seuls 10 à 15 films sont tournés en Algérie chaque année. La production dépend encore de l’aide de l’Etat pour des occasions spéciales. Lors de la manifestation organisée en 2007 baptisée « Alger, capitale de la culture arabe », pas moins de 84 films avaient été tournés. Le Ministère envisage de lancer 60 nouveaux films pour préparer un autre évènement, « Tlemcen, capitale de la culture islamique ».