Point Net Images du grand sud

Point Net Images du grand sud

ima.jpgLes images sont toujours belles en ces contrées et le savoir-faire audiovisuel n’y est souvent pour rien. La vie beaucoup moins quand même. Mais les images du sud du pays diffusées à profusion ces derniers jours sur l’ENTV sont surtout pathétiques.

Parce qu’en l’occurrence, la bonne intention n’était pas de resservir les clichés éculés et le travelling exotique, l’effort devait nous suggérer d’autres perspectives pour cette région.

Le problème c’est que les perspectives de développement ne peuvent pas être «vendues» par des images qui n’esquissent toujours aucun projet d’envergure.

En tentant laborieusement de nous convaincre que l’agriculture et le tourisme sont en train de se développer au point d’augurer une prospérité imminente, ceux qui sont derrière cette «campagne» se bercent d’… images et de son.

La caméra s’arrête sur une belle pastèque semblant perdue au milieu d’herbes folles d’où émergent, par endroits, de rachitiques plants de maïs.

L’«agriculteur», qui avait plus la mine d’un jardinier blasé que d’un pionnier des grands espaces nourriciers, semblait être le premier surpris qu’on s’intéresse à lui pour si peu. «Notre grand problème est le manque d’eau», clame-t-il, comme quelqu’un qui se sent obligé de dire quelque chose.

Ah, bon, il manquerait donc de l’eau pour quelques mètres carrés de bric et de broc dans un endroit et à un moment où il était question d’immenses étendues à mettre en valeur, d’alignements à perte de vue de pivots crachant le liquide vital et d’expériences uniques en matière de cultures intensives. A la place de «tout ça», le zoom a capté le regard hagard d’un homme sans illusion, une grossière pioche à la main.

C’est vraiment raté pour l’agriculture du grand sud, si on n’a que ça à montrer. Autres images, celles qui devaient nous rassurer sur la santé retrouvée du tourisme et promouvoir la destination Algérie.

Comme là non plus il n’y a aucun projet sérieux qui se profile à l’horizon, la caméra est allée traquer quelques touristes, tout aussi ébahis que le micro leur soit tendu aussi généreusement rien que pour le fait d’être là, dans un camping propret sans plus ou dans une randonnée à travers des ksour en convalescence chronique. Là, le tour-opérateur semblait un peu plus dans sa vocation, mais ne s’enthousiasmait pas outre mesure.

Il sait, depuis le temps que ses efforts – visibles – ne remplaceront jamais une politique et des projets d’Etat. Il sait l’ampleur du retard accumulé.

Il sait aussi que l’entreprise est trop grande pour se suffire de mesurettes sans lendemain. L’agriculture, comme le tourisme dans le grand sud, sont des affaires trop sérieuses pour bercer qui que ce soit par des images. Surtout quand elles sont aussi pathétiques.