Karim Djoudi justifie les dernières mesures d’Ouyahia

Karim Djoudi justifie les dernières mesures d’Ouyahia

1335.jpgL’avant-projet de loi de finances complémentaire sera examiné en réunion du gouvernement sur trois éléments fondamentaux : la lutte contre la fraude, l’évasion fiscale et la contrefaçon, réduction de la pression fiscale et enfin la régulation du commerce extérieur et de l’investissement sur le marché national.

C’est ce qu’a annoncé hier le ministre des finances, sur les ondes de la radio chaîne III. Le grand argentier du pays a tenté d’expliquer les dernières mesures prises par le gouvernement en matière de commerce extérieur et d’investissement étranger.

« L’invité de la rédaction », une émission de la radio chaîne III, précise que la politique économique que conduit le gouvernement algérien, sous l’autorité du président de la République, vise tout d’abord à asseoir le développement de notre économie et permettre les transferts de compétences.

« Il est difficile,aujourd’hui, d’imaginer que nous puissions avoir un segment de développement de l’investissement direct étranger déconnecté du segment des investissements privé et public.

L’enjeu est de pouvoir assurer un brassage entre ces investissements en permettant que les transferts de management et les transferts de technologie s’opèrent au bénéfice de l’économie nationale », souligne le ministre des finances.

D’où le choix fait de retenir 51% en ce qui concerne l’actionnariat national. M. Karim Djoudi indique que les 51% peuvent être détenus par deux ou trois partenaires, en donnant une majorité relative au partenaire étranger.

« Dans les faits, qu’est-ce qui intéresse un partenaire ? Deux choses fondamentales. La première est de savoir s’il va manager l’entreprise. Dans ce cadre, la décision a été prise qu’il aura le management de l’entreprise. La deuxième est de savoir quelle serait sa position en matière de choix de politique d’investissement de l’entreprise et de distribution de dividendes. Cela sera défini dans le pacte d’actionnaire », affirme le grand argentier du pays.

Cette mesure concerne tous les secteurs. Se voulant rassurant, le ministre parle de « volonté forte des autorités algériennes de s’inscrire dans cette globalisation des échanges tout en prenant en considération que pour assurer des échanges viables pour l’ensemble des partenaires, il faut que les partenaires des deux parties soient des partenaires solides ».

M. Karim Djoudi évoque « un ensemble cohérent de mesures ». Il cite la mesure de 51%, des mesures fiscales, mais aussi la nécessité lors qu’un investissement étranger qui se constitue en Algérie génère une balance devise excédentaire.

« Parce que nous avions une volonté à ce que les investissements qui se réalisent s’orientent vers la génération de revenus extérieurs pour l’Algérie et vers la production de produits de substitution aux importations », explique-t-il.

En parallèle, l’Algérie donne à ses partenaires un financement domestique sur le marché national dans un contexte où les sources de financement sur leurs marchés respectifs sont épuisées.

Le ministre des finances précise que la mesure des 51% n’est pas rétroactive, elles portent sur les investissements qui se réalisent à partir de la date de la décision.

En revanche, la décision d’obliger les sociétés étrangères d’importation, qui font généralement de la revente en l’état, à réserver 30% de leur capital à un partenaire algérien, est rétroactive.

Cette mesure, indique le grand argentier du pays, « vise à être présente dans ces sociétés pour l’information, mais aussi en termes d’écrémage sur les dividendes ».

Le ministre a relevé la très forte croissance des importations des biens et services. Les importations de biens sont passées de 27 milliards de dollars en 2007 à 37,5 milliards de dollars en 2008.

Les importations de services affichent 11 milliards de dollars en 2008. « L’enjeu est de réduire les importations de biens et contenir les importations de services », souligne M. Djoudi, affirmant que les mesures prises permettent d’assurer une plus grande transparence des opérations de commerce extérieur.

Le ministre cite, entre autres, le fait que toute opération de transfert doit au préalable obtenir le quitus fiscal, toute opération d’importation doit être accompagnée d’un numéro d’indentification fiscale.

Interrogé sur le risque de voir les investisseurs étrangers bouder l’économie algérienne, le ministre des finances s’est montré confiant.

Il est vrai, reconnaît-il, que dans un contexte de crise financière, suivie d’une crise économique, les flux d’investissement ont baissé à travers le monde.

« Paradoxalement, l’économie algérienne demeure un lieu d’attraction pour les investisseurs. Parce que c’est une économie qui intéresse en matière de solvabilité financière externe, en matière de réserve de changes ou matière de gestion de la dette externe, du point de vue de la gestion budgétaire avec un fonds de régulation des recettes qui assure une visibilité et une viabilité budgétaire », estime M. Djoudi.

Ces éléments, ajoute le ministre, combinés à une forte croissance économique hors hydrocarbures de l’ordre de 6% sur les trois dernières années et à une stabilité du taux d’inflation, font que l’investissement aujourd’hui dans l’économie algérienne est un enjeu pour un certain nombre de partenaires.

« Le risque ne se trouve pas ici, d’autant plus qu’un certain nombre d’économies ont des situations saturées. Ce sont des petits marchés qui n’ont pas la dimension du marché algérien », soutient-il.

« Vous êtes sur un marché où le retour sur investissements est l’un des plus forts de la région, une économie qui a une solvabilité externe connue, des performances en matière de croissance économique, s’il existe des alternatives en matière de financement, en termes de prise de croissance dans d’autres pays, on pourrait imaginer cela. Or, nous sommes dans un contexte de forte tension de crise économique. Tout le monde reconnaît aujourd’hui que l’économie algérienne est le lieu où le partage de la croissance est assez exceptionnel », argumente M. Djoudi.

Quant aux opérateurs algériens qui veulent délocaliser ailleurs, le ministre est catégorique : « Ils ne peuvent pas le faire. » La réglementation des changes ne permet pas, du moins pour l’instant, l’investissement algérien à l’étranger.

Concernant le Fonds national d’investissement installé depuis le début de cette année, le grand argentier du pays explique qu’il a pour mission d’apporter de réponses en matière de financement à long terme aux projets d’investissement.

Les banques ont tendance à aller vers des financements à court et moyen terme. « Il est fonctionnel. Il a déjà dégagé un certain nombre d’engagements dans des secteurs de tourisme (hôtelleries), dessalement d’eau de mer et dans la mécanique », annonce M. Djoudi, précisant que le fonds intervient sous différentes formes à travers des prêts directs, par le biais d’un cofinancement ou par des prises de participation.

Le ministre indique que l’avant-projet de loi de finances complémentaire pour 2009, qui sera examiné mardi en réunion du gouvernement, prévoit la transformation de la BAD en Fonds d’investissement.

La banque algérienne de développement deviendra ainsi BAD. La deuxième mesure concerne l’augmentation du capital de la BAD – Fonds d’investissement – pour lui permettre d’asseoir sa politique d’investissement et d’accompagnement de l’action de l’État.