Législatives : Des leaders en panne d’idées, des télés sans imagination et une campagne sans relief: Ça ronronne…

Législatives : Des leaders en panne d’idées, des télés sans imagination et une campagne sans relief: Ça ronronne…

L’ensemble des acteurs médiatiques pensait qu’il suffirait d’aménager un studio, planter une caméra et tendre un micro, pour que la magie opère.

Les médias, notamment audiovisuels, se sont contentés d’une couverture très «lisse» des interventions des leaders de partis politiques engagés dans la campagne électorale. Les images diffusées par les télévisions publiques et privées n’apportent aucune valeur ajoutée en termes d’information au grand public.

On a même l’impression que les journalistes chargés de couvrir les meetings ne se sentent pas l’obligation de sortir des sentiers battus et proposer des sujets captivants. Un manque d’expérience dans la gestion de la matière électorale pourrait, en effet, largement expliquer, la «platitude» des sujets consacrés à la campagne électorale.

Mais cette inexpérience ne se reflète pas seulement dans les couvertures des meetings et autres activités de proximité. Elle est très évidente dans l’absence de toute imagination dans l’animation de la campagne.

En effet, une carence criarde en émissions spécialisées, orientées vers les débats contradictoires, explique l’indigence médiatique que vit la campagne électorale. Et pour cause, toutes les émissions produites par les chaînes de télévision ou les Web-radios et les Web-TV consacrées aux législatives sont caractérisées par la mauvaise préparation, les approximations et un grave déficit en matière de connaissance des programmes électoraux. Cette matière audiovisuelle débouche forcément sur un rendu médiocre.

Ce qui décourage les électeurs-téléspectateurs à suivre les débats proposés par les médias audiovisuels. A croire que l’ensemble des acteurs médiatiques pensait qu’il suffirait d’aménager un studio, planter une caméra et tendre un micro pour que la magie opère. Aucune chaîne de télévision n’est sortie du lot, au 15e jour de la campagne électorale. Rien d’indique que les choses soient amenées à évoluer dans le sens d’une meilleure animation médiatique pour le reste de la campagne.

De fait, alors que l’on s’attendait à un plus dans la médiatisation de la campagne électorale et donc une meilleure visibilité du discours politique à l’occasion des législatives de 2017, comparativement à celles de 2012, c’est le contraire qui s’est produit. Les Algériens assistent à une campagne quasi muette, sans images percutantes. La responsabilité des médias dans le ronronnement de la campagne électorale est donc plus qu’évidente.

Les télés ne sont pas les seules responsables de cet état de fait. Les partis politiques, dont les stratégies de communication relèvent de la préhistoire, n’ont absolument rien préparé pour attirer l’attention des Algériens: des slogans plats, des discours sans aucune épaisseur et un déroulement mécanique des activités, sans tenir véritablement compte de leur impact sur l’opinion. Les leaders des partis politiques n’ont pas confronté leurs programmes, ni mis en avant des propositions remarquables, à même de susciter l’intérêt des électeurs.

Des promesses de hausses de salaires, de plus de logements sociaux, de travail et autres, sont balancées à longueur de meetings, sans aucune stratégie de communication, censée construire le discours des formations politiques à travers les clips télévisés et radiophoniques. Bref, les partis ne font rien pour se distinguer les uns des autres. Face à ce double déficit dans la fabrication de l’information électorale et dans la formulation d’un discours politique audible, les électeurs algériens, déjà happés par les difficultés quotidiennes, ne prêtent quasiment aucune attention à la campagne électorale qui semble évoluer en roue libre, sans direction précise.

On en a pour preuve qu’entre la première et la deuxième semaine, il n’a été enregistré aucune variation de l’intérêt que porte la rue à la campagne et encore moins aux médias nationaux qui ne font pas mieux que les candidats. Aucun thème rassembleur n’est venu réveiller une scène électorale amorphe. Comment cela pourrait-il advenir, lorsque les télévisions ne parviennent pas à monter des émissions de débats, et les chefs de partis politiques incapables d’aborder la campagne autrement que comme une corvée nécessaire?