Un nouveau décret revoit à la hausse le taux d’intégration: Automobile : le gouvernement serre les boulons

Un nouveau décret revoit à la hausse le taux d’intégration:  Automobile : le gouvernement serre les boulons

Pour le gouvernement, l’éligibilité d’un véhicule au crédit automobile sera assujettie, désormais, au taux d’intégration qu’apporterait le constructeur.

Le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, en concertation avec le ministère de l’Industrie et des Mines, vient de revoir le taux d’intégration à appliquer pour les opérateurs du secteur automobile intéressés par le montage de véhicules en Algérie, que ce soit par le procédé du SKD (Semi Knocked Down) ou celui du CKD (Complete Knock Down).

De quoi s’agit-il exactement et quels sont les termes d’un nouveau décret en cours de validation ? D’emblée, le Premier ministre motive sa décision par le souci d’assainir cette activité, en général, et l’industrie automobile en particulier. En clair, les investisseurs qui seront engagés dans le montage de véhicules seront, désormais, tenus d’augmenter leur cadence d’intégration et que le taux à faire valoir soit évalué chaque année de telle façon à assurer un suivi en continu de l’activité industrielle ou semi-industrielle.

En décidant d’arrêter un taux d’intégration annuel, mais surtout obligatoire, le gouvernement compte supprimer les exigences et les échéances arrêtées durant les années 2015-2016 et selon lesquelles les constructeurs automobiles devaient atteindre un taux d’intégration de 42% cinq ans après le démarrage de leur activité.

À première vue, le gouvernement voudrait instaurer un système de contrôle et de suivi pour chaque opérateur, avec des visites ponctuelles afin de s’assurer de l’avancée des projets. Ainsi, ce nouveau décret en cours de validation se veut un ensemble de textes d’application et de garde-fous qui régiraient, dans le futur, toute activité industrielle ou semi-industrielle liée à l’automobile. Aussi, cette mesure intervient après que M. Sellal eut décidé de suspendre quatre projets de montage automobile en Algérie, dont ceux de Suzuki, Nissan, Kia et Saipa.

Lors de la visite du Premier ministre français, Bernard Cazeneuve, M. Sellal avait lancé un pic en direction de l’ensemble des concessionnaires en affirmant que “pour l’ensemble des projets de montage et d’assemblage de véhicules, lancés ou envisagés dans le pays, les autorités concernées sont en train d’analyser la situation de l’industrie automobile et que le respect d’un taux d’intégration conforme au cahier des charges régissant cette activité restera une priorité pour le gouvernement”. Cela étant dit, le gouvernement voudrait également inscrire tous les projets en SKC et en CKD dans une durée bien déterminée.

D’ailleurs, M. Sellal avait averti, il y a deux semaines, les concessionnaires automobiles en affirmant qu’“il ne suffit pas de ramener des véhicules et des pièces détachées et de les monter ici pour inonder le marché. Nous voulons recalibrer le marché, voir ce que nous pouvons consommer et ce que nous pourrons exporter pour l’Afrique, surtout que la Transsaharienne est en phase de finalisation”.

Avec cette cadence de textes législatifs, notamment ce nouveau décret, M. Sellal entend également mettre fin à l’exclusivité pour les projets de montage et d’assemblage de véhicules en Algérie et d’ouvrir grandes les portes aux sous-traitants automobiles afin d’installer, à moyen terme, un tissu qui accompagnerait cette industrie naissante. Bien mieux, le gouvernement estime que l’éligibilité d’un véhicule au crédit automobile sera, désormais, assujettie au taux d’intégration qu’apporterait le constructeur avec l’ensemble de ses sous-traitants.

Une manière de jeter la balle dans le camp des constructeurs à assumer leurs projets ; à défaut, ils se verront retirer leur agrément.