Le professeur Abderrahmane Mebtoul : le modèle de croissance doit être porté par un consensus des forces sociales, politiques et économiques

Le professeur Abderrahmane Mebtoul : le modèle de croissance doit être porté par un consensus des forces sociales, politiques et économiques

Le professeur en économie, Abderrahmane Mebtoul, était convié, ce Dimanche, à l’émission L’Invité de la rédaction de la chaine 3 de la Radio Algérienne pour y commenter le modèle de croissance économique rendu public par le ministère des Finances. 

Notant que c’est la première fois qu’un tel document est élaboré par le gouvernement, il observe qu’un « modèle n’est qu’un modèle » et que pour que celui-ci puisse se concrétiser, il faudrait qu’il soit porté par un consensus des forces sociales, politiques et économiques.

Rappelant, que l’Algérie n’est plus dans la situation de 1986, période durant laquelle « il n’y avait pas de réserves de change », il cite les chiffres de la Banque d’Algérie annonçant, qu’au 31 décembre 2016, les réserves de change se chiffraient à plus de 114 milliards de dollars, s’établissant à 109 milliards de dollars, en février 2017.

 

Pour que le nouveau modèle de croissance annoncé puisse réussir, l’invité estime qu’il reste à engager de profondes réformes structurelles et à tenir compte de la « 4ème révolution économique et sociale qui s’annonce », du fait, dit-il, qu’on ne peut plus réaliser une politique économique et industrielle copîée « sur les schémas des années 70 ».

Des prévisions « pessimistes » du FMI annonçant une chute du taux de croissance entre 1,5% à 06%, entre 2017 et 2019, contre 4,2% en 2016, avec « de fortes répercussion sur la courbe du chômage », l’intervenant se demande si pour éviter un tel scénario, le gouvernement ne serait pas tenté de continuer à restreindre « à l’infini » les importations ou bien s’attacher à dynamiser le tissu productif, « pour que le taux de croissance annoncé se réalise ».

Notant que 90% des activités économiques du pays sont constitués de « petits commerces et d’activités de service » et que le secteur industriel ne représente en réalité que 5% du PIB, le professeur Mebtoul considère que les réformes structurelles à entreprendre devraient l’être dans un environnement « sain ».

Selon lui, il reste encore à engager la lutte contre la bureaucratie, à revoir le système financier, celui du système socio-éducatif et à résoudre le problème du foncier, afin, dit-il, que les entreprises puissent être compétitives et que la croissance puisse être relancée, autant d’actions dont il estime quelles échoient, « au politique ».

Soulignant que la croissance ne peut se réaliser par décret, l’invité préconise de revoir « profondément » la politique économique. Il invite le gouvernement à éviter d’avoir une vision économique « mécanique du passé » mais a abonder dans le sens du développement des énergies renouvelables et de transformation des hydrocarbures « pour avoir de la valeur ajoutée et engendrer une multitude de PMI et PME ».

Considérant qu’il faut tenir un « discours de vérité », le professeur Mebtoul appelle à ne verser ni dans la « sinistrose ni dans l’autosatisfaction ». Pour lui,  l’Algérie ne traverse pas une crise financière mais une « crise de gouvernance », risquant, si l’on n’y prend pas garde, de se transformer en crise financière.