Vista Chinesa, une jungle pour sublimer les jeux

Vista Chinesa, une jungle pour sublimer les jeux

Italy's Vincenzo Nibali races during the Men's Road cycling race in the Rio 2016 Olympic Games in Rio de Janeiro on August 6, 2016. / AFP / Greg BAKER (Photo credit should read GREG BAKER/AFP/Getty Images)Épilogue facile. Le premier grand moment dramatique de RIO 2016, ce n’est pas aux sportifs que la planète aux anneaux le doit. Elle le doit aux organisateurs.

Les Brésiliens n’avaient pas de préférences pour tracer le parcours de l’épreuve cycliste en ligne courue au premier jour des jeux.

A l’inverse des Britanniques pour Londres 2012. Eux avaient Mark Cavendish. Le meilleur sprinter du monde. Il fallait donc éviter les bosses comme la peste sur le tracé. Pour une arrivée groupée taillée pour le molosse anglais. Facile à Londres.

A Rio, les organisateurs ont donc choisi de se faire plaisir. Ils ont dessiné 237 km qui « ressemblent à une classique ardennaise pour le début et à une étape de montagne du tour de France pour la fin ».

Pour un grand grimpeur, un grand puncheur, un crack quoi. Ils ont mitonné une ascension de 8 km à 6,2% de dénivelé fort irrégulier -que détestent les rouleurs- servie trois fois au menu dans les 50 derniers kilomètres. Et un dernier passage au sommet placé à 15 km de la ligne d’arrivée, surprise du chef, sur la mythique plage de Copacabana.

Avec en accompagnement d’office, trois descentes vertigineuses, abritant des niches humides sous la luxuriante végétation de Vista Chinesa, cet arrière pays intriguant de la métropole à la baie galactique.

Un parcours géant ne donne pas nécessairement une course du même gabarit. Et c’est ici que l’épilogue facile se révise. Ce sont les sportifs, ici les cyclistes, qui s’emparent des éléments pour écrire les grands moments de leurs arts.

Souvent un tracé trop dur, fait peur aux coureurs et paralysent les raiders. A Londres, Cavendish a été surpris dans le final. Par un vétéran du panache, Alexandre Vinokourov. A Rio ce dimanche, les grandes manœuvres ont été engagées de loin. Course dynamitée. A cet exercice de la poudre, c’est un ténor artificier qui a hissé l’épreuve cycliste sur les gammes hautes de l’olympe.

Vincesco Nibali n’est pas surnommé le requin de Messine pour rien. Il hume les senteurs de la course. Pour porter l’estocade dès que l’odeur de l’acide lactique de ses adversaires monte dans l’air. Il a été le grand attaquant dans le final. Et son plan marchait.

A 31 ans, le vainqueur du Tour 2014 manage le temps en maître horloger. En forme en mai pour gagner le Giro in extremis, en demi teinte en juillet pour aider Aru sur le tour de France, il avait secrètement fait de ce parcours de fou de Rio de Janeiro, son second pic de forme de la saison. Au rendez vous.

C’est lui qui éparpille les derniers échappés du jour sur les pentes montantes de Vista Chinesa. Dans la descente finale, il est en tête. Avec deux casses cou comme lui dans les roues, le grimpeur polonais Rafal Majka et le colombien Sergio Henao. Mais Nibali est l’un des tous meilleurs descendeurs du monde.

Il va faire le trou avant la longue section plate qui mène à Copacabana. Faire le trou, si le génie de cette jungle lui donne l’Aman. Ce sont les coureurs qui font la course. Et le parcours fait le reste. Nibali champion olympique ? Quelle belle histoire.

Nibali est tombé dans le virage le plus dangereux de la descente. Il s’est cassé la clavicule. Et a laissé filer son rêve olympique. « On le connaissait pourtant bien ce virage » a commenté désabusé son complice italien Aru. Sur la plage, c’est le belge Van Avermaert, solide comme le vent du nord, qui prend l’or.

Les organisateurs brésiliens ont proposé un pari de légende avec Vista Chinesa. Les coureurs en ont fait un spectacle unique au monde. Les jeux sont lancés.