Ces gardiens de voitures qu’on appelle aussi… : Les «parkingueurs».

Ces gardiens de voitures qu’on appelle aussi… : Les «parkingueurs».

Personne ne bouge le petit doigt ni ne réclame, pas même les riverains qui en ont assez des bagarres régulières et des cris sous leurs fenêtres entre ces gardiens et les automobilistes récalcitrants qui ne se laissent pas faire et encore moins dépouiller.

Depuis quelques années, nous assistons impuissants à la naissance d’une nouvelle race d’artisans, qui travaillent à leur compte sans jamais débourser le moindre centime à la mairie, ni aux impôts. Il s’agit, vous l’avez sans doute deviné, des «assassa», c’est à dire des «parkingueurs». Ils sont de suite reconnaissables au bâton qu’ils portent, ou au gilet jaune ouvert qu’ils exhibent sur les épaules en guise d’identification. Ils sont jeunes. Leur âge varie entre 16 et 35 ans et sont maîtres de la rue dès l’aube et jusqu’au coucher du soleil. Ce sont eux qui vous «octroient» une place où stationner votre voiture et qui décident où vous devez arrêter votre véhicule à quelques centimètres du dernier engin de la file.

Cette situation ubuesque, où tout le monde se tait et se laisse faire, n’a pas été sans encourager la multiplication de ces «parkingueurs», qui dictent leur tarif et leur loi à leur guise. Personne ne bouge le petit doigt ni ne réclame, pas même les riverains qui en ont assez des bagarres régulières et des cris sous leurs fenêtres entre ces gardiens et les automobilistes récalcitrants qui ne se laissent pas faire et encore moins dépouiller.

Le phénomène, qui s’est répandu dans toutes les grandes villes du pays, atteint désormais des villes moyennes et peut-être un jour même les villages et pourquoi pas les «lieux-dits». Comment se passe cette OPA des gardiens qui ont fini par surveiller toute la ville ? D’abord ils évitent d’écumer la banlieue, car elle est destinée au repos et l’activité y est très réduite. Ils jettent leur dévolu sur le centre de la cité et de préférence sur les quartiers névralgiques, là par exemple où l’on doit se garer pour payer Sonelgaz, la Société de distribution d’eau, affaire à la mairie, ou à la daïra et la wilaya.

Les rues perpendiculaires ou parallèles aux sites commerciaux, là où se brassent des millions de DA tous les jours sont les plus appréciées par ces «assassa». Les rues ne désemplissent pas, comme par exemple Mdina Jdida à Oran, ou le marché de gros d’Es Senia. Certaines rues dans ces ilôts du business sont si animées que deux «gardiens» suffisent à peine.

Plusieurs tours dans leur sac. Dans certains quartiers du centre-ville, où l’activité économique et administrative est importante, les «parkingueurs» travaillent à l’année et évitent autant que faire se peut de perdre leur temps et leur gouaille avec des automobilistes de passage.

Ils ont pris tellement leur aise face au laxisme ambiant que certains gardiens, qui ont dépassé la trentaine, travaillent comme dans un bureau, comme dans une administration. Ils installent une petite table sur le trottoir et un tabouret pour éviter la station debout toute la journée. Puis se font aider par des gamins du quartier trop heureux de gagner quelques dinars au cours de la journée.

Ces mômes sont chargés de surveiller les resquilleurs, c’est à dire les automobilistes qui oublient de s’acquitter de leur «dime». Ils sont également chargés de les orienter et de les guider dans la manœuvre de stationnement. A l’occasion, ils achètent à leur «patron» sandwich, café et des cigarettes. L’avantage pour ces exploitants est qu’ils peuvent régler leurs problèmes personnels dans les administrations, aller consulter un médecin ou prendre rendez-vous avec le directeur d’école de leurs rejetons, ils sont sûrs que «le travail» ne s’arrête pas et que les gosses qu’ils ont laissés derrière eux veillent au grain.