Dangereuse évolution de la grève des enseignants, Baba Ahmed menace de reporter le Bac

Dangereuse évolution de la grève des enseignants, Baba Ahmed menace de reporter le Bac

education.jpgDes classes vides, jusqu’à quand?

Les syndicats grévistes ont jugé la décision de report des examens de prématurée.

La ligne rouge a été franchie. Et le mot fatidique vient d’être lancé: les examens du Bac, du la 5e et du BEM risquent d’être reportés. «Si nous entrons dans la 4e semaine de la grève, on est dans l’obligation de prendre des mesures telles que le report des examens de fin d’année», a menacé, hier, le ministre de l’Education nationale, Abdelatif Baba Ahmed, lors d’un séminaire national sur les services publics en milieu scolaire à Alger. Avec l’enchaînement d’une 4e semaine de grève, le ministre a estimé qu’il est «impossible de rattraper les cours perdus». Et l’option du seuil du programme pour les examens de fin d’année, n’est même pas envisageable d’après le ministre. «Je suis contre ce seuil. L’élève doit recevoir une formation complète», a-t-il précisé. Pour lui, c’est inadmissible qu’un élève passe à la classe supérieure, sans avoir accompli la moitié de son programme. C’est pourquoi le report des examens est la seule alternative pour l’instant.

Ces propos risquent de créer une grave crise, aussi bien chez les élèves, que chez les parents. Il n’est pas exclu, d’ailleurs, de voir sortir dans la rue les élèves manifester contre cette grève. La situation risque, également, de s’exacerber et pousser les enseignants grévistes à être plus radicaux. Interrogé sur les actions que le ministère entreprendra en cas de poursuite de la grève, M.Baba Ahmed a clairement fait savoir que sa priorité aujourd’hui est d’améliorer les conditions d’enseignement et l’éducation et ne pas se préoccuper de la poursuite ou non de la grève. «Je ne perds pas le cap essentiel qui est ma mission première. Celle-ci, ne consiste pas à gérer les grèves mais plutôt à gérer un secteur qui compte actuellement plus de 8 millions d’élèves», a-t-il dit. C’est pourquoi, en tant que premier responsable du secteur, Baba Ahmed a fait savoir qu’il est de son obligation «de faire arriver, ces élèves à bon port avec une bonne éducation et une bonne formation». Ceci dit, le ministre a souligné que son département ministériel, «n’a reçu aucune information officielle de la part des partenaires sociaux concernant la décision de poursuivre ou de suspendre la grève». Mais dans le cas où ces derniers optent pour la poursuite de la grève, le ministre n’a pas pris quatre chemins. «Nous prendrons des mesures qui sont décrétées par la loi», a-t-il insisté. «Celui qui ne respecte pas la loi, nécessite une action judiciaire», a-t-il poursuivi. Dans ce contexte, il a rappelé l’anarchie dans laquelle s’est déroulée la dernière rencontre avec les syndicalistes grévistes. «Les syndicats ont insisté pour reprendre avec eux le dialogue.

Après avoir répondu favorablement à leur demande dans le but de dégeler la situation et essayer de trouver un terrain d’entente, les responsables des syndicats ont décliné l’invitation», a-t-il déploré. «Ces enseignants ne se préoccupent pas de l’avenir des élèves», a-t-il ajouté. Toutefois il a précisé que les deux points d’encrage qui bloquent toute entente entre les deux parties concernent en premier lieu les conditions de passages d’un grade à l’autre. «Les partenaires sociaux ont exigé que le passage d’un niveau à un autre doit se faire automatiquement et sans évaluation et sans formation», a-t-il noté. Une revendication qui n’enchante pas le ministre qui a jugé qu’une telle revendication n’a pas à avoir lieu, car elle dépasse ses prérogatives. «Ils n’ont pas à nous exiger des solutions qui ne sont pas de notre portée. Elles sont du ressort de la Fonction publique qui a ses propres règles qu’on ne peut pas violer», a-t-il réitéré. Contacté hier, le porte-parole de l’Association des parents d’élèves, Khaled Ahmed, pour prendre part de leurs positions concernant la déclaration de ministre, ce dernier a salué l’initiative du ministre pour reporter la date des examens. Dans ce contexte, M.Khaled nous a fait savoir que le bureau national de l’association a organisé hier une réunion pour«diagnostiquer la situation». Suite à cette rencontre, l’association, selon M.Khaled Ahmed, a décidé de prolonger l’année scolaire jusqu’au 15 juin prochain, et les examens officiels jusqu’au 20 juin. Si cette décision a reçu la bénédiction de l’Association des parents d’élèves, c’est loin d’être le cas pour les syndicats grévistes. Ces derniers, contactés par nos soins, ont jugé la décision, de prématurée. «Ce n’est pas le moment de parler de report des examens. Il s’agit plutôt de chercher des solutions pour le problème. Autrement, la situation risque de s’amplifier si la tutelle ne réagit pas vite», a déclaré hier à L’Expression, le coordinateur national du Cnapest, Nouar Larbi. Pour sa part, le coordinateur national du Snapest a estimé que tout est possible quant au rattrapage des cours. Mais il a appelé la tutelle à commencer à réflichir d’une manière sérieuse aux solutions, car le syndicat n’a pas du tout l’intention de «déposer les armes».