Premiers effets du blocage des importations: Les étals se vident et les prix flambent

Premiers effets du blocage des importations: Les étals se vident et les prix flambent

Cette situation fait le bonheur des vacanciers qui ont signé le grand retour du «trabendo» en revenant au pays avec des valises pleines des produits qui sont en rupture. «Ça paye le voyage»…

Les étals des supermarchés et épiceries du pays se vident doucement, mais sûrement…! Il ne s’agit pas d’un film des années 1980, mais de l’Algérie de 2017.

En effet, les premiers effets du blocage des importations commencent à se faire ressentir. Des vides sont constatés dans les magasins, notamment d’alimentation, que les commerçants n’arrivent plus à remplir! «J’ai passé toute ma journée de samedi à chercher le café français que j’avais l’habitude de consommer ainsi que les petits gâteaux turcs que mes enfants affectionnent. J’ai fini par renoncer…», raconte Lamia, une habitante d’un quartier chic de la capitale.

Chose que confirment les commerçants d’Alger qui avouent qu’ils ont du mal à s’approvisionner, particulièrement en ce qui concerne la confiserie industrielle, le chocolat et les cosmétiques. «Les produits importés ayant été bloqués, on s’est tourné vers les produits locaux. Mais comme la demande est forte, même eux ne sont pas disponibles en quantité suffisante», regrette Djamel, propriétaire de plusieurs supérettes à travers le pays. Ce commerçant qui souligne la difficulté qu’il trouve pour s’approvisionner ces derniers temps n’omet pas de mettre en cause certains grossistes qui profitent de la confusion pour faire de la spéculation. «Les prix chez les grossistes commencent à flamber, ce qui va nous obliger nous aussi à augmenter les prix», fait-il savoir. Chose que confirme Alilou, propriétaire d’une parfumerie. «Des grossistes ont augmenté leurs prix au lendemain de l’annonce du blocage des importations de certains produits cosmétiques alors que d’autres ont carrément choisi de cacher leurs stocks pour les revendre rubis sur l’ongle une fois la pénurie de ces produits d’importation installés», assure-t-il. «Sinon comment expliquez-vous que quelques jours à peine après l’annonce du gouvernement, des produits étaient déjà indisponibles sur le marché alors que, selon les importateurs, des stocks d’au moins deux mois sont censés être disponibles?», ajoute-t-il en précisant qu’il ne dédouanait pas les importateurs ni les détaillants. «Car, même certains d’entre eux sont en train de jouer aux apprentis spéculateurs», regrette-t-il.

Résultat des courses: des augmentations qui vont jusqu’à 100 dinars sur les produits cosmétiques, de même sur l’agroalimentaire. «Et cela ne touche pas que les produits importés, puisque même ceux fabriqués localement connaissent une hausse du fait de la forte demande qui est retombée sur eux alors que les quantités produites sont loin de recouvrir la demande nationale», constate amèrement, Mehdi, un père de famille qui dit bien ressentir la crise depuis la fin du mois sacré du Ramadahn. «Avant de penser à ces licences d’importation, il faut d’abord se demander si la production nationale arrive à couvrir tous les besoins? A mon avis, on est en train de «dérouler» le tapis rouge à une inflation des plus incontrôlables», estime ce père de famille, qui est économiste de formation. Il va plus loin en affirmant que cette inflation se fait déjà ressentir alors que l’on n’est qu’au début de ce dispositif. «C’est simple, pouvez-vous acheter avec 1000 dinars la même chose aujourd’hui comme il y a deux mois? évidement non! Donc…», regrette t-il en ayant peur que cela ne mène le pays vers une pénurie sans égal.

Il faut avouer que depuis l’arrivée du président Bouteflika au pouvoir en 1999, le niveau de vie des citoyens s’est grandement amélioré. Ils se sont habitués à un certain confort que l’on ne peut «bloquer» d’un coup…! Au gouvernement de trouver la parade pour faire accepter aux Algériens cette nouvelle donne, où ils devront serrer la ceinture pour éviter que le pays ne se retrouve à la «banqueroute».

La démarche sera difficile à faire accepter, mais Tebboune doit trouver la recette pour expliquer les enjeux de sa démarche. L’idée générale qui consiste à débarrasser la facture des importations de produits superflus, estimée à 7,8 milliards de dollars, l’objectif que s’est fixé le gouvernement de réduire la facture d’importation de 15 milliards de dollars en 2017. Mais pour cela, il doit d’abord montrer l’exemple.

En attendant, les Algériens ont trouvé la parade avec le «trabendo» qui est en train de faire son grand retour…Les vacanciers rentrent au pays avec des valises pleines de produits qui sont en rupture. «Ça paye le voyage»…