Résolution du conseil de sécurité sur la colonisation israélienne: L’arrogance de l’Etat hébreu

Résolution du conseil de sécurité sur la colonisation israélienne: L’arrogance de l’Etat hébreu

A l’instar des quatre pays qui ont repris le texte abandonné par l’Egypte, après intervention du président nouvellement élu Donald Trump, l’ambassadrice de France a été convoquée au ministère israélien des Affaires étrangères pour s’entendre reprocher le choix de l’Elysée.

Comme il y a un an, lors des attentats contre Charlie Hebdo puis ceux de novembre à Paris, l’appel du ministre israélien de Défense Avigdor Lieberman à l’adresse des juifs de France invités à quitter le pays pour rejoindre Israël suscite une pluie de commentaires. Un des plus intéressants aura été celui que la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, a publié sur sa page Facebook.

Posant une question rhétorique, elle se demande s’il ne fallait pas préciser le nombre d’Ukrainiens qui ont émigré en Israël au cours des trois dernières années. «Ce qui était chuchoté ces dernières années est actuellement déclaré officiellement. Il serait peut-être utile de préciser également le nombre d’Ukrainiens qui ont déménagé en Israël lors de ces trois dernières années?», s’est-elle malicieusement interrogée.

La déclaration est intervenue à quelques encablures de la prochaine conférence internationale pour la paix au Proche-Orient, qui doit se tenir en janvier à Paris. Avigdor Lieberman a ainsi qualifié cette conférence, que Netanyahu a balayée d’un revers de la main quand Jean-Marc Ayrault, ministre français des Affaires étrangères, a osé la lui présenter, de «tribunal contre Israël», qui porterait atteinte à «la sécurité et à la renommée» de l’Etat hébreu.

Malgré les critiques et les mises en garde qui sont venues de nombreuses organisations sionistes, la France compte bien organiser cette rencontre, avec la participation de 70 pays, mais sans les Israéliens ni les Palestiniens, dans le but de réitérer le soutien de la communauté internationale à une solution au conflit israélo-palestinien sur la base de deux États. Avec cette conférence, Paris espère réactiver le processus des «négociations» pour aboutir à la solution à deux États, basée sur les frontières de 1967, que rejettent farouchement, sans toutefois le crier haut et fort, le gouvernement Netanyahu et la majorité des Israéliens avec lui.

Il se trouve que la France a voté vendredi dernier en faveur de la résolution du Conseil de sécurité de l’ONU «recommandant à Israël de mettre fin à la colonisation des territoires palestiniens occupés». A l’instar des quatre pays qui ont repris le texte abandonné par l’Egypte sur intervention du président nouvellement élu Donald Trump, tous quatre en butte à des mesures de rétorsion, l’ambassadrice de France a été convoquée au ministère israélien des Affaires étrangères pour s’entendre véhément reprocher le choix de l’Elysée.

Et pour bien signifier son mépris habituel et son arrogance sans pareille vis-à-vis de tout ce qui ne consacre pas son statut d’Etat et de peuple «élus», Israël a bruyamment annoncé qu’un comité de planification doit discuter aujourd’hui de la délivrance d’un permis de construire pour 618 logements à El Qods, dans la partie de la ville sainte occupée et annexée par l’Etat sioniste. Peu importe que la colonisation israélienne, notamment à El Qods, soit considérée illégale par la communauté internationale et comme un obstacle inquiétant à la paix sur la base d’une solution à deux Etats. Aujourd’hui, ce sont 430.000 colons israéliens qui exploitent la Cisjordanie occupée et 200.000 autres sont à El Qods, la partie palestinienne dont l’annexion n’a jamais été reconnue par la communauté internationale.

Ainsi, la duperie des soi-disant pourparlers de Camp David et d’Oslo est-elle affichée sans vergogne par Israël qui n’a cure du paraphe de ses anciens dirigeants, publiquement engagés dans le processus qui a, de surcroît, été parrainé par les grandes puissances. Faisant la course contre la montre, Netanyahu et ses affidés, adeptes d’un extrémisme prétendument religieux, mènent la politique du fait accompli et tentent de rendre réellement impossible la création d’un Etat palestinien dans les territoires occupés en juin 1967.

Voilà pourquoi la réaction face au Conseil de sécurité paraît hystérique car elle atteint l’Etat hébreu dans sa démesure et sa certitude d’une impunité absolue. Tzipi Hotovely, ministre adjointe aux Affaires étrangères, a averti «ceux qui viennent en Israël pour apprendre sur la lutte antiterroriste, la cyberdéfense, les technologies agricoles» de «ne pas faire ensuite ce qu’ils veulent à l’ONU» tandis que la réaction la plus violente est venue de Netanyahu lui-même qui a annulé une réunion avec la Première ministre britannique Theresa May au Forum de Davos (Suisse), en janvier, et gravement mis en cause le président Barack Obama qu’il accuse d’être l’artisan d’«un coup anti-israélien honteux aux Nations unies». Et pour cause, c’est pour la première fois, depuis 1979, que les Etats-Unis n’ont pas mis leur veto à une résolution du Conseil de sécurité sur Israël et tous ses nombreux dépassements. Là encore, l’arrogance de Netanyahu face au président américain aura été, au bout du compte, pour quelque chose…