Une étude alerte sur les risques pesant sur l’avenir gazier de l’Algérie

Une étude alerte sur les risques pesant sur l’avenir gazier de l’Algérie

D’ici 13 ans l’Algérie aura du mal à exporter son gaz et pourrait rencontrer des difficultés à satisfaire la demande interne, si le niveau de production se poursuit au rythme actuel, révèle une étude réalisée par le Centre de recherche en économie appliquée pour le développement (CREAD) et dont Maghreb émergent a eu accès en exclusivité.

Une baisse de la production algérienne de gaz à moins 70 milliards de mètres cubes pourrait, à l’horizon 2030, « non seulement mettre fin à l’activité d’exportation, mais aussi poser un sérieux problème à l’approvisionnement énergétique national », précise l’étude.

Intitulée « les perspectives gazières de l’Algérie à long terme », l’étude estime que la production moyenne de l’Algérie, actuellement à 80 milliards de mètres cubes, baissera inévitablement en dessous du seuil critique.

« A l’horizon 2030, et dans le cas du maintien du niveau de production commercialisée actuel, qui est autour de 80 milliards de mètres cubes, la demande gazière continuera à être satisfaite mais largement au détriment des exportations », explique l’étude qui affirme que « le maintien de ce niveau de production est pratiquement impossible en raison des facteurs purement géologique, technologiques mais aussi économique liés à la rentabilité des opérations upstream (amont) dans un contexte marqué par une baisse des prix du gaz naturel sur les marchés internationaux ».

Interrogé par Maghreb émergent, l’auteur de l’étude, Hicham Benamirouche, attaché de recherche au CREAD explique qu’il a travaillé sur trois scénarios possibles avec des demandes internes possibles de « 59, 71, et 87 milliards de mètres cubes à l’horizon 2030, reflétant un taux de croissance annuel moyen de 3,9%, 5,2%, et 6,7% ».

D’après lui, « le secteur électrique restera le principal consommateur du gaz naturel avec une part de 50%, tandis que les taux de croissance les plus élevés pourraient être enregistrés au niveau du secteur résidentiel à moyen terme ».

L’originalité de l’étude menée par M. Hicham Benamirouche, réside dans le fait qu’elle ait été appuyée sur des facteurs dits « inobservables ». Des facteurs qui « ont une influence plus importante que l’activité économique sur l’évolution passée et future de la demande gazière ». Il s’agit des préférences des consommateurs, de l’évolution de la structure de l’économie algérienne, et des progrès technologiques. L’auteur précise justement que « c’est à ce niveau que réside la différence entre notre approche et celle suivie par la Commission de Régulation de l’Electricité et du Gaz (CREG), qui produit depuis quelques années des prévisions intéressantes en la matière ».

Le gouvernement aurait pris les bonnes mesures

D’après l’étude la situation n’est pas désespérée pour autant, pour peu que les bonnes mesures soient prises. Et M. Benamirouche pense que le gouvernement a pris les décisions qui s’imposaient.

«Etant donné la priorité accordée, ces dernières années, au développement des énergies renouvelables, et le programme de développement de l’efficacité énergétique, je pense que les autorités algériennes ont parfaitement saisi la problématique de l’approvisionnement énergétique futur du pays », souligne le chercheur du CREAD.

« Les résultats de notre travail participent à réduire l’incertitude par rapport à l’évolution de la demande gazière nationale à long terme, et aussi suggèrent qu’à côté de la pratique progressive d’un prix économique du gaz naturel, le développement des énergies renouvelables pour participer plus encore à la production d’électricité, ainsi que la mise en place d’un programme très ambitieux de l’efficacité énergétique au niveau du secteur résidentiel et du secteur industriel, constituent, à mon avis personnel, trois choix irréversibles pour les quelques années avenir », poursuit M. Benamirouche.

Pour lui, « le vecteur Energies renouvelables-Gaz naturel constitue l’avenir du mix énergétique mondial (et) le pétrole pourrait perdre plus rapidement que prévu sa place en tant qu’énergie principale vu la révolution qui se prépare dans le parc automobile et le secteur du transport de façon générale ». Il ajoutera, dans le même contexte, que « l’Algérie, sous certaines conditions économiques dispose d’un énorme potentiel et d’une fiabilité sur les marchés lui permettant de jouer un rôle important dans cette transition énergétique ».