Enquéte sur l’attaque du site gazier de Tiguentourine, Les Britanniques en mal d’inspiration

Enquéte sur l’attaque du site gazier de Tiguentourine, Les Britanniques en mal d’inspiration

2012-tiguentourine_608511676.jpgAprès les moines de Tibhirine, c’est Tiguentourine

S’il s’agissait de faire le bilan de cette opération, il faut également en faire un pour les opérations menées par l’armée britannique en Irak, en Afghanistan et en Libye.

Les Britanniques ont réouvert le dossier Tiguentourine. Jeudi dernier, la justice royale a rendu publics, les premiers résultats de l’enquête, concernant la mort de sept ressortissants du Royaume-Uni, lors de l’attaque de Tiguentourine en janvier 2013. Au terme d’une enquête d’un mois et l’audition de 70 témoins, le juge Nicholas Hilliard est arrivé à une bien étrange conclusion quant à la mort des sept Britanniques. Selon lui, ils ont été «illégalement tués» (unlawfullykilled). Une conclusion qui prête à confusion. «J’espère que ces résultats donneront un peu de réconfort pour les familles» des victimes, a déclaré le juge Hilliard, repris avant-hier par la BBC. Le juge a ajouté dans son inquest ou enquête judiciaire que les six Britanniques et Carlos Estrada Valencia, le Colombien résidant au Royaume-Uni, avaient tous été «tués illégalement», et que «la responsabilité de la mort de ces otages était imputable aux terroristes», avant de noter cependant qu’il «est probable que la balle» qui a tué Stephen Green, l’un de ces sept otages, «a été tirée par les forces algériennes». Il note également plusieurs dysfonctionnements dans le protocole de sécurité du complexe gazier, notamment le fait qu’un portail d’accès censé être fermé en permanence, était en réalité ouvert.

Cependant, aucune mesure n’aurait permis «d’éviter l’entrée dans le complexe de terroristes lourdement armés le 16 janvier 2013», juge-t-il. Tout compte fait, ces conclusions n’ont satisfait ni l’opinion algérienne encore moins les familles des victimes. Elles ont même suscité la colère du père de Stephen Green, David Green et de la famille de Carlos Estrada Valencia, dont l’avocat, Andrew Ritchie a annoncé l’intention de poursuivre en justice le géant pétrolier BP, co-gestionnaire du site avec le groupe norvégien Statoil la compagnie nationale Sonatrach. «Je pense que BP a échoué dans sa mission de sécurité vis-à-vis de mon fils, je pense que le groupe a tiré des hypothèses injustifiées selon lesquelles l’Armée algérienne et les gendarmes seraient capables de protéger mon fils», a dit David Green aux médias, devant le tribunal. «Claudia Gaviria (la veuve de Carlos Estrada Valencia) va poursuivre BP au civil, au nom de la loi sur les accidents mortels, afin qu’elle et ses filles puissent obtenir ce que Carlos aurait dépensé pour elles le reste de sa vie», a déclaré l’avocat Andrew Ritchie. En réalité, ce rapport ne fait que nourrir une polémique asséchée et dépassée. Au lendemain de l’opération de Tiguentourine, des parties occidentales, pour des desseins bien précis, ont tenté de semer le doute sur la pertinence des décisions prises par les autorités et les services de sécurités algériens de donner l’assaut pour éliminer le groupe terroriste. Il s’agissait de sauver des centaines de vies et d’épargner l’un des plus importants complexes gaziers d’un vrai sinistre. Les terroristes étaient prêts à faire exploser les installation gazières, ce qui allait donner lieu à l’une des plus grandes catastrophes terroristes après les attaques du 11 septembre 2001 à New York. Au total, 40 personnes dont six Britanniques et un Colombien ont péri lors de cette prise d’otages spectaculaire par des terroristes sur le site gazier de Tiguentourine (In Amenas), en janvier 2013. Le bilan de l’assaut mené par les Forces spéciales a fait état de la mort de 29 terroristes. Mais s’il s’agissait de faire le bilan de cette opération, il faut également en faire un pour les opérations menées par l’armée britannique dans le monde. Que sont devenus l’Afghanistan et l’Irak? Qu’est devenue la Libye, après les bombardements de l’Otan, où en est la Syrie? Où est cette démocratie promise au bout des bombardements et des canons des tanks de l’Armée royale suppléant l’hyperpuissance américaine? Qu’ont fait les Britanniques pour stopper les actions de Daesh en Syrie, en Irak et en Libye? L’assaut donné par les services de sécurité algériens a été salué par les puissants du monde, y compris les Britanniques, en passant par les Etats-Unis et la France. Pour l’Algérie, c’est un principe: il n’y a pas de négociation possible avec des terroristes. Ils sont réfractaires à toute discussion, à toute approche psychologique. Il faut les éliminer.