Tizi Ouzou: «Vous prolongez votre mandat, nous prolongeons notre combat»

Tizi Ouzou: «Vous prolongez votre mandat, nous prolongeons notre combat»

A Tizi Ouzou, et malgré une météo défavorable et un ciel pluvieux durant la matinée et toujours chargé de nuages menaçants, la rue reste plus que jamais mobilisée et ne veut rien lâcher de ses revendications.

Le combat puisse-t-il être au long cours, comme le dit ce slogan, que rien ne viendra entraver, au vu de la hargne et de la détermination affichées par les dizaines de milliers de manifestants qui ont envahi la ville sur un parcours de plus de trois kilomètres.

Dans une ambiance festive et haute en couleur, mettant un point d’honneur à exhiber, côte à côte le drapeau national et la bannière amazighe, femmes et hommes, jeunes et moins jeunes, les marcheurs reprenaient en chœur les chants et les slogans de la révolte exprimant les revendications citoyennes portées dans la rue depuis le 22 février 2019. «Système dégage, le peuple veut un Etat bâti sur les institutions et non sur les clans !», porté par un citoyen sur une affiche. Un slogan qui revient dans les bouches et les banderoles de nombreux marcheurs. Des marcheurs qui enrichissent leur catalogue de slogans et leur sémantique contestataire, sans doute pour faire écho aux développements récents sur la scène politique. Première cible, certaines capitales visitées par le vice-Premier ministre Lamamra et Brahimi et soupçonnées de vouloir peser sur les événements en cours en Algérie. «Ni Washington, ni Paris, c’est le peuple qui désigne son Président» scande un citoyen. «Berlin, Paris, Moscou, Lamamra et Brahimi ne sont pas mandatés pour parler au nom du peuple», interpelle un autre. «Le divorce avec la France doit être acté», lit-on sur une affiche portée par un manifestant, la soixantaine environ.

Les figures et les hommes de la « Bouteflikie » brocardés !

Deuxième cible de la colère citoyenne, toutes les figures et tous les partis qui ont fait allégeance à Bouteflika et tous ceux qui , après avoir longuement défendu le cinquième mandat de Bouteflika jusqu’à ses offres politiques pour le prolongement de son mandat, ont été brocardés par les marcheurs qui portaient des portraits à l’effigie de Bouchareb, Ouyahia, Ghoul, Sidi Saïd à qui un niet catégorique a été signifié et leur ralliement considéré comme tardif et tactique à la cause de la rue rejeté. «Vous avez échoué, partez !» ; «FLN dégage !» scandent plusieurs manifestants. «Après le départ, ça sera l’heure de rendre des comptes», lit-on sur plusieurs affiches.

Une révolte de tous les possibles

Certains marcheurs se mettent déjà à rêver des lendemains meilleurs Pour beaucoup de manifestants, tous les espoirs sont permis après la révolte citoyenne. «Notre Algérie nous fait rêver de nouveau», proclame un jeune trentenaire sur une pancarte.

«La nouvelle Algérie est ravissante sans vous », proclame une femme. Porté par l’euphorie de la révolte, certains se mettent déjà à rêver de la nouvelle Algérie toujours fantasmée mais interdite et étouffée.

S. A. M.