Leurs habitudes téléphoniques ont changé: Les Algériens de France adoptent les applications mobiles gratuites

Leurs habitudes téléphoniques ont changé: Les Algériens de France adoptent les applications mobiles gratuites

WhatsApp, Skype et Viber ont détrôné les offres d’appels gratuits vers l’Algérie des opérateurs français de téléphonie fixe et mobile. La disponibilité des connexions au réseau et la démocratisation de l’usage du smartphone ont accentué la popularité des communications via internet.

Le téléphone ne va pas arrêter de sonner durant les deux journées de l’Aïd el-Adha. Entre la France et l’Algérie, le réseau connaîtra sans doute une saturation. Pour présenter leurs vœux, beaucoup ont néanmoins le choix depuis quelques années d’utiliser des applications

gratuites disponibles sur smartphones (IOS et Android), comme Viber et WhatsApp. Le pays natal n’a jamais été aussi proche que depuis l’apparition de ces modes de liaisons gratuites qui permettent au plus grand nombre de joindre parents et amis.

Ratiba qui habite à Paris se souvient de la peine qu’elle avait à téléphoner à la famille lorsqu’elle est arrivée en France dans les années 90. N’ayant pas de poste fixe au domicile, elle devait se rendre dans des taxiphones et chronométrer ses communications pour ne pas se ruiner. “Écouter la voix de ma mère dans le combiné me coûtait très cher”, se rappelle-t-elle en riant. Aujourd’hui, son IPhone dernier cri lui permet de palabrer sans répit.

Elle était d’abord sur Viber puis ses enfants lui ont conseillé de télécharger WhatsApp, beaucoup plus performant. “Je n’utilise même plus la ligne fixe. Pourtant, mon opérateur m’offre deux heures gratuites par mois vers l’Algérie. Mais j’avoue que deux heures ne suffisent pas pour raconter ma vie. Et puis, le portable, c’est tellement plus pratique. Il est constamment collé à mon oreille. Je parle dans ma cuisine, dans le bus, dans la rue, un peu partout. Je peux en plus envoyer des photos et des vidéos et en recevoir”, dit encore la jeune femme qui se sent beaucoup moins seule et nostalgique de l’Algérie qu’il y a vingt ans.

Bien entendu, la ruée des Algériens de France sur les applications de messagerie gratuite ne fait pas du tout l’affaire des entreprises françaises de téléphonie fixe et mobile. Internet leur fait perdre un marché de plusieurs milliers de clients potentiels, très regardants sur leurs dépenses. Jusque-là, ces compagnies pensaient avoir la mainmise sur une niche très rentable  en démarchant des abonnés avec des offres d’heures d’appels gratuits

L’opérateur Free qui est un précurseur dans ce domaine avait commencé par inclure des appels en illimité vers les téléphones fixes en Algérie. Mais il a, au bout de quelques années, revu le volume de son offre à la baisse en la réduisant à 10 heures gratuites par mois. Depuis 2016, Free ne propose que cinq heures mensuelles. Chaque minute supplémentaire est facturée à 0,19 euro.

Le changement a été appliqué y compris aux abonnés. “Ce qui m’avait plu chez Free était justement la possibilité d’appeler mes parents en Algérie, sans devoir régler les frais de la communication. Ils sont âgés et n’ont que le fixe à la maison. Mais aujourd’hui, je me rends compte que je me suis fait arnaquer. L’offre illimitée a été réduite à cinq heures. Bientôt, Free nous dira qu’on doit payer entièrement le montant des appels. Ce qui me désole est que la restriction de l’offre d’appels gratuits concerne uniquement l’Algérie. J’ai un frère établi au Canada. Je peux l’appeler autant que je veux car pour ce pays, c’est totalement gratuit”, regrette Youcef, résidant également dans la région parisienne.

Comme Free, d’autres sociétés de téléphonie mettent en vente des forfaits incluant des communications gratuites vers le Maghreb et tout particulièrement l’Algérie. C’est le cas de Bouygues et Orange, mais leurs prix restent relativement élevés. La raison consiste dans l’absence de partenariat entre ces sociétés et leurs homologues algériennes qui leurs facturent des frais de connexion liés aux appels. Pour amortir ces coûts, Free and co les font répercuter sur leurs clients.

En 2016, l’accord entre Orange-Soch et Mobilis avait été rompu. Cet accord permettait d’appeler en illimité les mobiles en Algérie de l’opérateur Mobilis pour 5 euros par mois. La ministre de la Poste et des TIC, Houda Imane Faraoun, avait estimé que le deal était uniquement profitable à Orange alors que les clients de Mobilis n’en tiraient aucun avantage, dont la possibilité d’appeler gratuitement en France.

S. L.-K.