50 milliards de centimes pour lancer Khalifa

50 milliards de centimes pour lancer Khalifa

arton5293-fb6f9.jpgLa création de Khalifa bank, qui constituera le socle de l’empire du même nom, a nécessité un capital de 50 milliards de centimes. C’est ce qu’a révélé l’ex-« golden boy », Abdelmoumen Khalifa, lors de son audition au cinquième jour du plus long procès de l’histoire judiciaire du pays.

L’accusé a affirmé que la banque a été alimentée à sa création par des fonds propres issus de ses activités pharmaceutiques. Des soupçons de blanchiment d’argent avaient pesé sur la banque qui a été en 2003 à l’origine de l’effondrement de la plus fulgurante ascension d’un jeune businessman.

Le cinquième jour du procès de Khalifa Abdelmoumene Rafik a été consacré, hier, à l’audition du principal accusé pour le troisième jour consécutif.

L’ex-golden boy a d’emblée affirmé au juge en charge du dossier que « la constitution de Khalifa Bank, le 12/04/1998, a nécessité 50 milliards de centimes. Cet argent a été puisé tout simplement des fonds de son entreprise pharmaceutique KRG Khalifa, qui est très rentable « .

Le président a lancé en direction de Khalifa Abdelmoumene : « Savez-vous que les procédures relatives à l’autorisation de constitution de la banque ont été violées ? » Et l’ex-boss de répondre : « Ces dernières ont été respectées ; la preuve, toutes les parties étaient présentes dans le bureau du notaire qui a rédigé les contrats !. »

Son avocat Me Medjhouda lui a posé une question : Quel est le montant déposé quotidiennement au niveau de la caisse principale de Khalifa Bank ? Le mis en cause a répondu : « Des rentrées de cinq jusqu’à dix milliards de centimes par jour !. »

Quel est le taux des transferts quotidiens de Khalifa Airways vers Khalifa Bank ? Questionne Me Medjhouda

« Pas moins de 105 millions d’euros par jour !. »

Est-ce que vous avez le droit de disposer des revenus de Khalifa Airways, étant le propriétaire de la société mère ? Interroge son conseil

« J’ai le droit de disposer de mon compte personnel mais en ce qui concerne les revenus de l’entreprise, je ne pouvais pas. Je ne pouvais pas violer les dispositions des contrats de la société car les bénéfices doivent être partagés par tous les associés »

A la question de savoir depuis quand les sociétés nationales déposaient leurs argent ?

Le principal inculpé a déclaré au juge d’audience : « Trois mois après la création de Khalifa Bank. Toutes les agences recevaient des sommes faramineuses ! « . Le président l’interrompt : Est-ce que vous avez bénéficié de crédits de la BDL ou c’était tout simplement des facilités de la caisse principale ?

« Al Khalifa », est une référence de mon oncle le célèbre poète « Mohamed Al Aid Al Khalifa ! »

Le procureur général Zerg El Ras Mohamed l’interroge : Peut-on savoir pourquoi vous avez utilisé « Al Khalifa », est-ce dans le but de faire croire aux gens qu’il s’agit d’une banque khalidjienne et par-delà escroquer les personnes ? « Non ! Non ! Monsieur le procureur, c’était la référence de mon célèbre oncle, le poète Mohamed Al Aid Khalifa ! «

A cet instant, Khalifa intervient et coupe le procureur « Des Saoudiens et des hommes d’affaires du Golfe sont venus investir en Algérie mais ils ont perdu, alors pourquoi utiliser cette nomination qui n’est pas convaincante ».

Le deuxième inculpé appelé à la barre pour répondre des graves accusations retenues contre lui par le juge d’instruction n’est autre que le notaire Rahal Omar.

L’incriminé est poursuivi pour faux dans des documents officiels à savoir les deux contrats relatifs à la création de Khalifa Bank et l’acte de modification du statut de ladite institution bancaire.

Le mis en cause qui est âgé de 86 ans et incarcéré depuis neuf ans a d’emblée nié tous les chefs d’inculpation en déclarant : « Je n’ai rien à voir dans cette affaire. Je n’ai rien falsifié, notamment les contrats, objet de la poursuite judiciaire »

Dans le même contexte, l’ex-notaire qui a écopé lors de son premier jugement de dix ans de prison ferme a déclaré au président Antar Menouar : « Mes collaborateurs m’ont informé que des policiers en civil se sont présentés dans mon bureau et pris des documents ! ».

Est-ce que le juge d’instruction vous a montré les documents falsifiés, à savoir les deux contrats ?

« Le juge d’instruction de Chéraga m’a insulté et humilié ! »

« Je ne me suis rendu compte de ces documents que lorsque le juge d’instruction me les a montré en 2007. J’étais en France et je devais être hospitalisé »

Issir Idir, l’ancien directeur de l’agence BDL de Staoueli, troisième accusé à comparaître devant le tribunal criminel a nié tous les faits qui lui ont été reprochés notamment au niveau de l’instruction judiciaire.

Il a d’emblée dressé un dur réquisitoire contre le magistrat instructeur qui était en charge de l’enquête judiciaire. Il a déclaré en direction du président : « Il m’a fait signer le procès-verbal sans toutefois me permettre d’en connaître le contenu. Le juge d’instruction m’a insulté et exercé sur moi des pressions. Trahir m’a malmené «

« Je n’ai jamais vu les deux contrats dont vous parlez, monsieur le président. Un avocat a sollicité une expertise 15 jours avant la fin de l’instruction mais en vain ! Je n’ai rien remis à Abdelmoumene Khalifa ».

Dans le même contexte, l’inculpé qui a affirmé avoir été acquitté lors de son premier jugement en 2007 a déclaré : « L’ex-boss de Khalifa Bank a bénéficié de crédits d’investissement de l’ordre de 80 et 50 millions de dinars sous forme de facilités de caisse ».

Il a fait savoir au président que « Abdelmoumene Khalifa en a remboursé la totalité. Ces sommes sont parties en virement vers les fournisseurs « A la question de savoir quelles ont été les garanties ? coupe le président

« Les bons de caisse, monsieur le président ! ».

Il a par ailleurs déclaré : « Les actes d’hypothèque de la villa et du local commercial n’ont jamais existé ! «

A la question de savoir pourquoi il a quitté Khalifa Bank, le mis en cause a souligné qu’il avait des problèmes avec Nanouche Mohamed alors directeur général de Khalifa Bank puis DG de Khalifa Airways.

Il convient de signaler que l’un des avocats de Khalifa Abdelmoumene a affirmé en marge des déclarations des deux accusés le notaire Rahal Omar, et l’ancien directeur de la BDL de Staoueli que son client va sans nul doute être innocenté des deux chefs d’inculpation à savoir création d’association de malfaiteurs et faux et usage de faux dans des documents officiels.