Des think tanks américains en quête d’une nouvelle approche, Washington face à l’équation algérienne

Des think tanks américains en quête d’une nouvelle approche, Washington face à l’équation algérienne

P131127-16.jpgL’Algérie et les Etats-Unis doivent réfléchir à une stratégie d’interaction entre les populations

Depuis 2012, l’Algérie et les Etats-Unis ont initié un partenariat stratégique. Mais pour l’expert du Csis, cet accord n’est pas suffisant.

«On n’a rien compris à l’Algérie», a lâché hier, Haim Malka, directeur-adjoint du programme Moyen-Orient au sein du Center for Strategic and International Studies (Csis).

M.Malka a animé une conférence débat au siège du ministère des Affaires étrangères portant sur la politique étrangère des Etats-Unis au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Une politique mal comprise d’un côté et mal adaptée surtout d’une région du Maghreb à l’autre. Dans ce contexte, l’expert du prestigieux centre de réflexion basé à Washington a rappelé que les relations entre l’Algérie et les Etats-Unis n’ont pas connu un grand rapprochement. «Elles sont en réalité limitées à l’accord entre les deux pays au XVIIIe siècle et le soutien franc exprimé par l’ancien président JFK à la guerre de Libération durant les années 50». Pour le reste, il a fallu attendre l’Indépendance de l’Algérie pour que le commerce, la sécurité et surtout l’énergie rapprochent les deux pays. L’expert américain invité par l’Institut diplomatique et des relations internationales (Idri) du ministère des Affaires étrangères, note que la donne a changé aujourd’hui, puisque le cordon ombilical énergétique qui «nous lie» est sur le point de rompre. Avec la découverte des gaz de schiste, l’Amérique deviendra, dans quelques années, indépendante au plan énergétique.

Chiffres à l’appui, le conférencier fait remarquer que la demande américaine en pétrole algérien était de 4.430.000 barils par jour en 2007 et qu’en 2012 cette demande a amorcé une courbe déclinante pour atteindre les 120.000 barils par jour. A cet effet, le responsable du think tank américain a estimé qu’il va falloir réinventer d’autres rapports autres que l’énergie entre les deux pays» surtout avec les changements qui s’opèrent aussi bien dans la région du Maghreb que dans la politique étrangère américaine. Depuis 2012, l’Algérie et les Etats-Unis ont initié un partenariat stratégique. Mais pour l’expert du Csis, cet accord n’est pas suffisant tant que les deux pays n’ont pas décidé quel type de partenariat veulent-ils, quelles sont les priorités de ce partenariat et quels seront ses objectifs? M.Malka a estimé que l’Algérie a donné un signal fort et une disponibilité pour densifier les rapports en nommant un ambassadeur de haut niveau en la personne de M.Abdallah Baâli. Dans sa démarche, le think tank américain voit dans les interactions citoyennes la seule issue à même de consolider les relations entre les deux pays. L’Algérie et les Etats-Unis doivent réfléchir à une stratégie d’interaction entre les populations, car les rapports entre les gouvernements disparaissent, changent mais les liens d’amitié restent et durent dans le temps» affirme le conférencier. «Il y a très peu d’hommes de lettres, de chercheurs et de personnalités américaines qui ont séjourné en Algérie pour faire en sorte que les Américains comprennent la société algérienne, ses traditions et sa culture», a-t-il regretté.

Haim Malka a estimé, à ce propos qu’il va falloir désormais encourager les échanges et les visites entre les universités et la jeunesse. Il y a très peu de jeunes Algériens qui bénéficient de programme aux Etats-Unis et vice versa. Il cite alors le chiffre impressionnant des 80.000 étudiants d’Arabie Saoudite qui sont actuellement dans les universités américaines. Inscrivant cette dynamique au plan régional, le chercheur du Csis a relevé que cette situation n’est pas spécifique à l’Algérie mais c’est une attitude dictée par les impératifs de la politique étrangère américaine qui a toujours rattaché la région du Maghreb au Moyen-Orient. Cette politique s’est toujours focalisée sur l’Egypte, le Liban et la Palestine laissant presque à l’abandon le Maghreb. Et le conférencier avance ces chiffres significatifs. «Les aides allouées en 2013 par les Américains à tous les pays du Maghreb réunis ont été de 103 millions de dollars et l’aide accordée au Liban a été de 165 millions de dollars». C’est dire le peu d’intérêt que porte l’Amérique à l’Afrique du Nord. L’expert souligne par ailleurs, qu’un autre élément complique la politique américaine dans la région et qui tient, selon lui, aux rapports tendus entre les pays de cette région, notamment le problème de décolonisation au Sahara occidental.