Dans l’ombre des Slimani, Feghouli et autre Brahimi, Rais M’Bolhi réalise une première partie de Coupe du monde remarquable. Le gardien des Fennecs pourra-t-il stopper la machine allemande en 8es de finale ?
Si la Coupe du monde 2014, 20e du nom, fait la part belle aux attaquants avec près de trois buts par match en moyenne, les gardiens ne sont pas en reste. Guillermo Ochoa, après son récital face au Brésil, Julio Cesar, héros de la Seleçao contre le Chili samedi, mais aussi Vincent Enyeama, qui cristallise les craintes de l’équipe de France avant son 8e de finale contre le Nigéria et Faryd Mondragon, devenu le portier le plus âgé à disputer un Mondial (43 et 3 jours) face au Japon, ils sont plusieurs à avoir eu leur petit moment de gloire depuis l’entame de la compétition. Rais M’Bolhi, lui, fait peu la Une des journaux. Et pourtant. Le discret et taiseux gardien algérien réalise des prouesses au Brésil.
Décisif à chaque match
Contre la Belgique, en ouverture, il a longtemps retardé l’échéance avant de s’incliner deux fois dans les 20 dernières minutes (2-1). Rebelote lors de la victoire historique contre la Corée du Sud (4-2), dont il a maté la révolte à 3-0, puis face à la Russie (1-1), où son duel gagné devant Samedov alors que la marque était de 1-0 en faveur des hommes de Fabio Capello a pesé lourd dans la balance. Des performances qui font du gardien du CSKA Sofia la référence du tournoi selon la légende égyptienne du poste, Essam El-Hadary. «Toutes les sélections engagées dans cette Coupe du monde possèdent de grands gardiens, mais jusqu’à présent, le meilleur de tous est celui de la sélection algérienne Raïs M’Bolhi, qui a eu un grand rôle à jouer dans la qualification de son équipe au deuxième tour», a confié au Buteur le quadruple vainqueur de la Coupe d’Afrique des Nations.
Et dire que la place de n°1 du Franco-algérien de 28 ans, né à Paris et formé à l’Olympique de Marseille, n’a été assurée qu’au tout dernier moment. Contesté en club, où il n’a joué que 18 matches cette saison, M’Bolhi était en balance depuis plusieurs mois avec Mohamed Zemmamouche en sélection. Une situation loin d’être inconnue pour ce globe-trotter des terrains, passé par l’Ecosse, la Grèce, le Japon et la Russie en plus de la France* et la Bulgarie, qui avait lui-même «chipé» la place de Faouzi Chaouchi au Mondial 2010. Remplaçant lors du premier match contre la Slovénie (0-1), M’Bolhi s’était installé dans les buts pour les deux suivants contre l’Angleterre (0-0) et les Etats-Unis (0-1). S’il n’avait pu éviter l’élimination des Fennecs, l’ancien international des U16 et U17 français s’était déjà montré à son avantage, au point de figurer dans le onze type de la Fifa au terme de la première phase.
S’il continue sur cette lancée, il sera sans nul doute un des meilleurs gardiens arabes et africains qu’a connu l’histoire
— Essam El-Hadary
«Il a beaucoup de capacités, mais il n’a pas toujours trouvé les bons clubs pour jouer, indique son sélectionneur Vahid Halilhodzic sur RMC. Je lui fais confiance, beaucoup, même trop peut-être. Je lui fais confiance et à la fin, il me la rend parce qu’il fait une super Coupe du monde.» «S’il continue sur cette lancée, il sera sans nul doute un des meilleurs gardiens arabes et africains qu’a connu l’histoire», ose Essam El-Hadary. Testé par Manchester United avant le Mondial sud-africain, M’Bolhi, sous contrat jusqu’en 2016 avec le CSKA Sofia, aurait, selon le Corrierre dello Sport, été proposé aux deux clubs de Milan ces derniers jours. «C’est un super gardien. Il n’a pas encore eu la chance de jouer dans un très bon club européen, mais j’espère que cette Coupe du monde lui permettra de montrer son talent et de rejoindre une très belle équipe», poursuit son coéquipier Hassan Yebda. En attendant, l’Algérie compte sur son «mur» pour réussir un exploit retentissant contre l’Allemagne lundi en 8es de finale.
*Il a fait un retour discret en France en 2013 lors d’un prêt de six mois au GFCO Ajaccio.