Les opérations de secours se poursuivaient jeudi après une catastrophe sans précédent dans une centrale électrique de Sibérie, dont l’ampleur a poussé le Premier ministre Vladimir Poutine à exiger l’inspection de tous les sites stratégiques du pays.
Le bilan de l’accident survenu lundi à Saïano Chouchenskaïa, dans la région de Khakassie, s’établit à présent à 17 morts et 58 disparus, a indiqué une porte-parole de l’antenne locale du ministère des Situations d’urgence, Irina Boutenko.
« Il y a énormément de travail, et c’est très dur », a-t-elle dit.
M. Poutine, qui a annoncé son arrivée sur les lieux pour vendredi, s’est emporté jeudi contre ce qu’il a qualifié de manque de « discipline » dans l’entretien des sites de ce genre.
« Ce qui arrive sur nos routes et aux infrastructures technologiques complexes ressemble à des informations provenant des zones de guerre », a-t-il souligné, dans une allusion aux pertes humaines et importants dégâts matériels enregistrés.
« Les récents événements tragiques ont montré qu’il fallait procéder à une inspection sérieuse de toutes les infrastructures stratégiques et vitales », a-t-il ajouté.
Les causes de l’accident de Tcheriomouchki demeurent pour l’instant obscures : « Il s’agit de (l’événement) le plus important et le plus inexplicable qui se soit jamais produit dans une centrale électrique », a déclaré le ministre de l’Energie Sergueï Chmatko sur place.
« Cet accident est unique, on n’en comprend pas la nature. Rien de semblable n’a jamais été observé dans le monde », a renchéri le ministre des Situations d’urgence Sergueï Choïgou dans une interview jeudi.
« De ce fait, beaucoup de nos collègues y compris étrangers nous adressent des demandes, car ils souhaitent vérifier leurs propres structures et éviter que la même chose s’y produise », a-t-il ajouté.
Environ 2.000 personnes, secouristes, experts et employés, sont actuellement mobilisées sur les bords du grand fleuve Ienisseï pour fouiller et déblayer les débris de la centrale hydroélectrique, dont le tiers a été détruit dans le drame de lundi.
Le site, construit il y a 30 ans par le pouvoir soviétique en Sibérie, à environ 4.300 kilomètres à l’est de Moscou, est le plus gros ouvrage de son genre en Russie et l’un des plus puissants du monde.
Selon les autorités, la structure du gigantesque barrage n’a pas été touchée par l’accident. Le ministre des Ressources naturelles Iouri Troutnev a de son côté assuré qu’il n’y avait pas lieu de parler de « désastre écologique », alors qu’une importante fuite de produits pétroliers et la mort d’une grosse quantité de truites (400 tonnes) ont été signalées.
Six des 17 cadavres retrouvés jusqu’ici ont été enterrés jeudi après une cérémonie au centre culturel de Tcheriomouchki, en présence de quelque 1.500 personnes. Les corps, disposés dans des cercueils, ont été bénis par des prêtres orthodoxes, tandis que l’assistance pleurait ou priait, des bougies à la main.
Des dizaines d’autres, dans un couloir, scrutaient attentivement la liste officielle des 58 personnes portées disparues. « Il y a tellement de gens que je connais. C’est une petite ville, nous sommes tous voisins, amis », a déclaré une femme, Natacha, ravalant ses larmes.
Une psychologue travaillant sur les lieux du drame, Svetlana Michkova, a souligné pour sa part que les bouffées d’émotion des proches des victimes tendaient à présent à laisser place à la résignation.
« Il y a eu moins de scènes et de colères ces dernières 24 heures », a-t-elle témoigné. « Je pense que la plupart des gens ont commencé à se préparer à les voir revenir morts », a-t-elle dit.