Le parlement est composé de 30% d’hommes d’affaires: Des garde-fous pour les patrons

Le parlement est composé de 30% d’hommes d’affaires: Des garde-fous pour les patrons

Tebboune a clairement fait savoir aux représentants des hommes d’affaires, que «le principe de la séparation entre le pouvoir politique et l’argent est contenu dans le Plan d’action du gouvernement».

Les hommes d’affaires représentent 30% de la composante de l’Assemblée populaire nationale. Cette réalité politique traduit une évolution politique avec qui il faut composer et aussi savoir encadrer ce potentiel sans qu’il y ait des interférences susceptibles de créer des déséquilibres de nature à provoquer des malentendus et des amalgames quant au rôle essentiel de l’Exécutif pour ne pas dire l’ingérence des hommes d’affaires dans la sphère politique.

Le chiffre à lui seul, renseigne sur le poids que constituent les hommes d’affaires dans le champ politique, surtout au sein de l’Assemblée populaire nationale où la législation se fait peaufiner et adopter.

L’ex-Premier ministre et directeur de cabinet de la présidence de la République, Ahmed Ouyahia, a déclaré que «c’est l’argent qui commande en Algérie». Cette litote forte en sens reflète une certaine réalité politique de la montée d’une caste de nouveaux riches avec une volonté d’avoir un rôle prépondérant sur l’échiquier politique national.

La présence historique de ces nouveaux riches au sein de l’APN issue des élections législatives du 4 mai de l’année en cours, est un signe annonciateur d’une situation politique qui ne peut être conçue ou faite sans cette frange d’hommes d’affaires qui se considèrent comme partie prenante de l’action politique qui est considérée comme un espace strictement réservé à l’Exécutif.

C’est tout le hic qui se manifeste parfois de façon à ressembler à une Guerre froide qui ne dit pas son nom entre la sphère politique qui s’exprime au nom de l’Exécutif et cette nouvelle force, pour ne pas dire une caste de nouveaux riches. Le Premier ministre, Abdelmadjid Tebboune, a clairement fait savoir aux représentants des hommes d’affaires, c’est-à-dire le patronat, que ««Le principe de la séparation entre le pouvoir politique et l’argent est contenu dans le programme d’action du gouvernement», pour ainsi dire, seule l’action du gouvernement peut incarner la démarche politique et les choix économiques à entrevoir et non pas les patrons.

A cet effet, les limites sont bien nuancées et l’espace politique est clairement séparé. De ce point de vue, le Premier ministre mène une démarche qui lui sied en sa qualité de chef d’orchestre de l’Exécutif en charge de l’exécution du programme du président de la République.

Dans ce sens, la démarcation est claire quand Abdelmadjid Tebboune souligne que «rien ne saurait entamer la volonté du gouvernement qui reste engagé pour réaliser les objectifs tracés, et ce dans l’application du projet du président de la République, seule source de la légitimité», c’est-à-dire que la nouvelle stratégie adoptée par le Premier ministre et les membres de l’Exécutif s’inscrit dans une optique en osmose avec les directives émanant du président de la République.

Aujourd’hui, même les partis politiques voient en cette montée fulgurante des hommes d’affaires occupant le devant de la scène politique, comme une menace pour l’action politique d’abord et avant tout, surtout au sein des institutions politiques du pays, à l’image de l’institution législative, à savoir l’APN.

La séparation est une exigence politique pour qu’il n’y ait pas d’interférences qui pourraient mener vers des situations de conflit d’intérêts qui pourraient mettre le pays dans l’impasse institutionnelle.

Certains observateurs avertis et maîtrisant le dossier, ayant constaté que la présence des hommes d’affaires dans les déplacements de l’Exécutif sur le terrain ou dans la préparation des sorties médiatiques ont souligné que «ces derniers temps, des hommes d’affaires se sont mis au-devant de la scène économico-financière au point où ils rivalisent avec des hommes politiques dans les sorties sur le terrain, voire dans la prise de décision en haut lieu», c’est dire que le terrain politique vient d’être investi par une structure dont le rôle se limite dans l’activité économique consistant à trouver des voies et moyens pour relancer les investissements et la dynamique du développement au lieu d’occuper l’espace qui sied au gouvernement et son staff uniquement.

C’est cet amalgame qui fait que quand on porte un costume et une cravate avec le statut de député, cela veut dire qu’il faut se permettre le luxe de se mettre dans l’habit de l’Exécutif et dépasser les limites de la pratique politique telle qu’elle est définie par la Constitution du pays.

La question se pose autrement quand il s’agit d’aborder le volet en rapport avec les hommes d’affaires. Ce n’est pas le fait d’être un homme d’affaires qui dérange, mais plutôt cette interférence de certains patrons dans la sphère politique qui provoque des malentendus et des conflits politiques susceptibles de sacrifier l’économie nationale sur fond d’ingérence dans les affaires politiques de l’Exécutif.