Retrait de l’impôt sur la fortune : Polémique sur un projet mort-né

Retrait de l’impôt sur la fortune : Polémique sur un projet mort-né

La coalition et l’opposition qui se livrent à une bataille rangée durant cette campagne vont s’échanger des tirs croisés lors de l’adoption du projet de loi de finances 2018.

Un projet mort-né. L’impôt sur la fortune, qui vient d’être supprimé par la commission parlementaire des finances risque de provoquer une grande polémique au sein de la classe politique et médiatique. Cette question qui a animé les débats va encore donner du fil à retordre aux partis. La coalition et l’opposition qui se livrent à une bataille rangée durant cette campagne vont s’échanger des tirs croisés lors de l’adoption du projet de loi de finances 2018. Des réactions critiques ont été enregistrées au lendemain de l’annonce de cette décision. Le Parti des travailleurs qui a fait de cette revendication son cheval de bataille a été le premier à dénoncer ce revirement. Le PT accuse directement le lobby des hommes d’affaires d’être derrière cette décision. «Le puissant lobby des hommes d’affaires présents à l’APN et dans la sphère du pouvoir font tomber l’impôt sur la fortune, pourtant, d’une banalité incroyable, proposé par le gouvernement», écrit le député Ramdane Youcef Taâzibt sur sa page Facebook. Selon lui,«par la suppression de l’ISF, les pouvoirs publics démontrent l’absence de toute volonté de réforme de la politique d’imposition dans notre pays. l’Algérie est l’un des rares pays au monde où l’impôt sur le revenu global(IRG) versé par les travailleurs et les retraités est largement supérieur à l’apport de l’impôt sur les bénéfices des sociétés (IBS). Il a avancé que 25% de l’assiette fiscale provient de l’IRG et seulement 15% proviennent de l’IBS». «Le gouvernement n’a ni le courage ni la volonté politique, d’aller chercher l’argent là où il est disponible (12.000 milliards de DA d’impôts non recouvrés, 800 milliards DA de crédits non remboursés, 20 milliards de dollars de surfacturation dans le commerce extérieur, 400 milliards de DA de réévaluation des marchés…», a-t-il déploré. Le PT regrette qu’une Assemblée populaire nationale se mette au service des hommes d’affaires au lieu de défendre les couches sociales. Le PT n’est pas le seul à avoir réagi. Le président du Front de l’Algérie nouvelle, Djamel Benabdeslam a regretté la suppression de l’impôt sur la fortune, tout en contestant le maintien des taxes sur les carburants. «Les députés font preuve de solidarité avec les riches et abandonnent les couches défavorisées», a-t-il affirmé. Contacté par nos soins, le responsable du FAN affirme que l’écart va s’élargir davantage, entre les riches et les pauvres avec cette injustice dans le paiement du fisc. «Certaines catégories sont épargnées du paiement du fisc, alors que de l’autre côté on multiplie les charges sur le simple citoyen», a-t-il dénoncé. De leur côté, les partis de la coalition donnent une autre version. «Ce n’est ni une annulation ni un revirement, mais plutôt un report de l’application de cette décision», a soutenu le porte-parole du Parti Tajamoue amal el Djazair, TAJ, en guise de justification. Joint par téléphone, Nabil Yahyaoui avance que cette question a fait l’objet d’un consensus entre les partis de la majorité et le gouvernement. Selon lui, vu l’absence d’une plate- forme qui permet d’appliquer cette disposition sur le terrain, il a été décidé de la reporter. Le député FLN, Mouaâd Bouchareb, membre de la commission a avancé les mêmes raisons. Pour lui, devant l’absence d’un Fichier national, il est impossible d’appliquer cet impôt dans un délai proche. Ce n’est pas tout. Il a même rappelé que le système d’impôt n’est pas modernisé pour permettre un tel recouvrement. «Vu ce retard, il a été décidé de supprimer cette disposition du projet de loi de finances 2018», a-t-il argumenté. Ces arguments sont loin de tenir la route pour les spécialistes et les partis de l’opposition. Ce qui est certain est que le débat risque de faire tache d’huile.

Nadia Benakli