Projet d’égalité entre homme et femme à l’héritage : Débat en Tunisie, agitation d’islamistes en Algérie

Projet d’égalité entre homme et femme à l’héritage : Débat en Tunisie, agitation d’islamistes en Algérie

Le débat en Tunisie sur l’égalité en héritage et en mariage entre hommes et femmes prend une tournure maghrébine. Il irrite surtout le camp islamiste, comme en témoigne la dernière réaction pour le moins virulente d’Arribi et de l’Association des oulémas algériens.

La volonté du Président tunisien d’adopter l’égalité entre hommes et femmes dans l’héritage n’a pas été du goût des milieux islamistes algériens, qui n’hésitent pas à qualifier cette démarche de «régression» et de «soumission» à une minorité nationale, fortement soutenue par les Occidentaux. Connu pour ses positions qui suscitent des polémiques, le député du Parti pour la justice et le développement (PLJ), Hassein Arribi, est allé jusqu’à dire que « le Président tunisien a déclaré la guerre à Dieu et son Prophète en demandant au gouvernement de modifier les lois du pays de sorte à autoriser les femmes tunisiennes à se marier avec des étrangers non musulmans », se permettant de s’interférer dans les affaires internes d’un pays souverain.

Poursuivant ses attaques contre les projets du Président tunisien, Arribi incite directement les Tunisiens, notamment les hommes de religion, à s’insurger contre leurs instances républicaines démocratiquement élues en présence d’observateurs des quatre coins du globe. « Où sont les oulémas de la Tunisie après cette sortie de leur Président ? » s’est-il interrogé. Pour lui, il s’agit d’une injonction de l’administration américaine et des sionistes. « C’est un plan d’action sioniste qui vise à chasser la char’ia et à éloigner les musulmans de leur religion », a-t-il ajouté. Avant de s’attaquer à la politique socioéconomique du Président tunisien. « Il vous est

demandé de faire l’égalité dans la répartition des richesses du pays », a-t-il dit. Encore une fois, le député adopte une idéologie djihadiste qui appelle clairement au renversement du régime en Tunisie et à l’avènement d’un Etat théocratique. Le code pénal algérien et les autres textes régissant la lutte antiterroriste pénalisent ce genre de déclarations « irresponsables » d’un élu du peuple.

De son côté, l’Association algérienne des oulémas algériens s’est alignée sur les voix hostiles au programme du Président tunisien. L’association a partagé une contribution de la militante islamiste tunisienne Leïla Elouad qui demande à son président de respecter la charia et de faire l’égalité sociale entre les Tunisiens. « Je m’attends à un discours qui annonce l’égalité entre les régions du pays », a-t-elle écrit.

Selon elle, l’application de l’égalité d’héritage va créer des conflits au sein des familles tunisiennes. « Combien de familles vont connaître des conflits en raison de la volonté du frère de prendre sa part selon la charia et la sœur qui veut appliquer la loi ? », s’interroge-t-elle. Avant de conseiller le président de son pays à bien se préparer à l’après la mort.

Nous notons également que le discours du chef de l’Etat tunisien a soulevé un tollé de réactions sur le réseau social Facebook. La plupart des commentaires critiquent le projet annoncé, mais d’autres l’ont salué, à l’image de l’écrivain Arezki Aït Laârbi qui s’est félicité de la nouvelle.