Les licences d’importation font parler d’elles, même en Espagne

Les licences d’importation font parler d’elles, même en Espagne

La confusion née, la semaine dernière, d’une mauvaise interprétation d’une note du ministère du Commerce sur l’autorité devant délivrer les licences d’importation a eu également, son onde de choc en Espagne. Plus exactement dans la province de Valence, à Castellon, où est installée l’essentiel de l’industrie de la céramique en Espagne. Car depuis l’instauration des licences d’importation, et, surtout l’inclusion de la céramique dans la liste des 21 produits soumis à licence d’importation, les producteurs espagnols sont sur les dents. Et tentent de faire pression sur leur gouvernement pour ouvrir des fenêtres d’exportation, des «plans B», pour la céramique espagnole.

C’est le 15 mars dernier que l’ex-ministre, par intérim, du Commerce Abdelmadjid Tebboune, pour limiter la facture des importations, avait décrété que «tous les produits qui entreront, désormais en Algérie, seront soumis à une licence», dont, bien sûr, la céramique de Castellon, qui figure dans la liste des 21 produits concernés par cette mesure. Une situation ubuesque qui a fait bloquer toutes les marchandises, dans les ports du pays, et surtout, fait paniquer l’industrie de la céramique espagnole. L’arrivée d’Ahmed Ouyahia, après le recadrage de Tebboune par le Président Bouteflika, début août, pour débloquer la situation dans les ports du pays, a fait souffler un air de fraîcheur sur le secteur des importations, avaient pensé les opérateurs, tout comme les exportateurs espagnols.

Tous les opérateurs attendaient, en fait, une levée sur les d’importation des produits soumis à licence, mais, une note du ministère du Commerce a semé la confusion, même dans la lointaine ville de Castellon, où les industriels de la céramique attendent la levée du «blocus» sur les importations de céramique avec l’octroi de nouvelles licences. En fait, le ministère du Commerce avait rendu public un communiqué dans lequel il annonçait que l’octroi des licences d’importation a légèrement changé, dans sa mise en oeuvre, le ministère étant, dorénavant, habilité à délivrer cette autorisation, après accord de la commission et du Premier ministre. Avec le gouvernement Tebboune, cette licence d’importation était octroyée par le même ministère, mais elle devait être, impérieusement «validée» par le Premier ministre. Ouyahia a donc donné plus de champ et de liberté d’action à son ministère du Commerce. Le décret exécutif du 22 août stipulait ainsi que «les licences d’importations seront octroyées par le ministre du Commerce, sur proposition du Comité interministériel permanent, après accord du Premier ministre.» Or, en juin dernier, le décret 17-202 de l’ex-gouvernement Tebboune avait changé, significativement, le mode de délivrance des licences d’importation, en y incluant la condition selon laquelle «toute décision du ministère du Commerce, relative à l’octroi d’une licence, doit être validée par le Premier ministre.» C’est-à-dire un «feu vert»’ écrit du Premier ministre. Et donc, le régime des licences d’importation ou d’exportation n’est pas abrogé, mais une modification stipulant que c’est bien le ministre du Commerce qui délivre les licences d’importation, ou d’exportation, sans qu’il y ait le «visa» du Premier ministre. Une précision de taille mal interprétée donc ,aussi bien en Algérie, que parmi les professionnels de la céramique en Espagne, qui attendent avec une extrême inquiétude l’octroi des nouvelles licences d’importation. Selon des médias espagnols, Madrid travaille, actuellement, pour inciter l’Algérie à trouver une solution à ce problème.

Le blocage actuel des importations de céramique est, ainsi, mal vécu par les producteurs espagnols, avec des incidences sociales et économiques pour toute une région, et qui voudraient que ce dossier soit traité à un niveau bien plus supérieur, au niveau européen. Mais, aucune pression commerciale ne peut-être exercée sur l’Algérie, un pays non membre de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC), et donc non astreint à certaines règles commerciales, dont l’imposition de quotas à l’import et l’export, ou tomber sous le coup de sanctions commerciales.

Bref, dans la province de Valence, coeur de l’industrie de la céramique espagnole, et qui représente 90% de la production du pays, on suit de près le dossier des licences d’importation, depuis que le gouvernement algérien a inclus les «Azulejos»’ parmi les produits importés soumis à licence. Car, selon « El Mundo », l’Algérie constitue le plus grand marché du continent africain, et la principale destination pour la céramique espagnole. En 2016, les producteurs espagnols de céramique ont exporté vers l’Algérie pour une valeur de 123,4 millions d’euros, une baisse de 5,2% par rapport à 2015, selon les données de l’Association espagnole des fabricants de carreaux et pavage céramique (Ascer). A fin avril dernier, juste avant le «blocus» sur 21 produits dont la céramique espagnole, les expéditions des producteurs espagnols s’étaient établies à 25 millions d’euros, en hausse de 50% par rapport à toute l’année 2016, selon le ministère espagnol du Commerce. Depuis, plus rien.