Libiye, La chute d’Ajdabiya ouvre la voie de Benghazi et Tobrouk

Libiye, La chute d’Ajdabiya ouvre la voie de Benghazi et Tobrouk

Près d’un mois de l’insurrection sanglante en Libye, les insurgés installés dans la ville-clé d’Ajdabiya ont perdu hier le contrôle de la ville au profit des forces de Kadhafi, ouvrant la route de Benghazi, fief de l’insurrection et siège du Conseil national de résistance libyen.

Selon les témoignages des envoyés spéciaux de la presse internationale, embarqués avec les troupes de Kadhafi, la grande majorité des combattants et des civils ont choisi de fuir et n’ont pas opposé de resistance. Ajdabiya n’est située qu’à 160 km au sud de Benghazi.

Avant la chute de ce verrou qui contrôle l’accès vers la capitale des insurgés les forces gouvernementales ont mené hier des raids aériens et lancé l’artillerie lourde contre la ville, faisant au moins trois morts et une quinzaine de blessés, selon des médecins.

En outre, dans la nuit de lundi à mardi, l’hôpital avait déjà reçu deux morts et un homme ayant eu une main arrachée. Hier, depuis la fin de la matinée, de nombreux tirs de batteries antiaériennes résonnaient à l’ouest de la ville, noeud de communication stratégique à 160 km de Benghazi, désormais en première ligne des combats entre forces gouvernementales et insurrection. Les insurgés revenant du front ont déclaré avoir essuyé de violents bombardements, tandis que le bruit des tirs de roquettes s’amplifiait dans le centre-ville.

Entre les deux, une douzaine de blessés, dont un garçon d’une dizaine d’années, ont été amenés à l’hôpital, selon un journaliste, les médecins ont précisé que la plupart d’entre eux avaient été victimes de bombardements. D’un autre côté et selon des habitants, des combats sporadiques se poursuivaient à Brega, port pétrolier à 80 km à l’ouest repris dimanche par les forces gouvernementales. Il y a encore une semaine, les insurgés libyens étaient à Ben Jawad et se voyaient déjà prendre Syrte pour préparer l’assaut final de Tripoli. Mais, pour la plupart volontaires, mal encadrés et mal équipés, ils reculent face aux attaques de l’armée régulière. Une semaine et des dizaines de raids aériens plus tard, ils ont perdu deux cents kilomètres et les localités de Ras Lanuf, Ben Jawad, Agueila et Bréga. Sur les lignes de front, les insurgés en chaussures de tennis n’ont d’autre recours que l’improvisation car – ils s’en plaignent- ils n’ont pas de gradés vers qui se tourner. Malgré les nombreuses défections annoncées au sein de l’armée régulière par les forces révolutionnaires, les militaires de carrière sont en effet peu visibles parmi les insurgés. L’offensive des hommes de Kadhafi repose avant tout sur des raids aériens. Paradoxalement, les pilotes des Sumo manquent presque toujours leurs cibles, comme s’ils voulaient éviter les pertes civiles qui provoqueraient par ricochet une intervention militaire de la communauté internationale. Pourtant, même imprécis, les raids et l’artillerie lourde poussent les insurgés à reculer. Ils étaient pour la plupart médecins, ingénieurs ou étudiants le mois dernier et n’ont aucune expérience des combats. Aux check points, ces guerriers amateurs naviguent entre euphorie et panique, et sont distraits par les photographes et les badauds ayant soif de sensations. Leur farouche détermination a pu désarçonner au début les forces de l’armée régulière, mais l’expérience des troupes du dictateur de Tripoli, mieux armées, semble s’imposer. «Nous voulons une zone d’exclusion aérienne et des frappes chirurgicales. Personne en Libye ne dira rien contre ça. Nous voulons que l’Otan frappe les bases de Kadhafi», a déclaré le docteur Sulaiman al-Abeidi, venu de l’hôpital d’Al-Baïda, dans le nord-est du pays, pour aider l’insurrection.

Nous sommes des civils. Que pouvons- nous faire contre des armes lourdes? Contre des chars, des roquettes Grad et des navires de guerre?», a déclaré un médecin de 43 ans. «Donneznous des chars, donnez-nous des avions, et nous ferons la besogne nous-même». «À moins que l’Otan n’intervienne, il va tous nous massacrer», a-t-il insisté. Mais les membres du G8, ont pris acte mardi à Paris de leurs divisions face à la contre-offensive du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi sur le terrain.

La Russie, l’Allemagne et l’Italie s’opposant a des mesures militaires, y compris une zone d’exclusion aérienne, en raison d’intérêts économiques et s’en remettent aux atermoiements de la ligue arabe. Cette même Ligue arabe qui n’a soufflé mot et n’a rien trouvé a redire, sur l’impressionnante armada saoudienne déployée, à Bahreïn au secours du potentat local.