La vague de contestation qui vient de secouer le pays démontre une nouvelle fois de plus que l’Algérie, nonobstant sa stabil ité sur le plan macroéconomique, trouve encore du mal à répercuter cette amél ioration de la superstructure économique sur la vie de tous les jours du citoyen.
L’Algérie un pays riche, une population pauvre, tentent de résumer certains observateurs qui mettent en confrontation les indicateurs macro-économiques et financiers du pays, bien consolidés pour la circonstance, et une situation sociale des plus explosives. Il est vrai que si l’on prend en compte uniquement la situation macroéconomique de l’Algérie, il y a actuellement très peu de pays en voie de développement qui bénéficie d’une telle bénédiction.
157 milliards de réserve de change, un Fonds de régulation des recettes de 4.316 milliards DA, une croissance positive de 4%, une dette extérieure insignifiante, un PIB nominal de 159 milliards de dollars en 2010 (171,6 milliards de dollars prévus en 2011 contre 139,8 milliards de dollars en 2009), les chiffres feront pâlir de jalousie n’importe quelle nation en développement.
Une bénédiction venue du ciel, dirons-nous. Mais, cela serait-il suffisant pour faire le bonheur des Algériens ? Assurément non, puisque les émeutes enregistrées dans plusieurs régions du pays sont venus démontrer que beaucoup reste à faire pour que l’aisance financière du pays soient effectivement ressentie par les citoyens.
Ce contraste de pays riche et population pauvre poursuivra nos gouvernants jusqu’à ce qu’ils arrivent à mettre le doigt sur les vraies préoccupations des gouvernés, notamment la frange juvénile qui souffre le plus de la crise dans laquelle se débat le pays. Au-delà des mots d’ordre brandis par les manifestants à travers le territoire national, et qui reste liés aux dernières hausses de certains produits de première nécessité, il faut dire que cette question ne constitue en réalité que la goutte qui a fait déborder le vase.
Le problème est bien plus profond et il tire sa substance du phénomène du chômage et du sous-emploi devenus endémiques, même si les chiffres officiels ne rendent pas réellement compte de la situation.
Le gouvernement estime à moins de 10% le taux de chômage général dans le pays et à près de 20% celui de la jeunesse. Mais, beaucoup d’observateurs contestent ces chiffres, assurent et pensent que le chômage des jeunes représenterait au moins 50 % de la population active.
Les grands chantiers lancés durant la dernière décennie (autoroute Est-ouest, barrages, tramways, métro…) ont certes contribué à la création de dizaines de milliers d’emplois, mais juste pour un temps puisque dès la fin des chantiers les travailleurs vont se retrouver, de nouveau, livrés à eux-mêmes. La vraie création d’emploi passe avant tout par la redynamisation du secteur industriel capable d’offrir des postes plus ou moins durables, donc plus stables.
Est-ce à dire que l’Etat n’a rien fait du tout pour venir à bout de cette problématique ? Il est vrai que l’exécutif a mis en place une multitude de dispositifs permettant de faire travailler les demandeurs d’emploi, mais cela reste insuffisant au vu de la masse des chômeurs et du problème de la qualification auquel se heurte la majorité d’entre eux.
En outre, si l’on analyse de près les enveloppes consommées par le pays durant cette période, il faut dire qu’il est profondément légitime de se poser des questions sur la raison qui fait que, malgré tout, les problèmes demeurent.
Entre 1999 et 2009, l’Algérie a engrangé pas moins de 500 milliards de dollars de revenus pétroliers. Les deux plans quinquennaux lancés durant cette période ont certes permis des améliorations dans certains domaines, notamment ceux du logement et de l’alimentation en eau potable, mais ils n’ont apparemment pas pu contribuer à améliorer le quotidien des Algériens.
A. Bachiri