Trump en prime time face au congrès: En pensant à l’élection de 2020

Trump en prime time face au congrès: En pensant à l’élection de 2020

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       En mettant genou à terre devant Nancy Pelosi, sans avoir obtenu le moindre dollar pour son projet emblématique du mur avec le Mexique, Trump voit sa cabale contre l’immigration clandestine fortement dépréciée. Mais avait-il un autre choix?

Le président américain Donald Trump était de retour, hier, devant le Congrès pour l’allocution traditionnelle sur l’état de l’Union, censée lui permettre de transcender les dures semaines écoulées du Shutdown. Sénateurs et membres de la Chambre des représentants avaient tous à l’esprit le climat délétère engendré par l’administration Trump et le projet controversé de mur isolant les Etats-Unis du Mexique, à l’origine du bras de fer entre la Maison-Blanche et les dirigeants démocrates. Le fait est qu’à mi-mandat, le turbulent milliardaire ne semble plus en odeur de sainteté dans son propre camp, si l’on en croit les sondages qui le donnent en mauvaise posture, raison pour laquelle il a tenté à cette occasion un appel à l’unité, au compromis et à un optimisme de façade. 21 mois le séparent de la prochaine échéance électorale pour laquelle il entend se porter de nouveau candidat, arguant des résultats économiques probants et d’un marché de l’emploi particulièrement florissant.

Les observateurs ont relevé néanmoins qu’à l’heure d’un discours aussi attendu, Trump avait, juste derrière lui, le sourire de la nouvelle figure démocrate, Nancy Pelosi, chef de file et speaker de la Chambre des représentants qui lui a donné bien du fil à retordre, ces derniers mois, avec un bras de fer perdu sur l’enjeu du mur «mexicain». Pour les téléspectateurs, le sourire de Nancy Pelosi effaçait celui, contraint et forcé, de Donald Trump et comme symbole, on ne pouvait oser mieux.

L’élue démocrate de San Francisco a emmené la résistance contre son projet de mur sur la frontière avec le Mexique auquel il tenait coûte que coûte et elle lui a infligé une sévère défaite politique dont il aura du mal à se relever, lui qui affectionne tout particulièrement le discours sur son habileté de négociateur hors pair. En mettant genou à terre devant elle, sans avoir obtenu le moindre dollar pour son projet emblématique, Trump voit sa cabale contre l’immigration clandestine fortement dépréciée. Mais avait-il un autre choix? Après avoir clamé qu’il pourrait faire durer le shutdown pendant des mois, il a dû la mort dans l’âme concéder un rétropédalage en toute urgence, la situation des employés des administrations étant devenue critique et le risque d’un désaveu flagrant. Voilà donc un Trump davantage conciliant et prônant même une politique beaucoup plus soft.

De quoi surprendre ses aficionados dont on ne peut pas dire qu’ils apprécient le changement de discours et le renoncement au mur promis envers et contre tous. Finis les tweets rageurs et ravageurs? Si le tempérament de l’homme est tel que le naturel, un temps chassé, revient nécessairement au galop, Trump a réellement besoin de moduler son élan. «Ensemble, nous pouvons mettre fin à des décennies de blocage politique, guérir les blessures anciennes, construire de nouvelles coalitions, esquisser de nouvelles solutions», a-t-il ainsi déclaré dans une homélie diffusée par la Maison-Blanche. Très critiqué pour ses décisions de politique étrangère, ses attaques contre les institutions du Renseignement quand elles considèrent les sanctions contre l’Iran injustifiées par rapport au respect avéré de ses engagements, le président Donald Trump aura encore à faire face au malaise que suscitent ses déclarations intempestives.

Une chose pourrait éventuellement lui apporter quelques applaudissements nourris, l’annonce de son prochain sommet avec le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un dont il affirme, à qui veut bien l’entendre, qu’il existe de part et d’autre une «incroyable alchimie».