Mâcher du chewing-gum c’est bien, mais à quel prix?
36 millions de dollars de mayonnaise, 2 millions de dollars de chips, 300 millions de dollars de sardine congelée, 20 millions de dollars d’artichauts… Des chiffres effarants sur le phénomène de l’importation, qui expliquent parfaitement pourquoi notre économie ne veut pas décoller.
Il est dit que le chewing-gum a été inventé par les Américains pour faire patienter le monde. L’économie algérienne patiente bien avec ses 50 millions de dollars de chewing-gum importés annuellement…
En effet, depuis que nos responsables ont décidé de s’attaquer au phénomène de la sur-importation, ils sont en train de nous révéler des chiffres effarants qui expliquent parfaitement pourquoi notre économie ne veut pas décoller. Hier, sur les ondes de la Radio nationale Chaîne III, où Saïd Djellab, directeur de suivi des importations était l’invité de la rédaction, il a été révélé cette importation massive de chewing-gum mais également pour plus de 300 millions de dollars de sardine congelée à partir du Maroc et quelque 20 millions de dollars d’artichauts.
La veille, lors du lancement du «consommons algérien», les experts ont fait savoir que les importations de l’électroménager s’élevaient à plus de 500 millions de dollars, alors que les importations de produits cosmétiques et produits d’entretien étaient de l’ordre de 700 millions de dollars.
Plus grave encore, on importe plus de 36 millions de dollars de mayonnaise et 2 millions de dollars de chips. C’est une véritable saignée! «Il est même possible qu’il s’agisse là de cas de surfacturation», a souligné Saïd Djellab, Il rappelle qu’entre 2009 et 2014, les importations algériennes sont passées de 40 à 60 milliards de dollars. «Si dans les cinq années à venir nous ne faisons rien pour inverser cette tendance, cette spirale risque de s’accentuer gravement à l’avenir», met-il en garde contre le «terrorisme» qui est en train de ronger le pays. Car, le pire dans ce massacre c’est qu’on exporte rien hors hydrocarbures.
Les dattes, premier produit qu’on exporte hors hydrocarbures, ne génère pas plus de 20 millions d’euros annuellement. Cela ne couvre donc même pas notre facture de…mayonnaise!
La chute du prix du baril brut est donc pour nous plus une aubaine qu’une malédiction! Cela a «ouvert» les yeux à nos responsables devant ce phénomène qu’il sera difficile d’endiguer. Car, il faut l’avouer, la politique d’ «import-import» a ruiné notre économie. On ne produit pratiquement plus rien et dans le cas contraire, c’est de mauvaise qualité ou une quantité insuffisante. M.Djellab se montre néanmoins optimiste estimant que le pays dispose de capacités propres à lui permettre d’inverser la tendance consistant à tout importer pour nos besoins.
Il cite l’exemple des aliments du bétail (900 milliards de dollars/an), «que l’on peut, affirme-t-il, facilement produire en Algérie», du concentré de tomate, dont la filière a été sérieusement malmenée et qu’il est possible de relancer, ou bien encore de la lourde facture du lait en poudre, qu’il est possible de fortement diminuer en boostant la production de lait cru. Il précise que le marché algérien est libre mais que, d’autre part, il a les capacités de se substituer à nombre de produits importés. «A la condition, toutefois, que les entreprises produisent en quantité et soient compétitives tant pour ce qui a trait à la qualité de leurs articles que de leurs prix», conclut ce responsable du ministère du Commerce.
Il est temps de remettre de l’ordre dans ce «souk» qui est notre économie, si on veut sauver le pays. Les licences d’importation seront-elles la solution miracle? Wait and see…