L’une des formes d’émigration existe depuis les années 80 et a toujours considéré l’Algérie comme un pays de transit.
L’Algérie a toujours été un pays de transit pour les migrants, au même tire que les autres Etats du Magrheb. L’objectif final des subsahariens a toujours été celui de rejoindre les pays de l’Europe occidentale, dont les législations permettent, à terme, une insertion des immigrés, même entrés illégalement sur leur territoire. Les exemples de Maliens, Sénégalais, Tchadien ou Ghanéens qui ont réussi à prendre pied en Europe ne manquent pas.
Les changements climatiques qui ont fait basculer des régions entières dans la misère et les guerres fratricides ont mis des millions d’Africains sur les routes. Le phénomène de l’immigration clandestine a pris une ampleur insoupçonnée, tout en changeant de nature. Les populations fuyant la famine et les guerres se sont greffées aux migrants «traditionnels» à la recherche d’une vie meilleure en Europe. Le refus de l’Europe d’accueillir «la misère» de l’Afrique a fait que les flots de personnes entrant en Algérie ne peuvent pas en sortir et en font une destination au lieu d’une étape dans leur voyage vers un monde meilleur.
Dans cette grande diversité de profils, il y a ceux que les Algériens croisent dans la quasi-totalité des villes du pays et qui s’adonnent à la mendicité en famille. Cette catégorie de migrants est à part. Elle peut avoir fui la sécheresse dans son pays d’origine, le Niger, mais il est clair que cette population appartient à une tribu qui vit de la mendicité. Ces Nigériens ne sont ni assimilables ni intégrables. La mendicité fait partie de leur vie. Il existe de pareilles communautés dans le monde entier. Ce sont des tribus nomades qui tirent leur subsistance de la générosité des sociétés dans lesquelles ils atterrissent. Leur présence en Algérie aurait pu être momentanée ou transitoire, sauf que les conditions de vie des populations dans les pays limitrophes n’encourageant pas la mendicité, cette tribu a trouvé dans les villes algériennes matière à exercer son activité, plus rentable qu’ailleurs dans le Maghreb. Il y a eu plusieurs opérations de reconduite dans leur pays suite à la demande du gouvernement nigérien, mais ces personnes reviennent toujours en Algérie.
L’autre catégorie de migrants, plus classique, est composée d’Africains de très nombreuses nationalités. Beaucoup sont francophones, mais on compte aussi des Anglo-Saxons et même des lusophones. Pour bon nombre d’entre ces jeunes, les arguments de la guerre et de la famine ne tiennent pas. Ils sont sénégalais, nigérians, gabonais, ghanéens… autant de pays qui connaissent une stabilité politique et même, pour certains, un véritable essor économique. Cette forme d’émigration qui existe depuis les années 80 a toujours considéré l’Algérie comme un pays de transit. Ces migrants qui vivent clandestinement en Algérie ne cherchent que le moyen d’embarquer dans un bateau en partance pour un port européen. Ce sont généralement des groupes d’amis qui vivent de travaux de manutention et louent des chambres dans de petits hôtels.
Leur seul but est de trouver un moyen d’arriver en Europe quitte à «graisser des pattes». Ces migrants sont le plus souvent des journaliers, même si parmi eux, il en est qui parviennent à trouver des postes très stables. Cette catégorie de subsahariens est certainement la plus importante en nombre. Ils sont disséminés sur tout le territoire national et vivent de leur labeur, tout en entretenant leur «rêve» de l’eldorado européen. Dans le lot, il y a des jeunes qui choisissent d’aller en Libye pour tenter une traversée de la Méditerranée, d’autres se débrouillent des contacts et des passeurs locaux. L’élément nouveau et dangereux dans le phénomène de l’immigration clandestine, est apparu ces dernières années. De véritables bandits ont réussi à s’infiltrer dans la masse des migrants et mis en place un véritable commerce de la cocaïne, des réseaux de prostitution et des trafics de fausse monnaie.
Il existe même quelques connexions entre ces individus et la pègre locale. Des associations de malfaiteurs voient le jour un peu partout et les gangs n’hésitent pas à rançonner leurs compatriotes et les utiliser dans des deals de drogue et autres opérations illégales. Ces «migrants» qui ne le sont pas véritablement, constituent une minorité dans la masse des subsahariens, mais leurs méfaits sont visibles. Des bagarres qui éclatent de temps en temps dans certains quartiers du pays, sont souvent le fait de ces individus qui sont autant violents que n’importe quel délinquant dans le monde. Ils s’organisent en bandes et causent de sérieux problèmes de santé publique, à cause de la pratique de la prostitution et de la sécurité en rapport avec la cocaïne, dont ils sont les dealers attitrés.
Aujourd’hui, avec la massification de la présence des subsahariens sur le territoire et la possibilité entrevue par le gouvernement de leur accorder des permis de travail, donc une possibilité de séjour légal, l’Algérie a toutes les chances de devenir officiellement un pays d’accueil de l’immigration subsaharienne. Elle aura à gérer toutes ces catégories de migrants et chacune mérite un traitement particulier.