Le premier ministre malien à Kidal: L’accord d’Alger progresse pas à pas

Le premier ministre malien à Kidal: L’accord d’Alger progresse pas à pas

L’Etat malien était absent de ces zones contrôlées par la CMA (Coordination des mouvements de l’Azawed, la rébellion touarègue) depuis mai 2014, lorsqu’il y eut de violents combats qui ont compromis la visite du Premier ministre de l’époque Moussa Mara…

Par-delà les critiques et les réserves qui accompagnent régulièrement la mise en oeuvre de l’accord d’Alger, compte tenu des retards enregistrés pour lesquels aussi bien la communauté internationale représentée par l’ONU que l’Union africaine ont haussé le ton à diverses reprises, voilà que le Premier ministre malien Soumeylou Boubeye Maïga s’est enfin rendu hier à Kidal, bastion de l’ex-rébellion dans le nord du Mali, ce qui constitue une première depuis près de quatre ans.

L’hélicoptère transportant M.Maïga et sa délégation est arrivé jeudi dernier sur la base de la Mission de l’ONU (Minusma), où le chef de la Minusma, Mahamat Saleh Annadif, l’accueillait avec la satisfaction que lon devine. M.Maïga était accompagné par huit ministres au cours de cette importante tournée dans le nord et le centre du pays, commencée par une étape à Tessalit (nord-est), près de la frontière algérienne. Là, il a dû passer la nuit après le report à vendredi de l’étape hautement symbolique de Kidal, pour des raisons météorologiques selon les indications fournies par les autorités du pays.

Jeudi matin, une attaque contre le camp de la Mission de l’ONU (Minusma) et de la force française Barkhane avait fait cinq blessés légers parmi les militaires français, d’après l’état-major des armées à Paris, ainsi que des dégâts matériels. Le chef de la Minusma a d’ailleurs condamné cette attaque, qualifiée dans un communiqué diffusé le jour même de «lâche attentat» commis par les ennemis de la paix dans le but d’entraver ces évolutions positives symbolisées par la visite du Premier ministre à Kidal, une visite qui est «un signal fort en faveur de la paix et la réconciliation au Mali». Réagissant de son côté, la ministre française des Armées Florence Parly a elle aussi estimé à Paris qu’il existait «très probablement un lien entre cette attaque et l’intention exprimée par le Premier ministre malien de se rendre à Kidal».

L’Etat malien était absent de ces zones contrôlées par la CMA (Coordination des mouvements de l’Azawed, la rébellion touarègue) depuis mai 2014, lorsqu’il y eut de violents combats qui ont compromis la visite du Premier ministre de l’époque Moussa Mara et entraîné une lourde défaite pour l’armée malienne. Une exception, en octobre 2016, à la faveur de la rentrée des classes quand le gouverneur de Kidal participa à une cérémonie de levée des couleurs nationales demeurée sans lendemain compte tenu de l’instabilité qui prévalait dans toute la région nord du Mali.

L’accord d’Alger, en traçant concrètement les mesures indispensables à la restauration de la paix et à une politique de développement qui constitue une des revendications principales de la rébellion touarègue, a permis d’apaiser les tensions et de concilier les exigences d’un Etat malien souverain avec les attentes des populations frustrées d’avoir été longtemps laissées pour compte.

Sans doute, la réalisation des différentes étapes prévues par l’accord d’Alger a-t-elle buté sur un certain nombre de difficultés plus ou moins prévisibles. D’une part, le gouvernement central a mis du temps pour implanter les structures régionales intérimaires prévues et dégager le programme économique et sécuritaire afférent, d’autre part certaines factions terroristes avaient tout intérêt à freiner, faute de pouvoir le démolir, le processus. En outre, il fallait s’attendre à une réaction hostile des milieux affairistes qui ont prospéré depuis des années grâce aux nombreux trafics et notamment celui des armes et de la drogue.

Aussi, cette visite du Premier ministre Soumeylou Boubeye Maïga à Kidal prend tout son sens et son importance, en tant qu’étape déterminante dans le processus de réconciliation initié grâce aux dispositions pertinentes de l’accord d’Alger pour la réussite duquel l’Algérie a oeuvré et travaille toujours fortement.