Expérimenté depuis un an, ce système crée des pénuries et provoque la flambée des prix.
L’institution des licences d’importation élargie aux produits en revente en l’état, c’est-à-dire finis, aura un impact négatif sur le pouvoir d’achat des citoyens ainsi que sur les réserves en devises du pays. C’est ce que révèle un spécialiste du commerce extérieur qui a tenu à garder l’anonymat.“Le prix de référence de la banane a été fixé par le ministère du Commerce à 650 dollars la tonne alors que sur les marchés internationaux, le prix de la banane est proche de 230-300 dollars”, a souligné le même spécialiste. Le citoyen paiera donc plus cher la banane. Au lieu d’arriver à 200-250 DA, elle sera cédée à 350 DA sur nos marchés, assure-t-il. La facture d’importation sera donc plus importante. Ce qui aura un impact négatif sur les réserves de change du pays.
C’est ce qui s’est passé pour la licence d’importation sur le rond à béton. Le prix au client final, c’est-à-dire aux entreprises du BTP, s’est avéré 130% plus cher.
Autre effet pervers de la licence d’importation : elle crée des oligopoles, ajoute-t-il.
On a 5 à 6 importateurs pour la banane.
“L’État veut ainsi créer des lobbies comme dans les années 90. On avait une poignée d’importateurs, voire seulement 2 à 3 importateurs, chacun accaparait le marché d’un produit.”Attention à la surfacturation et à la corruption !
Le système des quotas crée également des pénuries. En d’autres termes, ce rationnement crée un déséquilibre entre l’offre et la demande qui fait flamber les prix. Il convient de se rappeler qu’en 2016, l’institution des licences d’importation a provoqué la rareté de produits, notamment du ciment, ainsi que des véhicules, qui a conduit à la flambée des prix de ces deux produits. Aujourd’hui, le véhicule entrée de gamme est cédé entre 140 et 170 millions de centimes, alors qu’il était cédé auparavant entre 120 millions de centimes-150 millions de centimes.Ce spécialiste préconise des marges administrées pour éviter que les prix dérapent. Le prix final est fixé par le ministère du Commerce ou la douane en tenant compte de la moyenne des prix sur les marchés internationaux. Ce qui empêchera les importateurs de spéculer ou de surfacturer, a-t-il ajouté. En outre, l’administration du commerce n’a pas sans doute les ressources humaines suffisantes pour autoriser et gérer des licences pour des milliers de produits. Cette situation ouvre la voie à un labyrinthe de procédures et d’autorisations, bref à toute une bureaucratie. À cela se conjugue l’absence de transparence sur les quotas. Ce qui favorise la corruption.
“L’économie ne se régule pas par la réduction des importations, mais par des mesures incitatives : développer un cadre normatif (institution de normes) qui permette de n’importer que des produits conformes, de qualité et qui ne portent pas atteinte à la santé ou à la sécurité des consommateurs, l’imposition d’une TVA à l’arrivée du produit en plus de celle au dédouanement. Cette TVA payée dès l’arrivée de la marchandise au port remplacera celle facturée à la vente du produit sur le marché intérieur. Ce qui permettra de lutter contre le marché informel et d’empêcher les surstockages de produits”, suggère Mohamed Kessel, un autre spécialiste du commerce extérieur. Autre mesure incitative : encourager la production nationale.
L’Algérie devrait jouer également la carte historique du continent africain. Nelson Mandela a été formé dans les rangs de l’ALN. Des dirigeants ou décideurs africains ont été formés dans des écoles militaires en Algérie. Cet atout politique utilisé à bon escient pourrait ouvrir la voie à l’investissement ou à l’exportation des entrepreneurs algériens, voire l’attribution de contrats par les pays de l’Afrique subsaharienne. En un mot, ce spécialiste suggère une démarche rationnelle en vue développer les exportations hors hydrocarbures.
