Terroriste, espionnage et réconciliation nationale: Les dernières révélations de Ksentini

Terroriste, espionnage et réconciliation nationale: Les dernières révélations de Ksentini

Nous avons fait ce que nous avions à faire et avons remis des compensations financières aux familles des disparus avec leur consentement.

L’ex-président de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l’homme cncppdh Farouk Ksentini jette un pavé dans la mare, voire plusieurs.

Dans un long entretien qu’il a accordé à notre confrère arabophone El Fedjr, il livre des révélations pour le moins tonitruantes.

A partir de sa retraite bien méritée il affirme qu’il est toujours sollicité par des diplomates étrangers tout en précisant qu’il se refuse à s’engager dans des affaires qui ne le regardent pas.

A en croire Ksentini qui a présidé la cncppdh pendant plus de 16 ans, nombreux sont ceux des cols blancs qui tentaient de l’approcher avec des velléités «d’espionnage». «Beaucoup voulaient s’enquérir de la situation des droits de l’homme et autres dossiers sensibles qui ne concernent que l’Algérie et les Algériens.

Les diplomates étrangers tendent encore à rencontrer des officiels algériens dans différentes institutions gouvernementales et non gouvernementales afin de s’enquérir de la moindre information», révèle Ksentini qui cite des pays occidentaux particulièrement intéressés par ces sujets comme la France, la Grande-Bretagne, l’Espagne, l’Italie et les Etats-Unis. Selon lui, les diplomates arabes n’ont à aucun moment exprimé le voeu de le rencontrer pour un quelconque motif, exception faite de l’ambassadeur du Koweït qui l’aurait approché en 2003 voulant s’entretenir avec lui au sujet du défunt président irakien Sadam Hussein, une demande à laquelle a répondu Ksentini par un niet catégorique. Interpellé sur l’activité de l’actuel Conseil national des droits de l’homme, il dira que ce dernier n’a livré aucun travail notoire capable de le distinguer alors qu’il vient tout juste d’être installé, c’est-à-dire à l’issue du dernier amendement de la Constitution. Ksentini laisse néanmoins entendre que ce même Conseil aura à communiquer sur certains dossiers à la faveur de la prochaine rentrée sociale. Aussi, évoque-t-il la question des migrants subsahariens en Algérie.

A en croire Ksentini, la sagesse exigerait que ces migrants soient immédiatement transférés dans leur pays d’origine au risque de constituer plus tard une vraie bombe à retardement pour le pays.

«L’Algérie donne la priorité aux Algériens, surtout que nous sommes en butte à une crise financière dont les retombées seront difficilement supportables à l’avenir si l’on venait à s’encombrer de ces immigrants. Ces derniers sont une réelle menace pour la sécurité et la sagesse voudrait que l’aide leur soit octroyée in situ c’est-à-dire dans leurs propres pays. Plus loin Ksentini rappelle sa rencontre avec différentes parties dans le cadre du projet portant Réconciliation nationale. «J’ai rencontré des terroristes notoires, d’ex-militaires, des disparus et autres victimes de la tragédie nationale» dit-il, tout en signalant qu’il jouait à chaque fois son rôle d’émissaire dans cet épineux dossier.

«Généralement les cas douloureux étaient légion, néanmoins j’ai été très touché par le dossier de la Réconciliation nationale et celui, très compliqué, des disparus.»

L’Algérie était à l’époque exposée à de nombreux tirs souvent internationaux, puisque des pays ne se privaient pas de faire part de leurs critiques vis-à-vis de la question. «Nous avons fait ce que nous avions à faire et avons remis des compensations financières aux familles des disparus avec leur consentement.

Un pas des plus positifs me concernant, surtout que l’alternative de la compensation financière n’était pas initialement acceptée par les victimes», indique-t-il. Abordant le thème de la surpopulation dans les prisons, Ksentini affirme qu’en dépit de la construction de nouveaux établissements pénitentiaires, le phénomène demeure. Il reconnaît par ailleurs que les conditions d’accueil des prisonniers sont nettement meilleures et ce conformément aux instructions du président de la République.

Ksentini note que le recours systématique à la détention provisoire fait que le nombre de détenus augmente sensiblement.