Le refus de la réforme de la loi du travail en france prend de l’ampleur Carburants: la nouvelle arme de la fronde sociale

Le refus de la réforme de la loi du travail en france prend de l’ampleur Carburants: la nouvelle arme de la fronde sociale

P160525-04.jpgRaffineries en grève, dépôts de carburants bloqués: le secteur pétrolier est devenu l’épicentre de la fronde contre la réforme du droit du travail en France, où le gouvernement dénonce un «chantage» et tente d’apaiser les craintes de pénurie d’essence.

Un premier site pétrolier, la raffinerie et le dépôt de carburants de Fos-sur-Mer près de Marseille (sud) a été débloqué hier à l’aube par les forces de l’ordre qui ont rencontré «une résistance importante», a annoncé la préfecture de police. Les accès du site étaient occupés depuis lundi par plus d’un demi-millier de militants du syndicat CGT. Six raffineries sur les huit que compte le pays étaient affectées par le mouvement depuis lundi soir, perturbant l’approvisionnement de stations service. Le Premier ministre Manuel Valls a dénoncé lundi «le chantage» d’une partie de la CGT tout en appelant les Français à ne «céder à aucune panique» concernant d’éventuelles pénuries. Le ministre de l’Economie Emmanuel Macron a, lui, appelé les opposants à la réforme à «laisser avancer (…) une France qui travaille, une France qui croit en son avenir». Concentré jusqu’ici dans le nord-ouest, le blocage de sites pétroliers s’est étendu au sud-est. «Si le gouvernement ne retire pas son projet (…) les mobilisations vont continuer, s’amplifier», a averti le numéro un de la CGT, Philippe Martinez. Le ministre des Finances Michel Sapin a fustigé en retour des blocages «illégitimes». Il a réaffirmé la volonté du gouvernement d’utiliser «tous les instruments» à sa disposition pour y mettre fin.

Le Medef, principale organisation patronale, a appelé l’exécutif à «rétablir d’urgence l’Etat de droit» et «garantir aux salariés et aux entrepreneurs leur capacité à travailler». Dans le quart nord-ouest du pays, la ruée vers les pompes d’automobilistes inquiets a amené les pouvoirs publics à prendre depuis trois jours des mesures de rationnement de la distribution. Les automobilistes du nord de la France ont, eux, trouvé la parade: s’approvisionner en Belgique. Certains pompistes près de la frontière ont multiplié par trois leur clientèle ces derniers jours. Selon les autorités françaises, la situation était «stable voire en légère détérioration» lundi par rapport à la veille, où environ 1500 stations sur 12.000 étaient en rupture totale ou partielle de certains types de carburant. Manuel Valls a réaffirmé que la réforme du droit du travail, contestée depuis mars mais passée en force à l’Assemblée nationale faute de majorité, irait «jusqu’au bout» Ce texte ambitionne de déverrouiller le marché du travail d’un pays où le taux de chômage avoisine 10% des actifs. Mais ses détracteurs l’accusent de renforcer la précarité. La semaine s’annonce encore chaude pour le gouvernement, avec une nouvelle journée de grèves et manifestations jeudi. Outre les raffineries, les ports devraient être touchés.

Dans les chemins de fer, des grèves sont programmées aujourd’hui et demain. Les opposants à la loi du Travail ont multiplié depuis mars les journées d’actions, émaillées de violences. En filigrane de la contestation, les accusations de trahison pleuvent sur le président François Hollande, au plus bas des sondages à un an de la fin de son mandat. «Est-ce que Hollande dans son programme avait dit: Je vais m’attaquer au Code du Travail? »», a dénoncé lundi le patron de la CGT. A la tête de l’opposition de droite, Nicolas Sarkozy a véhiculé la même critique la semaine passée. «Tout le problème est là: dans le sentiment justifié qu’ont tant d’électeurs d’avoir été trompés», a reproché l’ancien chef de l’Etat. A contrario, le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker s’est étonné vendredi dernier de la vigueur de la fronde, qualifiant la réforme de «minimum de ce qu’il faut faire» en France. «Je n’ose pas m’imaginer quelle aurait été la réaction de la rue (…) si votre pays avait dû appliquer des réformes comme celles qui ont été imposées aux Grecs», a-t-il pointé.