Extradition de abdelmoumène Rafik Khalifa

Extradition de abdelmoumène Rafik Khalifa

khalifa-algerie.jpgLa décision britannique attendue le 29 décembre prochain

Durant les dix dernières années, le Trésor public algérien a été victime de plusieurs scandales financiers. La corruption a été le mode d’emploi qui a primé dans la gestion de pratiquement tous les secteurs économiques administratifs et autres.

Ce phénomène en Algérie n’est pas du tout nouveau, toutefois son ampleur a été plus qu’alarmante, notamment, après que le pays ait bénéficié d’une manne financière sans précédent tirée des hydrocarbures.

D’ailleurs, tout le monde s’accorde à dire, aujourd’hui, et c’est devenu proverbial, là où il y a de l’argent, la corruption surgit.Tous les rapports internationaux relèguent l’Algérie parmi les pays les plus corrompus au monde. Ce fléau qui gangrène le développement du pays ne manque pas d’exemple.

Il ne s’agit que de rappeler la fameuse affaire Khalifa dont le dossier n’a pas encore atteint son épilogue. En effet, cinq mois après que le tribunal de Westminster de Londres ait accepté d’extrader Abdelmoumène Rafik Khalifa et de le remettre aux autorités juridiques algériennes, le geste n’est pas encore concrétisé.

La décision de la justice britannique est finalement attendue le 29 décembre prochain. C’est du moins ce qu’a affirmé le ministre de la Justice, garde des Sceaux Tayeb Belaïz, jeudi à Alger.

Dans une déclaration à la presse, en marge d’une séance plénière du Conseil de la nation consacrée aux questions orales, le ministre a indiqué que le ministre britannique de l’Intérieur avait «demandé à la Justice britannique un délai supplémentaire pour examiner la demande algérienne d’extradition de l’accusé Abdelmoumène Khalifa, un délai qui lui a été accordé». Belaïz a exprimé le voeu que ce «deuxième report soit le dernier» avant l’extradition du concerné.

Le plus important pour l’Algérie est que nous avons obtenu une décision de justice, at- il dit ajoutant que «le reste relève de la procédure administrative». Pour ce qui est des affaires liées à l’ex-groupe El Khalifa, le ministre a affirmé que l’affaire Khalifa Airways était au niveau du tribunal de Cheraga (relevant de la cour de Blida), les autres sont en instance au niveau de la Cour suprême. «Soyez assurés que l’enquête s’est déroulée comme il se devait», a indiqué le ministre tout en soulignant la nécessité pour que la justice «travaille dans le silence pour ne léser personne».

La décision d’extrader le «golden boy algérien » vers l’Algérie, pour rappel, a été arrêtée par la justice britannique lors de la séance tenue le 25 juin dernier. À l’issue de cette dérnière, le juge Timothy Workman avait estimé que l’extradition de Khalifa «ne contrevenait pas à la convention internationale des droits de l’Homme».

Du côté algérien, le ministère de la Justice, à travers un communiqué, a indiqué que la décision d’extradition «a été prise suite à une série de procédures qui ont abouti à l’annonce de l’acceptation de la demande algérienne en la forme et à l’examen ensuite de l’objet de la demande, la vérification des pièces à conviction, en s’assurant que les conditions qui garantissent un jugement équitable du concerné devant les tribunaux algériens sont réunies et ce, au cours de nombreuses séances d’audition des témoins, d’experts et des plaidoiries des avocats».

Aujourd’hui, après que cette affaire ait pris une dimension internationale, la leçon du scandale Khalifa a-t-elle été retenue ? Non.

L’affaire de la Banque nationale d’Algérie (BNA), ou l’affaire de l’autoroute Est-Ouest et bien d’autres en témoignent. En dépit de toutes les dénonciations et de tous les efforts consentis par les pouvoirs publics, force est de constater que le phénomène de la corruption est bien enraciné dans le pays et les chiffres révélés par Tayeb Belaiz, jeudi dernier, offrent toute leur crédibilité, à ce mauvais classement.

PLUS DE 5 000 PERSONNES CONDAMNÉES DANS DES AFFAIRES DE CORRUPTION DEPUIS 2006

Le ministre de la Justice, garde des Sceaux, Tayeb Belaiz a indiqué, à la même occasion, que 5 086 personnes ont été définitivement condamnées dans des affaires de corruption dans la période allant de 2006 au premier semestre 2009.

Le ministre a précisé que 1054 affaires de corruption ont été enrôlées en 2007 dont 861 ont été définitivement jugées entraînant la condamnation de 1 789 personnes tandis que 807 affaires de corruption ont été enrôlées en 2008 dont 739 ont été définitivement jugées avec la condamnation de 1 694 personnes.

Au premier semestre 2009, le ministre soulignera que 479 affaires de corruption ont été enrôlées dont 411 ont été jugées et donné lieu à la condamnation définitive de 673 individus. Par ailleurs, le ministre a indiqué que des affaires de corruption sont encore en instance au niveau des tribunaux alors que d’autres le sont au niveau de la police judiciaire.

À une autre question sur les dispositions prises par le gouvernement pour lutter contre la corruption, Belaiz a précisé que les investigations et l’action judiciaire dans des affaires de corruption exigent «d’agir dans le silence et de faire preuve d’impartialité et de retenue».

Il a, en outre, souligné «la ferme et rigoureuse volonté politique» du président de la République de lutter contre la corruption affirmant que ce fléau «a des effets néfastes sur la société à qui il incombe de lui faire face».

Hamid Mohandi